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Les belles histoires...

SEBASTIEN A.

Les belles histoires de tonton Seb.

Et quelques petites choses.







D’après Le mot et la chose.

Elle préférait entendre le mot.

Il aurait bien fait la chose.

A force de lui dire le mot,

Elle finit par imaginer la chose.

Il fallut peut pour qu’en un mot,

Ils passent finalement à faire la chose.

Il fit la chose comme il put.

Elle prit la chose comme elle vint.

Elle mit du sien pour bien faire la chose.

Il savait qu’elle l’attendait au pied du mot.

Quand il eut terminé la chose,

Elle ne lui dit pas un mot.

Il en resta toute sa vie chose.

Elle eut pour lui bien plus qu’un mot.

Sauf un billet, une petite chose.

Qu’il prit pour lui comme un gros mot.

Ce petit mot disait une chose :

« C’est un bien grand mot pour une si petite chose ».

La femme de ma vie.

La femme de ma vie.



Allongé sur le dos dans l’herbe fraichement couchée par les faux des journaliers, enrobé de l’odeur de la sève qui continue à monter dans ce qui restait vivant, planté dans le sol, moi, le corps bien sur terre et la tête dans les étoiles, j’attendais comme chaque jours un signe.

La douceur de cette nuit d’été était identique à hier et j’étais persuadé, je ne saurais vous dire pourquoi, que cette nuit là allait être différente.

Elle le fut, sans aucun doute sinon je ne serais pas en train de vous écrire maintenant.



Moi qui attendait un signe, quelque chose qui bouleverserait fondamentalement le cours de ma vie, qui changerait radicalement mon être, je ne fus pas déçu, c’est le moins que l’on puisse dire.



Je fixais une étoile, toujours la même, la plus brillante, la seule que je connais, on dit que c’est la planète Venus, je l’appris plus tard.



Je venais de quitter comme chaque jour la grange à foin de la ferme ou j’avais coutume de somnoler parce que c’était, pour moi, l’endroit le plus tranquille et le plus confortable.

La journée, je l’avais passée comme d’habitude à la ferme ou j’accueillais les quelques visiteurs qui venaient acheter les poulets vivants que la maitresse tuait et plumait en chantant un air de chez elle, de l’Auxois je crois, et qu’elle vendait non pas au kilo comme j’ai cru longtemps, mais au gramme près.



La maitresse, c’était une grosse femme d’une cinquantaine d’années bien pesées. Ce qu’on appelle une matrone.

Elle avait des seins énormes et flasques et des hanches larges qui portaient une paire de fesses incroyablement volumineuses. Le tout formait une masse si importante qu’elle était obligée de passer la porte de la cuisine par le biais.

Son gros visage était rond et couvert de traces d’une crise d’acné qui dut mettre rapidement en bière son adolescence de jeune fleur des champs.

Comme toutes les femmes d’ici, elle porte une blouse complète avec une grosse poche sur le devant comme les kangourous. Dedans, on y trouve quelques clés, un opinel, de la ficelle et un mouchoir à carreaux rouges.

Dessous, des vêtements achetés il y a longtemps dans ces magasins singuliers qui se moquent des courants et des modes qui ne font que passer.

Elle portait des charentaises marrons quand elle était à la maison, le plus souvent la cuisine, a cause de ses pieds qui gonflaient car elle avait mauvais sang disait elle...

Dehors, elle mettait des bottes coupées pour le jardin qu’elle bourrait de papier journal l’été et de foin l’hiver.

Dans la maison, elle posait ses grosses fesses sur deux chaises reliées entre elles par de la ficelle de lieuse pour botte de foin de couleur verte fluo.

Ses mains étaient durcies par les travaux de la campagne, le bois, la glace des abreuvoirs l’hiver, la manipulation de trémies des poules, quelques maladroits coups de couteaux, le contact des choses …

Quand elle attendait que le seau se remplisse au tuyau de dehors, que les œufs aient fait leur bain de trois minutes pour être coque, que le présentateur de la radio sonne chez elle pour la valise, son pouce et son index caressaient machinalement les poils qui poussaient sous son nez, sur son menton et sur cette horrible verrue qu’elle avait sur le bas de sa bajoue droite.

Chaque fois que sa main frôlait sa pilosité, elle se promettait de se raser ou de faire quelque chose, mais à la fin, elle ne faisait jamais rien.

« Que penserait les gens d’une femme qui se rase comme un homme… » Pensait-elle en secret.

La ferme existe toujours, c’est comme elle était avant, un lieu tranquille, un peu éloigné des autres par les prés et les champs de céréales au printemps, de terre le reste de l’année.

Une terre collante, riche, vieille comme le monde qu’elle nourrit depuis le premier des jours.



Comme tous les lieux tranquilles, la ferme est un lieu ou l’on s’ennuie, où l’on s’ennuyait, parfois.

Quand l’ennui vient, il faut s’occuper, penser, construire des histoires imaginaires, tenter de s’évader l’esprit d’une façon ou d’une autre et, si l’ennui s’installe vraiment, alors il n’y a rien d’autre à faire que d’aller faire un tour dans la campagne histoire de le semer.

Comme l’ennui n’aime pas trop qu’on l’occupe (l’ennui aime plutôt s’occuper de vous), il détale rapidement quand on le met en activité, et puis le dimanche, il y a la chasse.



Je reprends le passé parce que tout ce que je veux vous raconter c’était avant et je ne voudrais pas vous embobiner.



A la chasse, nous étions toujours un groupe d’une vingtaine, souvent à la battue ou parfois simplement au cabanon quand il faisait trop froid.

L’occasion de se retrouver entre ami et d’éviter de poireauter à la ferme ou personne ne venait le dimanche à cause des visites des familles venues de la ville chez les autres, ou pire, poireauter sur la place de l’église à ne rien regarder.

Comme le maitre et ses copains n’aimaient pas l’église parce que c’était un rouge et que la maitresse non plus (Ils s’étaient mariés à la mairie c’est tout) on n’était pas les bienvenus dans la maison du créateur.



On descendait vers treize heures parce que c’était la fin du marché et que c’est à ce moment là que le maitre aimait bien y aller. C’était tranquille et il y avait des prix.

Moi, j’aimais bien le marché parce qu’il y avait des gens et du bruit et surtout plein de bonnes odeurs de charcuteries. J’arrivais toujours, avec mes yeux doux, à me faire offrir une tranche de rosette ou un morceau de saucisse.

Les commerçants savaient bien que je n’allais rien acheter, tu penses, mais ça leur faisait plaisir de me faire plaisir.

Ensuite, le fin-du-fin, le bistrot.



Ah ! L’ambiance joyeuse du café le dimanche !

Les gros rires plein de rouge qui tache, les gens de la ville et les gens des champs.

Moi et les copains, on avait toujours notre place dans notre coin et à boire à volonté.

Le patron qui nous aimait bien, ils nous glissait presque tous les dimanches un petit quelque chose à se mettre sous la dent avant de rentrer pour la gamelle préparée par la maitresse à la ferme.

La patronne aussi nous aimait bien, surtout moi, et elle avait l’habitude de me toucher la tête comme si je portais bonheur en faisant bien attention que le patron ne la remarque pas sinon, il lui faisait une crise.

- «Ça ne se fait pas, disait il, les gens te regardent, et va te laver les mains à la javel ! »



Ce n’est pas que j’étais sale, mais bon, on arrivait de la chasse et puis avant de la ferme, voila quoi…

C’est la campagne.

Sûr que, rapport à ceux de la ville, on était des rustiques, chez nous, pas de chichis, pas de petite veste Burbury quand il pleuvait, pas d’après midi sur les fauteuils en sky devant la cheminée.



Nous, été comme hivers, on était dehors parce que la ferme c’est du travail, et puis si on n’était pas dans la cour, on était avec les copains dans les alentours.

On jouait à cache-cache dans les granges, on fouinait dans les jardins, les caves ou on allait voir les vaches ou les chevaux, on jouait dans les champs au printemps, à la rivière l’été, dans les feuilles l’automne et avec la neige l’hiver.



Parfois, quelques gamins s’amusaient avec nous, on les connaissait, ils nous connaissaient, plusieurs fois on les avait défendu contre les romanichels ou les grands qui leurs cherchaient des noises.

On jouait à la course ou à la balle même si, c’est vrai, moi, je n’étais pas collectif.

Quand j’avais la balle, j’avais toujours du mal à la lâcher.

Il faut dire qu’a la course, j’en ai séché plus d’un, mais à la balle, quand ils trouvaient que je l’avais depuis trop longtemps, ils avaient la technique.

Ils m’ignoraient, alors je leur rendais leur balle, on n’était pas fâchés, seulement, après, ils faisaient un peu plus attention de ne pas l’envoyer dans ma direction.

Je ne leur en veux pas, sûr, parce que je sais que si le l’avait attrapé, je n’aurais pas été collectif.



Ah, j’y pense, je ne vous ai pas parlé du maitre…

Le maitre, il portait bien son nom parce que c’était son titre avant.

C’était un ancien professeur des écoles, il aimait bien les enfants, mais lui et la maitresse, comment vous dire, ils…Ils n’étaient pas compatibles.

Ils ont bien dût essayer je pense, à mon avis, ils ont certainement essayé de voir pour voir, mais ça n’a rien donné, c’est comme ça, toutes les graines ne sont pas fertiles et tout les jardins ne sont pas prolifiques, c’est la vie, c’est un peu pour ça qu’ils m’ont pris je pense mais j’y reviendrais.



Avec le maitre, c’était comme en classe.

Il aimait la discipline, ça marchait à la baguette, lui, il était de l’ancienne école, il exigeait le respect et l’obéissance, mais il n’était pas méchant, il aimait l’ordre c’est tout.

Il ne fallait pas faire de bruit pour rien il voulait qu’on écoute les ordres, et qu’on fasse comme il voulait lui, sinon, le coup tombait comme un couperet, sans rappel.

C’était un gros bonhomme lui aussi, parce que la maitresse elle faisait de bonnes gamelles bien grasses comme on doit, et puis, comme avant sa retraite anticipée, c'est-à-dire avant qu’on ferme l’école communale parce qu’il n’y avait plus assez d’enfants, il avait eut tout les gars et les filles d’autour comme élèves, il avait droit à quelques petites gratifications (faut dire qu’avec eux non plus il n’était pas méchant).

On lui portait une part du cochon, quelques bon morceaux du butin de la chasse s’il n’y était pas allé, des confitures, parfois des étrennes glissées dans une enveloppe discrète, et plein d’autres trucs que les gens lui amenaient quand ils avaient besoin de son savoir pour remplir les papiers administratifs, ou écrire sans faute aux gens de la ville pour dire que quelqu’un était mort, demander des sous, même écrire des lettres d’amour avec des mots choisis dans le dictionnaire.



Je vous dis ça, vous pourriez croire que c’était hier, mais il m’a fallut des années pour comprendre tout ça.

Je vous dis ça, mais tout ça se passait il y a plus de trente ans.



Aujourd’hui les gamins avec qui on jouait ont grandit, j’ai même épousé une des filles.

Nous avions six ans d’écart à l’époque, elle en avait six et mois douze.

Quand vingt ans plus tard nous nous sommes mariés, ça a jasé dans les campagnes et puis les gens ont arrêté, une autre histoire à pris le pas.

De toute façon, elle n’allait pas rester vieille fille toute sa vie et puis si elle me plaisait à moi…

Pourquoi pas après tout ?

On s’est marié à la mairie et à l’église (ce n’est pas dangereux) même que le curé à béni notre union.

Il faut croire que ce n’était pas un si grand péché que ça, six ans de différence…



Je reviens en arrière parce que c’est d’avant que je veux vous parler, du jour ou l’ai sentit qu’il allait se passer quelque chose de pas habituel.

Ça a été long toutes ces années jusqu'à aujourd’hui, c’est marrant comme on peut oublier les choses si l’on ne fait pas bien attention.

La mémoire, c’est comme une grosse poche pleine de sable très fin avec un petit trou juste en bas.

Tous les jours on met un peu de sable dans sa poche mais, ce qui est au fond de la poche finit toujours par s’échapper. Des fois, il arrive quelque chose de grave qui fait comme des grains plus gros ou des petits cailloux.

Eux ils ne sortent pas par le trou parce qu’ils sont trop gros mais les petits grains, ils coulent sans fin, c’est dommage.

On oublie toutes les petites choses de la vie pour n’en garder que les grosses. Les grosses joies, les grosses peines.

Tous les petits grains, les petits plaisirs, les petits moments de la vie finissent toujours par nous échapper.



Moi je ne voulais pas oublier, alors j’ai bien fait attention, j’ai bouché le trou comme j’ai put parce que je n’ai pas voulu oublier.

Je vous jure, c’est dur !



J’ai fait de gros effort pour ne pas laisser glisser ce jour et les jours d’avant.

J’ai tenu bon, j’ai fait bien attention pour ne pas que ma mémoire ne me joue pas un mauvais tour, et puis je n’ai rien dit à personne.

C’était pour moi, c’était mon souvenir personnel, mais je m’égare encore…

Avant, je n’avais pas de parents, enfin si, le maitre et la maitresse, c’était comme mes parents, parce que mes vrais parents, je ne les connaissais pas, ils étaient de pas loin je crois, mais en vérité, je ne l’ai jamais sut.

Bien sur, comme vous vous en doutez, je n’avais pas de papiers.

De toute façon, ça n’était pas prévu que je voyage, je n’étais jamais bien loin.

Parfois quand le maitre parlait de moi avec les gens, je sentais bien qu’il me donnait une lignée dont il était fier, il disait que j’étais intelligent comme ma mère et que j’avais la couleur de mon père (noir).

Entendons nous, je ne me plains pas, c’est comme ça, tout le monde ne nait pas avec un pédigrée, j’en connaissais d’autres comme moi, il y en avait plein la campagne, ils n’étaient pas malheureux, dans le temps c’était comme ça.

Il vaut mieux vivre sans papier que de mourir nouveau né, noyé dans un sac de cailloux jeté au fond du lac pas vrai ? Même si ça ne se dit pas, ce sont des choses qui se faisaient.



Il faut rappeler qu’a l’époque, les gens ne s’ennuyaient pas avec des formalités, aujourd’hui pas plus remarquez.

Bon, quelque part il faut les comprendre, quand il arrive ce qu’il arrive, il faut trouver une solution tout de suite, sinon on s’attache et c’est encore plus dur.

On peut toujours mettre les nouveaux nés dans un carton au coin d’une rue comme des chatons, ou à la porte de l’église ou de l’école, mais il faut bien choisir son jour aujourd’hui. L’église, c’est le dimanche, autrement la petite chose dans le carton a bien le temps de crever cent fois dans l’indifférence générale.

Il faut regarder les choses en face, pas vrai ?



Nous on était deux à la naissance.

L’autre est resté avec la mère à ce que les gens disent.

Je ne l’ai jamais vu.

Il est mort écrasé par la route d’un tracteur, ça ne lui a pas porté bonheur.

Moi j’ai eut plus de chance, le maitre, il savait bien s’occuper de moi.

C’est lui qui m’a tout appris et qui me soignait si j’étais blessé ou malade.

Des fois, il me fichait aussi une bonne correction dont il avait le secret parce que quand j’étais jeunot, je faisais plein de conneries.



Avec la bande de l’époque, on était à moitié sauvages et, avec les copains, on allait jouer avec les poules.

C’était marrant les poules parce que ça avait peur de tout, alors, dès qu’elles se mettaient à courir, c’était plus fort que nous, on ne pouvait pas s’en empêcher, il fallait qu’on en choppe une.

Quand j’y pense aujourd’hui, je rougis.

Les pauvres bêtes, qu’est ce qu’on ne leur faisait pas oh !... J’vous jure, on est con quand on est jeune pas vrai ?

On était là, grisé par le jeu, à tirer chacun de notre coté sur cette brave pondeuse qui croyait qu’elle allait passer sa vie à faire des œufs qu’elle ne couvrait jamais, en échange d’une poignée de grain et du logis, et nous, on débarquait au milieu de sa petite vie pour remettre en cause les choses établies par le tout puissant, oh non, j’vous jure, rien que d’y repenser, je suis tout rouge, « je m’empourpre » comme on dit dans les romans.



Comme je vous ai déjà dit, moi, je courrais plus vite que les autres.

- « Il tient ça de son père, disait le maitre, parce qu’il avait vite décampé après avoir couvert sa mère», rajoutait il en rigolant,



Mais ça ne semblait pas être très grave, j’ai même cru comprendre que c’était une des raisons qui l’ont poussé à me prendre quand j’étais petit.



Ma mère est morte, j’avais moins d’un an, c’est pour ça que je n’avais pas de peine je pense.

Mon frère est mort à six ans en passant sous une roue du tracteur, il devait avoir la tête ailleurs, il est tombé, et le tracteur lui a roulé dessus.

Les gens disaient qu’il n’avait pas souffert, il n’a pas eu le temps, mais je vous l’ai déjà dit je crois.



Je ne veux pas avoir l’air de me plaindre ou d’essayer de vous tirer une larme de l’œil, la vie c’est comme ça, le tracteur, il en a tué plus que le maréchal si on fait l’inventaire dans les campagnes.

La vie c’est comme ça, un accident, ça ne fait pas de cadeaux, de toute façon, tôt ou tard, il faut affronter son destin.

La dernière fois, je suis allé voir leurs tombes.

Ce sont des grosses pierres plates au fond du verger de la maison à laquelle ils étaient attachés, juste en dessous d’un grand prunier de reine Claude.

Pas de cimetière pour nous.

A l’époque, les gens n’auraient pas apprécié, il faut dire pour les jeunes lecteurs, s’il y en a, qu’avant, il n’y avait pas encore de cimetières réservés pour nous, et pour être sincère, je ne pense pas que les maitres nous auraient payé les frais pour un enterrement en grande, ou même en petite pompes.



J’aimerais bien vous parler de plus avant mais mes idées se brouillent. Il faut croire qu’il faut oublier les choses, c’est dommage.

C’est un peu pour ça que je me suis décidé à écrire, à tout mettre noir sur blanc même si je ne sais pas trop.

Une façon comme une autre de ne pas laisser tout ce sable couler pour rien, et puis après, quand l’encre sera sèche, je pourrais faire un peu de place dans ma poche à souvenirs.



Ah, voila, Je me souviens des champs et des plantes plus grandes que nous.

On y jouait à cache-cache à essayer de débusquer des oiseaux dans leurs nids ou des lapins sauvages.

Il fallait faire attention à la moissonneuse batteuse qui nous aurait gobés dans son gros ventre mécanique et nous aurait recrachés en purée sans même s’en rendre compte.

Je vous dis ça parce que c’est déjà arrivé et ça arrivera encore, les machines, c’est dangereux.

Des fois, on allait à la pèche dans les ruisseaux pour attraper des gougeons ou des grenouilles, des têtards si on arrivait trop tôt…

J’avais un copain, un berger, je me rappelle, un vrai avec les papiers, ensemble, on allait à la pèche, il était bien fort pour ça.

Il avait le coup comme on dit.

Il attrapait les petits poissons gris qui se cachaient sous les herbes ou au milieu des mousses, et il les gobait sans les mâcher.

Moi, je n’ai jamais aimé ça les poissons vivants, la seule fois que j’en ai mangé, j’ai vomi, je puis bien vous dire que ça m’a passé l’envie de recommencer.



Je me souviens aussi qu’on pouvait passer des heures à gratter la terre pour débusquer un lapin ou un renard dans son trou.

Si on choppait un lapin, je le secouais bien pour le sonner et puis après je le ramenais à la ferme pour la maitresse, mais le plus souvent, on grattait pour rien.

Parfois on était tellement excité à agrandir le trou de la bête cachée au fond, que je me retrouvais ensanglanté.

Une fois ou plus, je me suis arraché un ongle et ça faisait super mal.

Quand je rentrais couvert de terre jusqu’aux oreilles, j’avais droit au bain dans le lavoir et puis le maitre soignait mon ongle sans mot dire.

Moi je gardais la tête basse parce que les bains, ce n’était pas mon fort, mais je ne bronchais pas, sinon le maitre ne m’aurait pas laissé le temps de me rebeller.

Il m’aurait retourné un coup de badine dont il avait le secret qui m’aurait bien remit à ma place directement.

Et puis finalement, c’était bon de se sentir propre.

Après j’étais tout fier.

Je faisais le tour de la cour à toute allure et puis j’allais me coucher dans le foin bien chaud, bien mou.

J’étais bien crevé de la chasse.



Un jour, une voisine est venue en pleurant parce qu’il était arrivé un truc sur le chemin.

Je n’avais pas bien compris quoi sur le coup, mais elle était bien embêtée, et la maitresse lui a dit de ne pas s’inquiéter et que tout allait bien se passer, qu’il fallait des anges pour « là haut ».

La voisine, une jolie fille de dix huit ans, pleurait beaucoup et parlais des romanichels.

Nous et les copains, partout, on avait l’habitude des romanichels.

Ça n’était pas la première fois qu’il arrivait des problèmes avec eux.

Normalement, on arrivait à les faire courir quand ils s’approchaient trop des poulaillers, des gamins ou des jeunes filles, c’était magique.

Non, ce n’était pas magique.

On prenait quand même bien quelques cailloux à travers la gueule évidement, mais on finissait toujours par avoir le dessus, il faut dire qu’ils sont filous mais pas très courageux et tant mieux.

Je crois qu’ils avaient peur de nous.

Bref, le jour ou la voisine est venue en pleurant.

Je ne sais pas pourquoi mais je me sentais un peut responsable de son malheur.

De ce jour, j’allais lui rendre visite à chaque fois que je pouvais, les gens disaient, parce qu’ils ont toujours quelque chose à dire, que je m’étais donné à une autre maison.

Ça ne semblait pas déranger le maitre même si, parfois, il devait bien se demander ou est-ce que j’étais encore passé. Je sais ça parce qu’il me le demandait.

Comme je ne répondais pas et que j’avais les yeux qui filaient à droite et à gauche, le maitre rigolait bien fort en disant que j’avais trouvé la femme de ma vie.

Il ne se trompait pas trop en fait.



Entre, chasse, café, marché, copain, gamelle, ferme et visite chez la voisine, mes journées étaient bien remplies et j’étais de plus en plus fatigué.



Quelques fois même, je restais des journées entières allongé sur le foin à me reposer, et puis, quand ça allait mieux, j’allais chez la voisine qui paraissait plus heureuse quand j’étais là.

Je me mettais à coté d’elle sans bruit, et je posais ma tête sur ses cuisses.

Alors elle, elle passait ses mains sur ma tête et me caressait pendant des heures en pensant à autre chose qu’a son malheur.

Elle non plus ne disait rien, tout ceci était au dessus des mots.

Elle était contente que je sois près d’elle, et moi j’étais bien en sa présence.

On restait des heures interminables ensemble, parfois on s’endormait comme ça.

Il m’est même arrivé de rester dormir chez elle, même si les parents râlaient.

Finalement, ils m’acceptaient, et le matin, dès l’aube, je filais jusqu'à la ferme parce que c’était quand même là bas chez moi.

Parfois, le maitre était déjà levé, et quand j’arrivais, il me grondait un peu.

- Tu es encore allé aux filles mon coquin, à ton âge quand même…

La maitresse disait qu’il faudrait m’enfermer le soir, que je prenais de mauvaises habitudes, et là, le maitre disait :

- Jamais ! Je ne supporterais pas qu’on l’enferme ! On voit que tu n’as pas été prisonnière pendant la guerre ! On n’est pas des barbares ! Le pauvre, tu aimerais qu’on t’enferme toi ?

- Depuis qu’on est marié, je passe mes journées à la maison, tu crois que je vais courir les ruisseaux moi ?

- Ça n’est pas pareil, tu mélanges tout pour avoir raison.

Il me tapait gentiment sur la tête et disait :

- Il a raison, qu’il en profite.

- Un vagabond oui ! voila ce qu’il est devenu. Un vagabond tout juste bon pour la gamelle comme toi, bel exemple.

- Comme moi ?

- Oui comme toi !

Et puis ils se souriaient et c’était fini.



Je pris rapidement l’habitude de passer mes journées la tête sur les genoux de celle qui sera la femme de ma vie.

Celle que j’aimerais toujours plus que n’importe quelle autre.

C’était presque un rituel, et j’éprouvais une grande satisfaction lorsque je sentais qu’elle s’endormait après s’être bercée, et qu’elle abandonnait sa main sur nom cou.

Moi, je restais réveillé. Des fois, en fait souvent, je m’endormais à mon tour.

Sinon, je la regardais des heures sans me lasser.

J’aurais put passer ma vie comme ça.

Quand j’étais trop fatigué, je m’allongeais sur le tapis à ses pieds en dormant à demi.

Il suffisait qu’elle bouge un peu, et j’ouvrais un œil, et puis, j’attendais qu’elle se réveille.

Je voulais la protéger. C’était peut être trop tard, mais je ne voulais pas la revoir pleurer.



Parfois, elle caressait son ventre qui grossissait de plus en plus avec un air un peu triste, et elle me regardait avec ses yeux brillants, l’air fataliste.

Pour moi, avec ou sans son gros ventre, je l’aimais autant, je crois qu’elle le savait, en tout cas, je lui ai bien montré.

La maitresse avait fait tout ce qui était possible pour lui faire passer son mal, mais dame nature en avait décidé autrement.

Ainsi, les jours, les mois et les semaines mouraient, et elle s’était considérablement arrondie.

Moi je passais mon temps entre ses genoux et la ferme des maitres.

Je les aimais tous trois d’un amour égal.

Le maitre et la maitresse parce qu’ils me faisaient profiter de leur bienfaits, sans me faire vraiment travailler, parce qu’ils étaient bons et compréhensifs, et elle, parce qu’elle était l’amour tout simplement.

Parfois quand je restais à la ferme, je me blottissais dans la paille et je pensais à ses doigts qui parcouraient son cou et ma tête.

L’instant d’après, je m’endormais plein de son image et de sa tendresse.

J’aurais aimé me couper en deux pour être ici et là bas en même temps.

A la ferme parce que c’était chez moi, avec la femme de ma vie parce qu’elle était à moi.

Je n’allais plus avec les autres, je ne gambadais plus dans les prés ou les forêts.

Les poules ne se plaignaient pas remarquez.



J’étais fatigué et une mauvaise blessure à ma cuisse droite me faisait mal.

Un jour, une malheureuse chute en glissade sur des cailloux alors que j’essayais de sauter la barrière que je sautais touts les jours par jeu, et d’un seul coup, fini les acrobaties.

J’’ai fait plus attention et je ne montrais pas mon mal parce que je ne voulais pas inquiéter les maitres ni personne.

Je cheminais plus doucement en direction de la maison.



Seule la femme de ma vie avait vu que quelque chose n’allait pas, et elle me plaignait en me murmurant des mots doux.

Parfois, elle me forçait à m’allonger et me massait longuement la cuisse et le dos.

Elle me caressait le ventre et ça me faisait plaisir.

Je m’abandonnais entre ses mains douces.

Un jour, alors qu’elle était déjà bien grosse, nous nous endormîmes ensemble sur le tapis, serrés l’un contre l’autre.

Elle me tenait amoureusement dans ses bras après m’avoir longuement caressé.

Nous étions si proche l’un de l’autre que, finalement, ce qui arriva par la suite ne me surpris qu’à moitié.

Eut elle seulement confiance de ce qui se créait entre nous ?

J’ai longuement réfléchi à cela et non, je ne crois pas.

Elle était si désireuse de tendresse que je ne pouvais lui en refuser.



Quand ses parents nous trouvèrent ensemble, enlacés et endormis sur le tapis, son père entra dans une colère noire pendant que sa mère l’envoyait se laver et se changer.

Son père me pris par la peau du dos et, d’un coup de sabot au cul, il me renvoya à la ferme bordé d’insultes.



Ce jour là, j’ai pleuré.



J’ai pleuré parce que le sabot avait touché l’endroit ou j’avais mal, et j’ai pleuré parce que mon cœur s’était fêlé sous le choc.

Ce jour là, j’ai compris qu’il ne fallait pas que je la revoie, dans son intérêt et dans le mien.

Parfois, l’envie était trop forte, et je me glissais vers sa maison pour écouter sa voix, sentir son odeur, voir qu’elle était toujours là.

D’autres fois encore, je m’embusquais dans un fourré pour la regarder passer avec son gros ventre.

Je serais bien sorti mais ça n’aurait rien arrangé, et je devinais que si je pointais le bout de mon nez, son père aurait eut vite fait de m’envoyer une cartouche de chevrotine.

Alors je faisais attention.



Les quelques fois ou elle était venue a la ferme pour me voir, je m’étais caché, et elle, elle m’appelait avec sa voix qui tremblait, mais je ne suis jamais sorti, et je la regardais repartir pleine du poids de sa tristesse, moi-même, j’avais une grosse boule vers mon cœur, mais c’était mieux comme ça.



Ça faisait un bon moment qu’elle grossissait et trois saisons étaient passées.



Moi, je sentais qu’il allait se passer quelque chose.

Quoi ?

Sincèrement, à ce moment là, j’aurais été incapable de vous le dire.

Je ne savais pas.



Depuis quelques jours, j’étais fiévreux.

Je passais mes journée dans la nature allongé dans l`herbe, toutes ces odeurs, ça me fait du bien, comme si l’herbe coupée avait un pouvoir médicinal.

Je restais sur le dos et je me laissais envouter par l’odeur de l’herbe fraichement coupée.

Comme je vous l’ai déjà dit, j’ai toujours aimé l’odeur de l’herbe coupée, allez savoir pourquoi ?

Il y a des choses dans la vie qui ne s’expliquent pas.

Aujourd’hui encore, j’aime me coucher dans le foin.

J’aime l’odeur de la terre mise à nu comme une femme qu’on déshabille, comme si le foin était un vêtement encore chaud qu’on jette au pied d’un lit, sur un tapis…

Les vêtements de la terre mis à sécher étendu sur le sol.



J’étais allongé et je regardais les étoiles, une seule en fait, mais les autres sont autour pour qu’elle brille plus.

La maitresse avait dit hier en partant :

- Ça y est, c’est pour aujourd’hui.

- Et puis non, ça n’avait pas été.



A nouveau ce soir, la maitresse qui faisait des anges quand la nature voulait, et qui faisait aussi sage femme histoire qu’elle ait devant les yeux celui ou celle qu’elle n’avait pas réussit à « faire passer », la maitresse donc, après la soupe, s’était dirigée vers la ferme des voisins, histoire de se réconcilier avec la nature, et d’aider la femme de ma vie à

- « faire son œuvre » comme elle disait.

Voyez comme elle n’était pas rancunière la maitresse, elle respectait.



Cette fois-ci, la nature était la plus forte, cette fois ci…

Moi j’avais suivi la maitresse un bon moment sur le chemin, et puis je m’étais arrêté à la porte de la cour des voisins, parce que je savais que je savais que je n’étais pas le bienvenu, surtout maintenant…

Alors je me suis dirigé vers le pré tout proche où on venait de couper l’herbe et je me suis allongé.

J’ai fermé les yeux et puis j’ai attendu que la maitresse ressorte de la maison.

J’ai regardé mon étoile et puis j’ai attendu et puis je me suis mit à pleurer.

J’ai pleuré parce que je n’étais pas près de la femme de ma vie alors qu’elle avait besoin de moi, j’ai pleuré parce que j’étais seul et puis j’ai fermé les yeux et tout autour de moi est devenu chaud mais trop étroit, j’étouffais, j’entendais des pulsations, des sons étouffés, je crois des cris.



J’entendais au loin les cris de la femme de ma vie et de la maitresse et de sa mère.

Et puis j’ai vu une lumière vive et le visage avec les grosses joues de la maitresse qui souriait avec son poil sur sa verrue.

Allez savoir pourquoi, j’ai pleuré, pleuré et je me suis endormi.

Le lendemain matin, c’est la femme de ma vie qui pleurait et le maitre et la maitresse.



Dans le pré, à coté de la maison des voisins, le vieux chien était mort pendant que l’enfant naissait.



Fin.

Le 24 novembre 2011.

Le cadeau de nos ailes.

Le cadeau de nos ailes.

Une plume posée sur le bord d’un vers.

Une plume d’ange arrangée.

Une de plus à ranger dans le collecteur d'hampes.

Une plume, une goutte d’encre et l’art.

Une goutte d’art dort,

Le dire dare-dare c’est dur, donc, pas de dédain.

Au pied de l’arbre de nos ailes, une plume repose sur un vers à pied.

Qu’en faire ?

La cacher ? La montrer ?

Exhiber sa hampe sans pudeur devant un public énuclée car sceptique ?

Une bande d’émule hermétique au mystique ?

L’écrire au co-lecteur d’hampe.

« Voulez vous mirez ma hampe, mie ?

Voulez vous juger du dédain qui me fait geindre ? »

Pas de plume détachée d’aile sans zèle.

Pas d’elles emplumées sans ailes dépouillées.

Aux sapes les serments de vains, aux faux les blêmes ures !

Garder sa plume d’ange jusqu'à croiser un corbeau regardant des dés.

Curieux de béquer l’hampe, le corbeau, qu’on dira freux ou geai,

Dédaigne ses idées de dés pour des idées plus volages.

Dérober la plume, filer l’hampe au bec.

Et hop ! Sitôt pensé la chose est faite.

Le corbeau est haut dans le ciel.

On le voit planer sur monts et sur vaux

Nous restons coi, un peu pataud, pantois, empâté,

Coupable d’avoir mit la plume en dans geai.

Trop tard ami,

Il ne te reste de tout cela qu’une drôle de chose à raconter.

Un corbeau qui était freux a, en un geai,

Piqué une plume qui était d’ange.

De tout cela reste devant soi des dés,

Tes thés, les lés, mes maies, leurs leurres.

Et l’histoire d’un corbeau qui n’en était pas…

Vos leurres.

La rivière au bord de l’eau ˜2

La rivière au bord de l’eau ˜2



Le ˜9- 1˜- 3591



Cher journal.

Tu es ce qu’il me reste et c’est pourquoi je suis.

Je parcours tes pages parfois, et je comprends que le temps est passé.



Dès 3˜38.

Il était plus dangereux de s’aventurer dans l’eau de n’importe quelle rivière non agrée par les grosses entreprises classées d’utilité vitale par les services gouvernementaux vendus au capital, que d’allumer une allumette à la lave d’un volcan.

Les ruisseaux, les fleuves et canaux avaient été cédés contre des sommes hallucinantes aux sociétés avides d’emprisonner l’élément dans leurs récipient colorés portants logos et marques.



L’état s’était désengagé.



Trop cher, trop compliqué, trop d’interlocuteurs, et surtout, un système administratif gangrené de petits fonctionnaires devenus grands infatués de pouvoirs, écœurant l’auditeur par leurs formules alambiquées, leurs discours interminables ponctués de chiffres et de courbes, qui avaient sur les dirigeants, plus de pouvoirs que les meilleurs hypnotiseurs.



Doucement, sans que cela se voit, on avait gommé les minorités, les noirs d’Afrique, les amérindiens, les chinois s’étaient massacrés entre eux pour des histoires de riz et de doctrines poussiéreuses, les indiens s’étaient dit que pour une fois, les chinois avaient raison, ils avaient suivi l’exemple.



Une société sans scrupule s’était abrogée les gaines de la création, puis les terres, et rapidement les agriculteurs pour les travailler.



Une fois réglé le problème agricole, plus personne ne pouvait râler au sujet d’une eau insalubre ou privatisée jusqu'à deux cent mètres en dessous de la surface du sol.

Même l’eau de pluie fut la propriété d’une entreprise, mais ça ne dura pas, il était impossible de percevoir des droits de pluie, et surtout impossible de distribuer cette fameuse pluie aux pays demandeurs.



Les droits de puisages étaient exorbitants, et le fait même d’avoir un forage représentait un délit si celui-ci ne rapportait pas à l’état les taxes hallucinantes qui étaient imposées à tous.

Mise à part quelques pontes qui avaient ici leurs résidences de chasse, personne n’avait plus les moyens de sa propre subsistance.

Personne ne pompait plus librement l’élément désormais vendu.

Nombreux furent ceux qui décidèrent finalement de condamner les forages en mettant dedans le poison labélisé qui rendait la chose imbuvable, ou plus simplement, certains décidaient d’y jeter des sacs de ciment (moins cher que le poison labélisé).

L’eau devenait imbuvable, impropre à la consommation, à l’agriculture, l’arrosage

Inaccessible à l’état brut car son contact était dangereux pour la peau.



Les industriels avaient mis au point un système de contamination des eaux qui leur permettait, dès la source, d’empoisonner l’eau et de la colorer afin d’en affirmer la propriété.

Elle coulait ainsi jusqu’à l’usine qui se chargeait de la décontaminer pour la conditionner, la transporter et la vendre.



21 milliard d’habitants repartit sur trois planètes.

C’était le nombre jugé suffisant pour le seul réservoir disponible dans le système 1 ONU 2.



La planète abandonnée Terre 1 était le réservoir, le récupérateur de matières organiques qui produisaient trop de gaz pour Terre 2 et Terre 3.

Elle servait en outre de fertilisante pour le système Terre 2.



Les 400 millions de condamnés qui vivaient sur Terre 1 étaient tous des exclus des deux autres.

Des prisonniers qui avaient la charge de gérer la réception des déchets et les envois pour les planètes périphériques.



C’était le rôle de Copernic VIII, le vaisseau de l’ONU.

C’était un énorme transporteur de déchets qui pouvait contenir en un seul voyage l’intégralité des déchets à évacuer de Terre 2 et de Terre 3 (plusieurs millions de tonnes) ainsi que tous les prisonniers condamnés au bagne sur Terre 1 (environs un millier par semaine).

Au retour, Copernic VIII emportait de la matière fertile et les cerveaux lyophilisé des prisonniers morts à la tache. (Seul bénéfice que pouvaient réclamer les proches).



C’est la pulvérisation par un physicien allemand des théories du passé qui modifia pour toujours les déplacements spatiaux.

Phloda-REHLIT-11 détruisit en une démonstration retentissante, la théorie d’un certain Einstein qui affirmait, (Je ne peux m’empêcher de sourire en notant cela), que rien ne pouvait se déplacer plus vite que la lumière.

Dans les amphithéâtres, c’était la bonne blague.

Quand quelqu’un arrivait en retard, on ne pouvait s’empêcher de lui demander s’il s’était déplacé à la vitesse « Albert ».

C’était toujours drôle.

En premier pour le nom, en second pour la théorie aujourd’hui remisée aux escroqueries scientifiques d’obscurantisme et de frein au développement.

Bref, je ne veux pas user les quelques pages qui reste sur ce cahier à parler de cela, ça n’en vaut pas la peine.



Copernic VIII remplissait donc ses cuves et repartait comme il était venu.

Son image était encore en vue alors que le vaisseau était déjà bien loin.

Il fallait le temps que la lumière réagisse.



Les six autres jours, s’était Ganymède III et IV qui venaient charger leurs six réservoirs de cinq cent milles litres chacun de gélatine H2O destinée aux gens des vraies planètes.

Il en était de même pour Perrier IV au vrai gaz de l’espace et son conçurent Sanpellegrino II, Coca-Cola IV et Pepsi-co XI, qui étaient les deux plus gros propriétaires de sources de Terre 1 depuis plus de deux milles cinq cent ans, et qui en avaient fait leur slogans. « Terre des eaux » pour la boisson rouge et « Eaux des Terres » pour la boisson bleue.



Les deux se menaient une guerre commerciale sans merci.

Au début, Coca-Cola II et Pepsi-co II étaient armés de rayons, puis ce fut interdit dès la destruction du neuvième Pepsi-co abattu, car chaque vaisseau détruit rependait plus de trois millions de litres d’eau gélatineuse dans l’espace et ceci ne servait pas l’intérêt des peuples.

Ce furent tout de même près de trente trois millions de litres d’eau gélatineuse qui furent rependus dans l’espace avant que les dirigeants n’aient le courage de mettre les holàs aux toutes puissantes entreprises.

On avait établi des protocoles.

Il n’y avait qu’un seul vaisseau à la fois qui faisait le voyage aller-retour pour éviter les actes de piraterie.

Le voyage durait environ la valeur extra temporelle de 15 heures solaires pour dix millions d’années lumières, soit 1,2 astera (finalement très peu).



Pourquoi Terre 1 ?

Parce qu’elle disposait de qualités régénératrices qui demeuraient un grand mystère.



Terre 1 avait tout supporté :

4 cataclysmes géants,

3 guerres mondiales à grande échelle,

Des centaines d’explosions atomiques dues aux essais,

Plus de sept milliards d’habitants,

Une extinction de quasiment toutes les espèces vivantes,

Un seuil de pollution incroyablement létal (jusqu’à faire muter les humains),

Toute une série d’épidémie, de pandémie.

Un remaniement incroyable de sa géographie, et elle était toujours là, point bleu au milieu de l’univers noir, en pleine forme, bien ronde en surface.



Par-dessus tout son passé, on y déversait dans le présent des quantités incroyables de matière fécales et organiques et ceux depuis plusieurs centaines d’années.

Tout venait des vraies planètes.

Les formations crées par les matières mesuraient plusieurs milliers de mètres de haut, mais cela ne semblait pas déranger la planète.

Elle arrivait, par la magie de ses bactéries et de ses microbes voraces, par un processus complexe (dont les secrets révélés avaient fait la renommée de quelques scientifiques en mal de reconnaissance sociale qui virent leurs dates de naissance ou leur numéro d’échantillon, orner les rues de New-York I, II, III. IV, de Washington I, II, III, IV, V, VI, Cleveland I, II,III, Miami I, II, III, Dallas I, II, III, Roswell I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X, XI, XII, XIII… ou d’autres villes…) à synthétiser tout ça en une matière pleine de vie bien utile pour les vraies planètes.



Seuls les prisonniers condamnés vivaient sur « le tas de fumier de Terre 1 » comme on disait chez nous, sur Terre 2.



Personnellement, avant d’être sur Terre 1, j’habitais New-York IV (la grande classe) Terre 3, avenue 12.6.32˜4, quartier 4, cellule 9.

J’avais même le privilège d’une cellule jumelle sur Terre 2.



J’écris ici pour révéler le début de ma vie sur Terre 1 et un secret.

D’une part, je dois signaler ici que lorsqu’on est condamné á l’exil sur Terre 1, c’est pour la vie, ou du moins, jusqu'à la mort pour certains.

Moi, avec le crime que j’ai commit, on n’aurait, de toute façon, laisser personne récupérer mon cerveau lyophilisé.



Même si le jugement avait été modifié dans ce sens, il faudrait encore me trouver, et ça, hors de question, personne ne me trouvera là où je suis.



Le secret que je veux révéler est une découverte que j’ai fait.

Avant, le signe ˜ (star) n’était pas dans les caractères numériques.

On utilisait le signe 0 (nommé zéro).

Voila, j’ai signé un second arrêt de mort

Ah, Ah ! Je m’en moque !

C’est l’ultime bataille, qui fut le signe de la victoire de la liberté absolue sur les règles contraignante de la croyance soumise, qui vit l’apparition du ˜ et la disparition du 0.



Comme les politiciens ignoraient ou feignaient d’ignorer que le signe zéro était né sur les tablettes des commerçants de la vallée de l’indus, et non pas sous la tentes d’un mathématicien arabes, ils décidèrent, après avoir bombardé les trois lieux saint du monde, le Vatican, la Mecque et réduit Jérusalem en poudre grâce à la surpuissance de la bombe W, lettre du second prénom du premier grand président croisé, que la plus importante marque de la culture arabe (pensait ils) serait effacée pour toujours.

Ceci se passa vers 2˜5˜ d’avant le nouveau temps je crois.

A deux ou trois siècles près, je pense être à peu près juste.

Ceci n’a plus aucun intérêt de toute façon.



Bref, on décida que l’étoile des pays libres, développés et garants des droits de l’homme et de la machine, serait plus appropriées comme premier des chiffres.

Voila pourquoi je suis condamné.

Voici mon crime, affirmer que le zéro existait.

C’est ce que les historiens gardien de l’histoire, nomment négationnisme.

Le négationnisme de l’histoire est le pire crime que l’on puisse commettre.



J’étais sur Terre 1 depuis un an, deux mois et quatre jours quand il m’arriva l’accident.

J’étais à cette époque au centre Liberia au niveau du parallèle trois.



Je dois dire pour ceux qui l’ignorent, que chaque centre appartient à une des manufactures d’eau gélifiée à laquelle les prisonniers sont vendus par le juge qui nous ont puni du droit de vivre libre, ceci pour couvrir les frais du tribunal.



Personne ne voulait travailler dans les usines d’eau gélifiées car celle-ci était très dangereuse à cause des poisons mis dedans.



Terre 1 était pour tous, un bagne, un mouroir entouré de grands espaces hostiles et vierges de civilisation.



Imaginez une grande vallée couverte d’arbres et de terrain vierge de toutes villes, le cauchemar !



Au milieu de cet enfer, de grandes dalles de béton gris avec de grandes maisons volontairement dépourvues de serrures. (Ceci pour nous empêcher de nous protéger de dehors).



Nous n’avions pas de gardiens car de toute façon, il nous était impossible de quitter notre enfer, Terre 1.

Notre seule obligation, était d’aller travailler aux centres de retraitement des eaux pour pouvoir disposer de nos cinq kilos d’eau gélatineuse par semaine nous assurant de pourvoir vivre sur cette vieille planète hostile et désordonnée.



Ici sur Terre 1, dès l’arrivée tout est fait pour nous inquiéter.

Le malaise plane.

La première chose qui choque quand on arrive ici, c’est la couleur.

- « Trop de couleur, ça n’est pas bon pour les yeux, disait Mama »

Au début, c’est horrible, on sent que ça bouillonne dans le cerveau.

Il y a trop de nuances, de formes différentes et ça gratte derrière l’iris.



Moi qui suit né dans le laboratoire 13˜31975, éprouvette 03 couveuse 21 du système Terre 2 et qui y ai passé mes premières années, j’étais habitué au ciel jaune et aux quatre satellites qui se coursaient dans leur trajectoire elliptique.

Il n’y a pas, sur Terre 2, ce demi-jour-que-l’on-nomme-nuit ici, et qui est sans aucun doute la pire chose qu’on ait jamais vu. C’est sans doute pour cela qu’on a fait de Terre 1 une planète d’exclu, surement à cause du demi-jour-que-l’on-nomme-nuit, et puis toutes ces écœurantes couleurs et ce ciel tristement bleu.



Quelques fois, avant, quand je vivais sur Terre 3, je me rendais dans la célèbre salle des spectacles fantastiques et effrayants.

Là, on pouvait voir ce ciel dont personne ne voulait croire qu’il était vrai (surtout quand il passait du bleu au rouge puis au noir).

Tout le monde restait le plus calme possible à la vue de celui-ci, et quand la séance était terminée et que les lumières jaunes se rallumaient, on voyait bien que les gens n’étaient pas restés insensibles.

Même s’ils se contrôlaient, ils avaient tous virés à l’ocre.



La vision des créatures qui se déplaçaient au dessus de nous sur l’écran 360º en poussant des cris et des sifflements était abominable !

Elles étaient garnies de grandes mains pleines de couleurs et de nez puissants.

Cette vision était à des asteras de nos habitudes.



On voyait aussi dans ces salles, des hommes maudits, les prisonniers de Terre 1 et que l’on nommait les anihomes.

Ils étaient déformés, mais on reconnaissait bien les jambes à l’arrière, les bras à l’avant, les cous, les têtes…

Ils avaient le corps couvert de poils.



Pour rappel, souvenons-nous du dernier homme humain avec des cheveux.

Il est mort en 29˜8, assassiné, car plus personne ne pouvait supporter de le regarder.

Bien qu’il fût une des plus célèbres créatures du grand cirque interstellaire Zanini, c’était évident pour tous que le propriétaire du cirque était une personne sans humanité, la preuve en était qu’il participait à ce que cet être existe.

Il ne fallait vraiment pas avoir de cœur pour laisser vivre cette « chose » à demi humain et à demi anihome.

La mémoire des grandes cités, gardent gravée le jour ou un spectateur courageux ne put s’empêcher d’abréger les souffrance que devaient certainement lui causer les horribles fils jaunes qui sortaient sans cesse de la peau de sa tête, plongeant leurs racines dans son cerveau, et l’affaiblissant à cause de la production inutile de kératine ( mot retiré du dictionnaire du savoir en 3˜˜4).

Le spectateur fut nommé à l’unanimité, ministre des droits de l’homme et de la dignité de la race, en récompense à l’héroïque courage dont il avait fait preuve en tirant sur l’homme-animal situé à environs cinquante mètres de lui.



Sur Terre 1, avant, et cependant dès mon premier jour, j’ai toujours fait bien attention de ne pas me trouver mêler avec les créatures qui rodent dans le ciel, surtout si elles sont petites.

Le fait qu’elles se posent partout sans crainte des choses ou de nous, est, sans aucun doute possible, la meilleure démonstration de leur courage et de leur force.

Nous faisions tous grand cas de me pas s’approcher des anihomes, et de s’en méfier comme de la bave d’un squisk.



Même si l’on ne les approchait pas, on pouvait cependant les observer.

Ils étaient souvent en bandes qui rodaient ici et là, mangeant des choses sorties du sol, comme des cheveux mais verte (horrible) puis jaune à un moment de l’année (enfin !) de la même couleur que ceux du dernier anihome de Terre 3.

Certains anihomes mangent ceux qui sont plus faibles, jeunes ou morts.

Même les anihomes du ciel le font.



Vous qui lirez ce texte, peut être ne me croirez vous pas, je le sens.

Pourtant, je les ai vus de mes propres yeux rouges, c’était un spectacle insoutenable du regard.

Terre 1, pour qui y met les pieds pour la première fois, est un enfer peuplé de créatures diaboliques qui peuvent vous manger.

Voila pourquoi les prisonniers ont coutume de passer leurs journées enfermés dans les maisons dépourvues de serrures et au plafond jaune comme le ciel de Terre 2 et 3 et où, le plus souvent en groupes, ils visualisent les retransmissions en direct des deux planètes, ce qui permet qu’ils se retrouvent dans un environnement qu’ils connaissent bien et qui les rassure.

S’il avait fallut passer toutes ses journées dehors à regarder dehors, il est bien certain qu’un grand nombre d’entre eux aurait plongé irrémédiablement dans la folie.



Heureusement, sur Terre 1, la vie est limitées à cause de la gravité, et le suicide autorisé par décret grâce à la célèbre gélule « espoir ».

Comme dit le slogan :

« Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ».



La première année est la plus dure je crois, et de nombreux prisonniers font le pas de l’ « espoir » dans les premières semaines.

La libération par la fin organique.

Je dois avouer que j’enviais ces hommes courageux car en tant que vrai lâche, je n’ai jamais put faire le pas.

Je me raccrochais à ce stupide concept de « demain » propre à cette planète.



Demain est sans espoir.

Demain c’est quand le ciel redevient bleu après avoir été noir.

Demain donc m’oblige à croire que tout ira mieux, qu’il se passera quelque chose, que quelqu’un viendra me sortir de là pour me renvoyer d’où je viens.



Étrange concept que ce « demain », mais il m’est impossible de chasser cette idée de mon crane.



Le 1˜ / ˜3 / 3951

Année 36, mois des fruits, jour 4, lune pleine.



Ça fait longtemps que je voulais noter ce qui vient pour y voir plus clair.

Une dernière fois je vais noircir tes pages épuisées par le temps qui passe.

Je vois qu’il y a un blanc, je vais le combler et puis après je te laisserais en paix.

Si un jour je retrouve que quoi écrire, je continuerai en attendant, je dois combler, une période.

Il ne reste pas beaucoup de pages sur ce journal mais j’écrits petit.

J’essaye de noter des choses comme avant que tout change pour moi mais c’est compliqué.

Mon récit passe du Kokq à l’Ahan, pourtant je m’applique, un petit bout de langue bleue sort entre mes lèvres serrées.

J’ai été très occupé ces dernier temps, et je t’avais perdu pour tout te dire, où plutôt, on t’avait volé.

Mais toi tu t’en fous, tu ne te rends pas compte… peut être que si finalement.

Dis donc, si tu te rends compte, tu as dut avoir une sacrée peur de me perdre toi aussi non ?

J’ai bien peiné pour te retrouver et toi ?

J’ai vécu un peu la même aventure que toi je pense et puis finalement, tu vois, mon journal, on s’est retrouvé tous les deux, alors je te dis la mienne…

Elle me fait revenir à toi différent, plein de ces demain dont je me nourris.



Figure toi que j’étais avec des amis au bord d’une rivière aux eaux rouges à tenter de percer le plafond de notre vieille prison, espérant apercevoir notre bon vieux Ganymède III qui était prévu dans la journée avec sa cargaison de merde spatiale et de nouveaux condamnés.

Pendant que nous étions le nez en l’air, un anihome s’est approché de nous, surement attiré par la bonne odeur de poudre de nos nutriments.

L’anihome c’est emparé de mon sac où tu étais ainsi que de ma carte de rationnement, d’un peu d’eau en gélatine et de ma pilule « espoir ».

En une seconde, j’ai perdu mon droit à ma ration hebdomadaire de survie.

Imagine mon désarroi.



Sans réfléchir plus que de raisons, je me suis lancé à la poursuite de mon voleur qui avait pourtant un sacré avantage sur moi, puisqu’il utilisait ses quatre membres à la fois pour se déplacer.

Je ne me suis pas découragé, j’ai filé droit derrière lui a travers la végétation qui pourtant, une minute avant, m’inspirait les pires craintes, mais je n’avais pas le choix.

Sans ma carte d’identification, c’en était fini pour moi des rations, donc ma mort m’était assurée dans les pires souffrances.

Quitte à mourir, autant mourir dans la dignité de l’ « espoir » et puis je ne voulais pas laisser à un anihome la possibilité d’utiliser ma chance d’accès au retour si jamais un jour on décidait de nous libérer.

Après tout, on est obligé de croire en demain quand on a plus d’ « espoir », après tout, il faut bien croire en quelque chose de toute façon.

J’ai couru jusqu’à me perdre, et puis bien en plus…

Dès que j’ai vu que j’étais perdu, j’ai tenté de rebrousser chemin pour retrouver le camp, ce qui a eut pour effet que je me suis encore plus perdu.

Je n’ai pas arrêté de marcher, et les heures sont passées comme jamais, jusqu'à ce que le demi-jour-que-l’on-nomme-nuit arrive.

Là, je me suis dit « Salut mon vieux, enchanté d’avoir put faire ta connaissance ».



J’étais désemparé et je voyais ma dernière minute arriver rythmée par les battements de mon cœur en sursit.

Je me suis assit sur un rocher et j’ai attendu.

J’ai passé tout le demi-jour-que-l’on-nomme-nuit à veiller.

C’était difficile parce que je n’y voyais rien alors mon esprit fabriquait des images terribles, et puis mes yeux se fermaient tout seuls mais je crois que j’ai réussit à ne pas m’endormir.

La curiosité de voir le visage de ma mort était plus forte que mon sommeil.

Finalement, le soleil est réapparu et je n’étais pas mort, je crois.

Dès que la lumière fut assez forte, j’ai repris ma route mais j’avais tellement soif que je ne pouvais presque pas marcher.

Au loin, j’apercevais des anihomes qui mangeaient des boules de couleurs tombées sur le sol.

J’avais des hauts de cœur à les voir faire, mais mon corps n’avait rien à rendre.

J’étais épuisé de la longue marche de la veille et de ma nuit sans sommeil.

J’avais faim et soif, ceci m’encourageât à copier les anihomes.

J’attendis, caché entre les plantes, que les créatures partent, puis, à mon tour, je me suis approché avec crainte des boules colorées que je voyais pour la première fois.

Je craignais que celles-ci ne soient vivantes et ne tentent quelque chose contre moi.

J’ai bien mit un quart d’heure avant d’oser en prendre une dans ma main.

A son contact, mon estomac se leva et je vomis une mousse blanche et acide.

C’était comme toucher quelques chose de mort mais je ne voyais pas d’autres choix, il me fallait y gouter.

Je t’assure que ce n’était pas chose facile.

Toi tu as de la chance, tu te nourris d’encre, d’impressions et d’idées mures.

Mais met toi à ma place une seconde.

Se forcer à mettre en soi une chose que l’on trouve dégoutante, c’est un pas difficile à franchir !

Le fait même de la tenir dans ma main me répugnait alors, accepter volontairement d’en avaler, c’était encore autre chose.

Cette boule dégageait une odeur qui était trop… trop… odorante ?

C’est dur de trouver les mots.



Pourtant, il fallait.

Après tout, j’avais veillé pour voir le visage de ma mort, sans crainte, sans trop… de crainte, je n’allais pas reculer maintenant que je voyais sa forme.

Finalement, si je devais mourir en mangeant du rouge et du jaune…

Pourquoi pas ?



Par acquis de conscience, je préférais rejeter la boule morte que j’avais ramassée sur le sol, et en attraper une autre qui était encore accrochée en l’air dans l’arbre.

Je ne suis pas un anihome quand même.

Je tâtais longuement toutes les boules disponibles, et me résolu finalement à en décrocher une molle.

Je fermais les yeux (va savoir pourquoi) et je croquai dans la boule.



Oh mon malheur !

Oh mon horreur !

Ma pauvre bouche !

Mon pauvre moi perdu et inconscient des choses sauvages !

Ma bouche fut envahie du jus de la boule et je vomissais ce que je n’avais pas encore avalé.

Mon pauvre corps !

Que ne lui avais-je pas infligé !

Trop de gout !

Infect !



Le jus de la boule était dans ma bouche et je ne pouvais plus l’en retirer.

J’avais l’impression d’avoir la langue faite de millions de petits points qui dansaient.

Bien vite, je sentais des picotements qui parcouraient mes lèvres, ma gorge, et une sensation extrêmement désagréable de frétillement à l’intérieur de mon moi.

Il me fallut quelques minutes pour m’habituer, puis, à nouveau, terrassé par la faim, je retentais l’expérience.

« Si les anihomes les mangent, il n’y a pas de raison que moi non plus » pensais-je.

Je me disais aussi, « Pourvu que ça ne fasse pas pousser les poils » et puis je me résignais.



La seconde bouchée était moins désagréable, passé l’effet de découverte et de surprise, le gout était un peu plus supportable.

Pas si désagréable finalement...

Moi qui n’ai été habitué à manger que des nutriments en gélules ou de la poudre de protéine depuis que j’ai quitté le laboratoire de mon enfance, j’avais du mal à supporter cette trop grosse quantité de matière.

Je me suis forcé et j’ai mangé toute la boule sauf le centre qui était trop dur.

Le centre, il ressemblait à un cerveau lyophilisé mais un peu plus petit.

J’ai pensé qu’il ne fallait pas y toucher.

Par respect pour la boule, je l’ai placé sur un petit autel que j’ai fabriqué avec des pierres.

Tout de suite après mon rituel improvisé, j’ai pensé que peut-être que la boule avait une conscience, et que je venais de manger quelque chose de vivant, comme moi.

Ensuite, je ne me rappelle pas, je me suis endormi sans m’en rendre compte, un sommeil sans rêve, sans idées.

Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi mais longtemps.



Quand je me suis réveillé, j’ai senti que le sang de mes veines était plus lourd qu’avant, comme pollué.

Je me suis dit que c’était surement à cause de la matière de la boule, et puis j’avais une horrible migraine, mais j’étais toujours en vie apparemment.



D’un seul coup, j’ai eut mal au ventre comme jamais, l’impression que j’allais exploser ou me déchirer les organes.

Quelque chose s’était mit en marche à l’intérieur de moi, comme un organe endormi qui se serait réveillé en sursaut, un organe qu’aurait réveillé la matière de la boule.



J’ai eut mal pendant presque une heure et je me roulais au sol comme un dément.

Je me tordais de douleur en gémissant.

J’étais allongé sur le plancher au milieu des boules.

Je me comportais pour la première fois comme un anihome. Cette douleur me persuadait que cette fois ci, j’avais fait mes valises pour l’autre monde.

A la fin de l’heure, la douleur est repartie comme elle était venue et je reprenais ma condition « normale ».

Je ne pouvais rester allongé, dès que j’ai senti que j’en serais capable, je me suis remit sur mes deux jambes et d’un seul coup, je me suis senti différent, fort, conscient de mon corps et quelque chose dans mon esprit avait changé, j’avais survécu deux fois à une mort évidente, j’étais devenu un survivant.

Je ne saurais comment le dire plus précisément, mais j’avais tout de même affronté une mort certaine deux fois ceci faisait que pour la première fois, je me sentais un.

J’avais survécu a l’épreuve de la boule coloré, la couleur était en moi, le monde était a moi.

Je reprenais ma marche après avoir glissé quelques boules colorées dans mes poches pour plus tard.



Maintenant, je me dirigeais dans trois directions à la fois.

La première, celle de mon sac.

La seconde, celle de ma maison au camp, et la troisième, celle de ma curiosité.

Je m’apercevais que Terre 1 était immense, bien plus grande que ce que je pouvais imaginer.

Elle semblait infinie et je me demandais bien pourquoi les ancêtres l’avaient abandonné, mais le demi-jour-que-l’on-nomme-jour passait vite parce que j’avais dormi une grande partie de celui-ci, et à nouveau, le demi-jour-que-l’on-nomme-nuit profita que le soleil disparu derrière la ligne inaccessible de l’horizon pour prendre sa place.

Je cherchais un rocher sur lequel m’assoir pour attendre que le demi-jour-que-l’on-nomme-nuit passe.

Et puis à nouveau, j’eus un frisson d’horreur.



C’est vrai que je ne suis pas très courageux, mais il faut me comprendre d’accord ?

Ce n’est pas tous les jours qu’on se retrouve comme ça, dans un environnement totalement inconnu, à 1,2 astera de sa cellule mère.

Oh ! Par tous les satellites de Terre 2 !

Il commençait à tomber des gouttes d’eau du ciel !



Je jure sur les tentacules de Xyorth (pardon pour cette vulgarité mais je n’ai pas de gomme) que ce moment fut sans aucun doute le pire de mon existence !



Je dois te dire que normalement, quand cet événement terrible arrivait, on nous avait appris à nous cacher.

Avant, quand j’étais au camp, juste quelques minutes avant que les gouttes ne viennent nous attaquer, une sirène retentissait pour nous avertir qu’il nous restait quelques dizaines de secondes pour nous abriter.

C’est ce que nous avaient enseigné les gens qui nous avaient préparé lors du premier jour sur Terre 1 :



« Article 41 : L’exilé qui prendre grand cas de se cacher en cas de chute d’eau pour ne pas que les gouttes le touche car le contact de celles-ci est extrêmement préjudiciable voire dangereux pour le corps ».



Ils nous avaient fait une démonstration, et nous portons tous sur la main droite la brulure de la petite goutte qu’ils nous avaient laissée sur la peau pour nous montrer.



J’étais terrorisé (je me répète), j’étais seul au milieu des plantes, avec ces gouttes qui tombaient de toutes part. J’essayais de les esquiver, de me blottir, mais il n’y avait pas d’endroit ou me cacher de l’attaque.



Oh ma maison !

Ma douce prison qui me protégeait du monde extérieur, combien je la regrettais à cet instant…

Moi qui allais finir rongé par des gouttes d’acide, j’imaginais mes compagnons d’infortune bien à l’abri de la fureur qui se préparait à dégringoler sur Terre 1.

Les gouttes se firent plus intenses, plus nombreuses et malgré mes efforts, elles finirent par m’atteindre et je sentis les premières douleurs de ma peau qui était rongée.



C’est incroyable le cerveau !

En fait, je n’avais pas mal, j’étais mouillé (impression nouvelle) et j’avais froid.



Ça peut paraitre étrange pour toi et pour celui ou celle qui lira ça un jour, mais avant cette expérience, je ne savais pas que l’eau était mouillée et inoffensive.

Ça n’était pas ce que l’on nous avait montré, loin de là, on nous avait menti comme à des bions primaires qu’on fait penser pour des humains.

Programmé pour l’illusion, nous ne valions pas tellement mieux qu’eux finalement.

J’étais furieux d’avoir été aussi facilement manipulable.

Et si elle était potable ?

Après tout, au point ou j’en étais, rien ne prouvait le contraire, la pluie, c’est de l’eau me semble t’il, rien n’a put la contaminer à la source, elle vient du ciel, l’air n’est pas pollué n’est ce pas ?



Je portais un peu d’eau à la consistance anormale à ma bouche et je suffoquais. Trop d’air dedans !

J’en reconnaissais bien le non-gout mais il lui manquait la consistance gélatineuse qui fait la qualité d’une bonne eau de table.

Qu’importe, l’effet dans l’organisme semblait être le même avec toute fois un petit manque au niveau sensoriel par rapport aux bonne eaux gélatineuses que j’avalais par cuillères entières sur Terre 3.

Je m’en contentais.

Je n’avais pas d’autre choix.

Ah ! Délicieuses tartines de « Perrier au vrai gaz de l’espace »,

Heurk ! Matière neutre à la non existence aérée.

Mon organisme semblait ravi, surtout que j’avais très soif depuis l’expérience de la boule, très… pas à fond à fond parce que la boule avait du jus quand même, mais le jus, ce n’est pas de l’eau.

Un crayon et un stylo, ce n’est pas pareil.

Je marque ça pour toi carnet, voit comme je pense à toi ami.

Comme il y avait de l’eau en quantité, je me forçais, contraignait, à manger une nouvelle boule dont finalement le gout n’était pas si mauvais avec l’habitude.

Le centre était dur.

Je ne le mangeais pas et le mit sur un petit autel.

Chaque boule possédait un centre cérébral.

A nouveau j’eus mal au ventre, cela dura environ cinq minute et puis la douleur passa.

Je bus longuement.



J’étais trempé par l’eau liquide qui tombait en rideau et je ne savais pas ou me cacher. Je commençais à avoir sérieusement froid.

Je me remis en route sous la pluie et dans le demi-jour-que-l’on-nomme-nuit.

Mes yeux s’étaient un peu habitué et je me disais que si je pouvais marcher dans le demi-jour-que-l’on-nomme-jour, je pouvais aussi bien le faire dans le demi-jour-que-l’on-nomme-nuit.

Parfois un arc blanc déchirait le ciel, et je devais attendre quelques secondes que mes yeux se remettent du choc, mis à par ça, tout allait plutôt bien, j’avais froid c’est tout.

C’est marrant toutes ces petites fenêtres de liberté qu’on s’ouvre sans vraiment y croire, certain que la mort vous épie, vous attend dans le demi-jour-que-l’on-nomme-nuit, dans les boules colorées, dans l’eau-qui-tombe-du-ciel, derrière un arbre, dans l’esprit d’un anihome sauvage.

On croit mourir à chaque pas, et puis non, c’est possible « demain » n’est finalement pas un concept si abstrait que ça, c’est une réalité concrète, « demain » c’est le désir, l’envie, la réalité, le désir à accomplir, l’envie à réaliser, voila, c’est ça demain.

Demain est un jour en plus dérobé à la mort.



Je trouvais une anfractuosité dans un rocher qui me permit de me lover à l’abri.

Je cassais quelques jeunes branches que je secouais vigoureusement pour les sécher, et puis je les disposait au sol pour me faire une couche ou je m’allongeais et m’endormais rapidement, plein de la matière de la boule qui me faisait gargouiller le ventre.



Un rayon indiscret vint se poser sur mon œil droit.

C’était le matin et il ne tombait plus d’eau liquide.

J’étais bien reposé, bien que convenablement rafraichi.

J’étais disposé à aller de l’avant.



Je me levais, bon pied, bon œil sur le chemin de l’inconnu.

Il me restait trois boules, j’étais assuré de pouvoir manger si jamais j’avais faim.

Une fois sorti de mon trou, je m’aperçus que j’avais froid et mal au dos.

Je cassais une branche pour me servir d’appui, et je reprenais ma route aux trois chemins.

Je gravissais une montagne aux pentes escarpées jonchées de petites plantes piquantes qui s’accrochaient à mes vêtements.

Les pierres étaient mouillées et une fine pellicule de boue les rendait glissantes.

J’étais bien content d’avoir eut l’idée du bâton.



Je dominais.



Depuis le plateau rocheux ou j’avais fait halte, j’observais une grande vallée ou de nombreux anihomes mangeaient les fils verts qui sortent de Terre 1.

Un jour, je donnerais un nom à tout ça, un jour…

Le soleil commençait à chauffer et j’étais toujours bien mouillé.

Je décidais de retirer mes vêtements pour les mettre à sécher et là ! (re, je sais)

Horreur dégoutante !

Par toutes les malédictions Intergalactiques !

Je m’apercevais que je n’avais pas eut tord, les boules faisaient pousser les poils !

J’en avais deux… tout petits, presque invisibles, mais bien là.

J’étais dégouté de mon propre corps, si j’avais put le laisser là et partir en courant !

J’essayais d’arracher les deux poils.

Malheureusement, mes ongles étaient trop mous pour que puisse faire quoi que ce soit.

Ces deux petits poils sonnaient ma condamnation, je changeais de statut, je n’étais plus un homme, je devenais un mutant au contact de la sauvage Terre 1.



Bientôt, bientôt, moi aussi je me pencherais sur la terre pour manger les fils verts avec les autres anihomes.

J’étais maudit, je ne pouvais pas retourner avec les autres. Ils m’auraient chassé comme une créature sauvage.

Deux jours !

Il m’avait fallut deux jours pour que je devienne une créature de l’enfer, un anihome de cirque.

Deux jours pour que moi-même je me bannisse du monde qui était le mien.

- Pourquoi ? criais-je. Pourquoi ?

Je regardais le ciel en direction de Terre 2.

- Deux ! Pourquoi m’as-tu condamné à cette vie ?



J’avais une envie folle de me suicider mais je ne pouvais pas, c’est interdit,

« Article 2 seules les pilules « espoir » procurent une mort clinique sûre, efficace, rapide et descente » et elle était dans mon sac, quelque part sur Terre 1, en possession d’un anihome, comme moi…

Comme moi, cette idée me fit pleurer.



Je me lamentais tout nu sous le soleil chaud de Terre 1, la tête entre les mains, observant ces deux maudits poils, ce sale coup que venait de me jouer le destin.

Je pris une pierre à mes pieds et grattais longuement l’endroit où mes deux poils avaient poussé, dans l’espoir de les tuer à la naissance.

Tout ce que je réussis à faire, c’est à me mettre en sang et à me faire mal.

Sous les rayons du soleil, mes deux petits poils brillaient victorieux.



Mes habits avaient séché et j’avais depuis longtemps arrêté mon martyr.

Je pouvais cacher momentanément mon handicap d’infirme sous une couche de tissus.

Il me fallait rependre ma route.

Cette fois ci, il était hors de question de retourner chez les autres.

Ils m’auraient rejeté comme je l’aurais fait moi-même d’une créature qui sort des bois couvert de poils.

Bon, j’exagère un peu.

Bien sur, il n’y en avait que deux mais je n’étais pas dupe, je ne me faisais pas de fausses illusions, c’était des éclaireurs, des pionniers, et bientôt, mon corps entier s’en couvrirait comme d’une gale ou d’un mauvais exéma.



Il ne me servait à rien d’essayer de monter encore cette montagne qui semblait aussi haute que le ciel.

Tout au plus je serais arrivé au sommet ce qui m’aurait obligé à redescendre.

Je restais donc à flanc, et remisait mes idées d’alpiniste découvreur pour plus tard.



Il me fallait chercher ce que ma vie serait dorénavant, moi, condamné à errer, bête parmi les bêtes.

J’arrivais en vue d’une longue vallée qui s’étendait à l’infini, couverte d’une végétation dense et colorée où s’élevait une colonne de fumée.



Je frémissais à l’idée d’un camp de safaristes, ou d’une bande de tueurs organisés comme on en trouve sur les prospectus de Terre 3, avec ses annonces accrocheuses du style :

« Offrez vous une vraie partie de chasse sur Terre 1,

visez et tirez sur de vrais anihomes sauvages avec de vraies armes à poudre préhistoriques

Vous aussi découvrez la sensation unique qu’a put éprouver notre héroïque ministre,

Donnez-vous la chance de tenter d’être ce qu’il fut.

Attention, il est interdit de ramener des anihomes vivants sur les planètes du système par décret 2˜798˜1 »

Promotion : Seulement 2˜3˜ UVS (unit-verse-sales) la semaine solaire tout compris soit 6 demi-jour-que-l’on-nomme-nuits et 7 demi-jour-que-l’on-nomme-jours, protéine, eaux gélatineuse et vol compris. (Remboursé en cas de pluie acide).



D’un coté, j’avais terriblement peur et d’un autre, je me disais que si j’arrivais à me glisser dans le camp, je pourrais dérober une arme, à projection physique par explosion de poudre de salpêtre, comme on ne peut en utiliser que sur Terre 1 ou l’environnement ne risquait pas d’être percé par un projectile.

Avec un tel engin, comme j’avais déjà put en voir exposé dans un musée de Terre 2, je pourrais me protéger dans le cas probable où, à plus ou moins long terme, je me retrouverais nez à nez avec une de ces créatures anihomes dégénérées comme moi qu’on croisait sur Terre 1.

Comme moi !...

Créature dégénérée… Le terme me revenait en pleine face comme un vroum-bang mal lancé.



Aurais-je peur si je me croisais maintenant ?

Quelle serait ma réaction ?

Je restais mystérieusement circonspect.



Je n’ai jamais vu d’anihome de près et les différents individus que j’avais put observer à bonne distance étaient sans aucun doute possible, totalement différentes de moi maintenant.

J’étais encore un bipède à peau rose-blanchâtre et j’étais encore loin, avec mes deux pionniers, d’avoir autant de poil que les autres qui se trainaient à quatre pattes, le nez plongé sur le sol, à manger les fils verts.

Je sentais, d’autre part, que ce ne serait pas demain que mes mains prendraient toutes ces couleurs, et que je pourrais me déplacer dans le ciel.

Je n’étais pas dupe, cependant je n'oubliais pas que je n’étais qu’au début de ma mutation, je ne faisais pas trop d’illusion pour le futur.

Le jour où je n’arriverais plus à marcher sur mes deux pattes, moi aussi je me mettrais à quatre pattes comme les autres.

D’ici là, mon corps se sera entièrement couvert de poils, c’est la base, le b-a-ba, on apprend ça très jeune à l’école.



Pour l’instant, avec mon bâton dans la main, je ressemblais sûrement de loin à un anihome à trois pattes.

C’était donc en parfait tripède conscient de son état, que je décidais de me diriger ver la colonne de fumée distante d’une bonne demi journée de demi-jour-que-l’on-nomme-jour de moi.

Une fois de plus, je me félicitais d’avoir un bâton avec moi. Dès l’instant où je mis le pied au fond de la vallée, le sol était étrangement mou.

A cause de la pluie, il était un mélange de matière et d’eau plus ou moins profond, que je tâtais méticuleusement de la pointe de ma troisième jambe plutôt que de m’y élancer aveuglement.

Je préférais faire attention. Je ne pouvais pas savoir ce que cela cachait et je ne me sentais pas d’humeur à disparaitre dans les profondeurs noires de cette matière collante et odorante.



La traversée fut longue.

Chaque pas une surprise, et la sensation de la gluante matière putride était absolument répugnante.

Ceci dit, je réussissais à quitter la matière visqueuse.



J’étais dans une jungle épaisse ou la moindre plante était au moins deux fois plus haute que moi.

J’avais une jambe qui me lançait.

Je décidais de m’accorder un petit temps de repos pour observer mon environnement et faire quelques massages à ma jambe douloureuse, et là,

Oh matrice universelle !

J’ai poussé un vrai hurlement de monstre terrien !



Une demi-douzaine de petites créatures noires étaient plantés dans mon mollet, juste sur ma grosse veine, elle semblait se nourrir de mon sang.

Par toutes les planètes de la galaxie !

J’étais pétrifié devant ce spectacle, et je ne savais que faire. J’aurais bien hurlé une deuxième fois, mais premièrement : 1) Ça ne les aurait pas fait partir.

2) Deuxièmement, sachant le feu à quelques distances de moi, pas trop loin supposais-je, j’imaginais les safaristes les oreilles aux aguets, pour se confirmer le bruit et sauter sur leurs armes antiques sans hésiter à me tirer dessus pour emporter mon trophée.



Je devais me débrouiller tout seul malgré le dégout que produisait en moi la vision de ces bêtes noires, qui étaient en train de festoyer autour de la bonne table de mon corps offert à leurs bouches voraces.

Au début, j’essayais de m’en débarrasser en les giflant avec force. Le résultat fut que j’eus encore plus mal, et que les créatures saignaient un peu de mon sang.

MON SANG !



J’attrapais un des montres aquatique et je tirais dessus. Même résultat.

Une énorme douleur me déchirait la jambe et des gouttes de MON sang restaient sur mes doigts.

Matrice, matrice !

Que faire ?

Par toutes les comètes !

J’étais comme le trou noir 538A, désemparé, seul et vide.

Je me demandais que faire avant d’être complètement vidangé par ces terribles vampires.

Pendait que je me remuais les axiomes dans toutes les combinaisons possibles, l’inimaginable se produisit.

Les créatures têteuses, repues de ma sève, se détachaient d’elles-mêmes dans un gros «PLOP » aux relents de globules rouges, et une chute molle sur le sol, où, gavées de mon palma, elles tentaient de ramper.

J’avais envie de les écraser, et puis, à quoi bon ?

Dans leur état, elles ne m’étaient plus d’aucun danger.

A leur place, sur ma jambe, se trouvaient quelques belles traces de morsures et quelques gouttes de sang rouge vif perlaient.

Je le goutais, très bon, elles avaient dut se régaler !



Je me promis de ne plus jamais marcher dans la purée de terre et d’eau.

Cette promesse me coutât cher en pas mais assura mon intégrité sanguine.

Hors de question de me laisser vider de mon sang sous prétexte de quelques minutes gagnées.

Je n’ose imaginer ce qui aurait put se passer si j’étais tombé tout mon long dans la purée de matière et d’eau.

Cette idée m’a fait hérisser les deux poils.

Sans aucun doute, elles se seraient jetées sur moi par centaines, peut être par milliers, et elles m’auraient sucé jusqu'à ce qu’il ne me reste plus une seule goutte de vie.



J’étais disposé à reprendre mon chemin mais…

Hop ! Ta dam ! Nouveau problème !

Je m’explique.



D’où j’étais, je ne voyais pas la colonne de fumée et il me paraissait que j’étais arrivé sur un ilot au milieu de la purée de terre et d’eau.

Hors de question de retourner là dedans, ma mort était assurée si je m’aventurais à nouveau sur le territoire des trayeuses de mollets.

Plutôt mourir, me disais-je avant d’observer mon attitude avec critique et circonspection.

Ce n’est pas avec des « Plutôt mourir » qu’on trouve la route de la vie, tout du moins le chemin de la survie.

Le savoir est une force et il me faut chercher dans le paquet de mes connaissance, certes limités, mais acquises me convaincs-je.

Je dois bien avoir quelque part la solution de mon problème. A moi et à moi seuil de la dénicher.



Observer et comprendre étaient les mots qui tournaient dans ma tête.

Observer au sac et comprendre au ressac.



Évoluer avait été le maitre mot de notre race pendant des milliers d’années, et moi j’étais là, j’étais aussi héritier de cette évolution, je me devais de ne pas oublier ça.



Évoluer, telle étais la seule voie possible pour moi.

Il me fallait devenir quelqu’un de nouveau, accepter mon sort, observer mon environnement, le comprendre et modifier mon attitude face à cette crise.

Pour vivre comme un anihome, il fallait que j’accepte d’en devenir un.

- Très bien, dis-je à voix haute, je n’ai qu’a devenir un anihome.

Plus facile à penser qu’à faire !



- On fait plus avec la bouche et la tête qu’avec les mains, disait souvent 80uh07 à 80uh4.

Bien sur, ce n’était que des paroles de bions, mais parfois elles avaient vraiment du bon sens.

Les bions, quels tristes appareils et pourtant, quel exemple à suivre finalement, un bion, un faux humain, un robot certain d’être un humain comme moi, moi un anihome à deux poils certain d’être encore un humain.

Voilà, au revoir moi, bonjour moi, au revoir mon passé bonjour mon présent.



Passer d’archéologue numérique, à prisonnier de Terre 1 n’avait pas été chose facile, il avait fallut que je me fasse des cérémonies déchirantes, ça ne s’était pas fait en un jour, alors maintenant, passer de prisonnier à anihome Pff !

La redondance cyclique !

Galère à panneaux ioniseurs !

Le travail qui se présentait… Il y avait du chemin à accomplir et j’étais seul, enfin, j’étais deux, la nature sauvage contre moi et le moi moi dans le moi d’avant moi de maintenant contre le nouveau moi dans moi depuis trois jours, j’espère que je me fais bien comprendre…



Elle était chez elle (la nature) et moi j’étais à 1.2 astras de ma délicieuse cellule 9.

Ah, ma cellule 9, quand je pense à Terre 3…

J’étais si bien, tout était organisé pour mon confort.

Il faut dire que j’avais une place enviée.

Tous les jours, je recevais mes trois gélules et ma ration de protéines-lipides-glucides vitaminés, et ma ration d’eau en gelée « dont on ne perd pas une goutte », et après avoir copieusement déjeuné, je prenais une donne douche ionisante dans mon ioniseur personnel.

Ensuite, grand privilégié, je me mettais à mon travail sur les données de Terre 1 pour y préparer de quoi dénicher mon dossier Terre 4.



Les informations dont je disposais étaient si vastes !

Des millions d’années lumières Albert d’enregistrements, de correspondances, de films, de musique, de tout…

Je pouvais consulter toutes les archives (inédites car secrètes), n’étant pas sensées exister d’avant la bombe W.

Ces informations constituaient mine inépuisable de trésors archéologiques disponibles pour nous, les chercheurs du C.N.R.S. (Centre Neoplanétaire de Reconstitution des Sociétés).

Notre mission était de collecter dans les millions de documents mis à notre disposition, toute une série de données afin de préposer un modèle de société idéale pour la future terre 4 qui venait d’être intégrée au système.



Les grands ordinateurs sociaux voulaient créer une planète sur le thème retro de Terre 1 en l’an 2˜˜˜ qu’on disait être le moment ou la vieille planète était à l’apogée de la culture des bonheurs collectifs et récréatifs.

On y trouvait des parcs où les gens venaient se réjouir à moindre couts, des pièces dans lesquelles ils se réunissaient pour s’agiter ensemble sur les rythmes tribaux qui faisaient le bonheur de cette époque.

Il y avait des villes totalement destinées aux jeux de crédits, et des pays complets sortis de la misère par d’autres pour que les gens puissent aller y profiter du soleil, manger des omelettes de tubercules, se griller allonger sur du sable de silice avec le choix de deux mer et d’un océan. Dans ces pays, ils pouvaient consommer des produits hallucinogènes à fumer ou en poudre à inhaler, en gélule ou liquides et se rendre dans des maisons de sexe ou tout était fait pour satisfaire les hommes.

On leur donnait la possibilité d’assister à la tuerie d’anihomes à cornes dans de grands lieux circulaires ou l’on autorisait la foule à hurler son bonheur que rythmaient des trompettes, et un homme habillé de paillettes laissait voir la forme de son appareil génitoire moulé de rose ou de bleu ciel.



L’idée était de faire de Terre 4 la première station balnéaire du cosmos.



Pour ceci, nous chercheurs, possédions le modèle et les données de Terre 1 du ˜1-˜1-199˜ au ˜1-˜1-2˜˜1, sauf moi, et je me demande encore pourquoi, j’avais les données jusqu’au 1˜-1˜-2˜˜1 d’avant l’an 1, et ce que j’y vis me terrifia.

Le 11-˜9- 2˜˜1, la société idéale s’écroulait quand deux vaisseaux percutaient les grandes constructions rectangulaires de ce qui fut New-York˜.



Les images dont je disposais étaient impressionnantes et rappelaient l’accident de Terre 2 du ˜9-11-3322 qui fut la catastrophe la plus abominable qu’ait connu le système ONU 1.

J’étais sidéré.



Les chefs réunis avaient affirmé que tout ceci n’était qu’un malheureux accident, et les images du ˜9.11 avaient été effacées des supports mémoriels et interdites pour garantir le bonheur des masses.



A moi, me revenaient les images interdites, prémonitoires, prophétiques osons le mot.

Des images venues d’un support daté de plusieurs milliers d’années, bien plus vieux que les scènes qui avaient traumatisé des générations de cosmo-citoyens.

Je voulus en savoir plus, et je fis des recherches personnelles pour comprendre ce qui ne marchait pas dans la société idéale.

Le découvrit la face cachée des cartes.



L’idéal, c’était sur les photos, bien cadrées, sur les films de propagande.
En fait, les gens n’étaient pas heureux.

Ils participaient comme figurants du grand mensonge, ils jouaient le rôle qu’on leur avait distribué en échange de quoi, ils avaient le droit de mendier quelques gouttes de miel auprès de la reine de la ruche.



Entre les films de propagande (que diffusaient les medias), se faufilait la réalité d’une société en perte de repaire, sans valeur, la réalité de l’anonyme citoyen, de l’individu qui peinait pour être heureux, vraiment heureux.

Je découvrait les pilules du bonheur, les centres ou l’on enfermait ceux qui ne correspondant pas à la norme : trop vieux, trop malades, trop faibles, trop violents, trop cupide, trop libre, trop pauvre, trop infirme, trop laid, trop noir, étranger au moule du consortium des compétents …



Je découvrais la société fasciste des producteurs, l’impérialisme terroriste des libertaires et son contre pouvoir liberticide, le pouvoir sadique des propriétaires d’énergie, et un groupe né d’une religion d’orient et qui voulait imposer aux autres un dogme de pensée poussiéreux et épuisé.



Les jeux de manipulation de ces temps ne correspondaient plus à rien de sensé, et de toutes part, les gens avaient perdu le bon sens et la raison de l’intelligent.



C’est cette société que l’on disait responsable de la destruction des bâtisses sans autre forme de procès.

Elle semblait être tout à fait contente d’être jugée capable de commettre de telles actions.

Cela m’intéressait.



Comment les anciens avaient ils procédé pour effacer cette culture, ces croyances, ce mode de vie calqué sur un texte dont la provenance était inconnue ?

Je découvris le zéro, symbole du néant, et je compris à quel point ce zéro, cette idée du rien, faisait peur aux commandants du monde parfait.



Un concept de rien dans une société vacillante laissait la place libre à de nombreuses possibilités écrites et non écrites qui faisait trembler le monde.

Il fallait le supprimer et, avec lui, toute une série de questions que posaient les religieux partout dans le monde.



Ainsi commença l’élimination des ennemis, d’abord dans le Moyen-Orient puis en Asie.

Les commandants du monde mirent leurs peuples à genoux et affamèrent une grande partie des pays qui dépendaient de l’aide alimentaire et structurels de ceux-ci.

Ils (dirigeants de pays) s’attaquèrent à d’autres : Les commandants de religions.

Bientôt, se sentant menacées, les religions du monde s’unirent contre les commandants qui s’accouplaient avec les commerçants.

Cependant, là ou les commandants des esprits combattaient avec des mots, les combattants des corps attaquaient avec des hommes.



J’approfondissais mes recherches pour découvrir que notre monde parfait reposait sur un génocide comme l’histoire n’en avait jamais connu dirigé par de grosses entreprises.

Le pétrole, vieille énergie qui avait le pouvoir de gommer les peuples au profit du papier, n’était plus en quantité suffisante pour qu’on s’y intéresse.

Les pays qui en étaient détenteurs n’intéressaient donc plus personne. On en fit table rase assez rapidement.

Les commerçants furent aidés par les pays qu’on disait libres.

Cette idéologie, trop longtemps supporté par les commerçants, fut rasée en quelques jours.

La bombe W fut lancée sur le lieu de pèlerinage des religieux, et la ville fut soufflée.

Quelques jours plus tard, ce fut le tour de la vieille cité du carrefour, puis de la cité de l’homme en blanc.



On disait qu’il était question de libérer les consciences du joug des vieux guides aux idées périmés, qu’il était donné à chacun la libre possibilité de vivre librement sous la coupole de l’ALY.



Je m’interrogeais sur ma vie, mes désirs et je m’aperçus bien vite que ceux-ci étaient totalement conditionnés.

En vérité, il était question de normalisation, de pouvoir unique formaté par la pensée unique.



J’appris que les religieux ligués refusaient dès 2˜9˜ de la vieille histoire, la production en série d’êtres parfaits clonés dans les laboratoires.

Qu’ils considéraient que c’était contre les lois divines et qu’ils affirmaient qu’on annihilait l’homme, que le jeu était faussé.



En face, les experts brandissaient la théorie de l’évolution d’un certain Dar-Win et leur riait au nez dans le forum de la vieille O.N.U.

- Alors, disaient il, voila que vous vous mettez à croire aux lois de l’évolution ?

- Non répondaient ils en chœur, au droit divin de la création, un homme et une femme.

- Ou deux ou trois ou quatre ?



Puis ce furent les insultes, le débat s’envenima jusqu’aux extrêmes.

Les groupes de pression dirigeaient l’assemblée et les terroristes tentèrent de les faire plier, il y eut des milices, le bruit des armes, le chant des armées, les combats finaux, les camps de purification…



Finalement, la bombe W fabriquée en série en hommage au président croisé victime des nefs aériennes qui percutèrent les grandes maisons, celui qui fut le premier grand manipulable des entreprises et qui, inconscient, mit le doigt dans l’engrenage.



La bombe W fut lancée sur les 5 lieux saints de Terre 1, il y eut des morts par millions, ont dit plus de trois cent cinquante millions, puis plusieurs autres centaines de millions avec les retombées toxiques.

S’ensuivit une purification de l’espèce humaine à grande échelle menée tambour battant par les moines de l’ALY.

On détruisit tous les représentants des vieilles religions, hindouistes, bouddhistes, shintoïstes, juifs, chrétiens et musulmans dans tous les pays du monde, presque au même moment.



Avant cela, une génération complète fut formée dans les grandes entreprises sous la banderole d’ « ALY NO AGE », Ils furent les nouveaux moines sous le cri de « ALY, LYA, YAL ! ».



Deux solutions s’offraient aux prisonniers.

Renier sa religion au profit de l’ALY et jurer sur la charte de la liberté et des devoirs de l’homme ou disparaitre pour toujours dans les usines buchers.

La grande majorité préféra passer au bucher.



Le ciel de Terre 1 fut, ai-je lut, invisible pendant plusieurs semaines et l’odeur de l’air était insupportable.

C’est ce que l’histoire conserva dans sa mémoire comme la catalyse de l’an U.N.

U.N. comme Univers-sales Nation.

Enfin, dès cette date, le vieux rêve de Terre 1 était enfin réalisé, les peuples de la planète vivaient enfin en harmonie, une planète, un seul peuple, un seul guide.

« YAL, LYA, ALY ! » « Y YLA, YLA LA ! ».



Les nouveaux convertis furent envoyés sur le projet Terre 2 où ils finirent leurs vies en construisant les nouvelles cités. On dit même que leurs corps morts furent déshydratés puis broyés pour être utilisés comme matériel de construction, comme la grande muraille de l’est.



Doucement, les gens quittèrent Terre 1 pour le nouveau monde, le monde meilleur situé dans le ciel.

Une température égale toute l’année, pas de problème de travail ni de logement.

L’O.N.U (Office of New Univers) prendrait tout en charge tant que la race propageait la parole et les colonies planétaires.

Les colons acceptèrent de voir leurs organes sexuels rendus inactifs.

Ils étaient triés selon leur codes génétiques et les coefficients intellectuels, leurs forces, leurs capacités.

Ceux qui restaient sur terre se voyaient rapidement privé de toute énergie extérieure et d’eau potable, ils disparurent rapidement.

Les ingénieurs triaient dans le choix humain qui était en échantillonnage pour conserver l’élite.

Les hommes au sang pur le l’ALY, pas de maladie congénitale, pas de tare, un Q.I. moyen…

En quelques semaines, les premiers œufs furent mis en incubation.

En quelques mois, les laboratoires présentèrent les standards qui sont aujourd’hui les habitants de Terre 2 et 3. Ils décidèrent de conserver les sexes à usage de groupes sociaux, cependant la reproduction physique demeurait interdite.

Triés, sélectionnés dans les matrices, clonés, puis finalement tous identiques, voici mon peuple, moi.



Blanc, aux yeux rouges, taille moyenne, nez droit, pas de cheveux, pas de poils, peu d’ongles, un squelette ne demandant pas trop de minéral pour se constituer, un cerveau à fonctionnement rapide et, je dois l’avouer ici, certainement conçu pour être facilement manipulable.

Les yeux rouges permettent un large spectre ainsi qu’une meilleure adaptation à la semi lumière qui baigne les nouvelles planètes, la peau blanche afin d’économiser la mélatonine qu’on dit grande consommatrice d’énergie.

Tous identiques, moi, eux, nous.

Vous ?



Cependant, dans les sous terrains des carrières de Terre 2, un peuple de rebelles, constructeurs des premiers jours, avaient construits une ville, ils s’étaient faussement convertis à la charte, et étaient survivants du génocide, car il faut bien appeler un Gnaule un Gnaule n’est ce pas.



Ces derniers étaient amers et gardien de la mémoire ante-catalysique.

Ils n’acceptaient pas les nouvelles règles du nouvel ordre, qui pourtant avait réussi à élever l’humain au delà des frontières de son monde, et puis ils étaient vraiment différents.

Peaux teintées, cheveux, poils, sexués…

Un groupe d’entre eux eut l’idée de l’accident du ˜9.11.

Ils prirent possession de Ganymède I et II et les dirigèrent directement sur les « laboratoires Maman » de production de clone (celui ou je suis né) au cri de dieu est grand, ce que personne ne compris.



Dieu ?

Qu’est ce que c’est ?

Un homme ?

Un technicien ?

Un laborantin ?

Un de ces politiques clone du système ?



Personne n’eut l’occasion de se poser la question trop longtemps, car l’accident fut rapidement effacé des mémoires.

Les gardiens d’équilibre découvrirent l’existence de la ville souterraine qui fut totalement gazée, et on remplaça le non-événement dans la tête des gens par le projet Terre 3 avec comme annonce d’accueil :

« Un ciel toujours jaune, la plus grande plage du système »



Évidement, sur une planète couverte de sable de souffre… Mais qu’importe, les infrastructures de Terre 3 étaient époustouflantes sur tout les plans, et les gens se disputaient aux guichets d’inscriptions des agences de recrutement d’habitants pour les colonies vacantes.

Tous voulaient faire partie des élus.

Pas moi évidement, je n’étais pas encore né, mais ma cellule souche avait été sélectionnée, j’en étais d’une certaine façon et une trentaine de petits moi y virent le jour comme prévu pour l’inauguration le ˜1-˜1- 3333.

Quant à moi, je restais sur Terre 2 où moi aussi, je naquis le ˜1-˜1- 3333.

Technologiquement, Terre 3 était le nec plus ultra en termes de nouvelle forme de colonisation.

Il avait fallut moins de 11 ans pour coloniser l’intégralité de la plante, l’équiper de ressources et y installer les habitants, un grand pas avait été franchit.

Il y a de cela 258 unités temps de Terre 2 soit 25.8 ans de Terre 1 (la force de gravité de Terre 2 étant dix fois moins forte que Terre 1, le temps s’y déroule de façon plus lente). De plus, la qualité de nos gènes étant strictement sélectionnée pour faire de nous des pionniers de premier ordre, l’espérance de nos vies est d’environs 1500 ans sur Terre 2, soit 150 ans sur Terre 1 et 4500 ans sur Terre 3.

Trente fois plus sur le projet terre 4 !

Autant dire, quasiment une vie éternelle.



Ce que les maitres de l’ALY nomment la société parfaite.



Terre 3, est en fait un gigantesque laboratoire, un centre de recherche ou j’ai put me rendre grâce à mes gènes uniques.

J’ai put donc constater par moi-même l’utilisation de mes trente moi utilisés comme cobaye pour faire évoluer la société parfaite.



Je me suis parfois, lors de mes visites, posé cette question curieuse, mais tout de même.

- Pourquoi chercher à faire évoluer une société si elle est parfaite ?



Plus tard, je me suis aperçu que j’avais ouvert de que les plus vieux nommaient « la boite du Paon d’or », encore des textes des anciens que personne n’était sensé lire. Décidément, j’étais bien souvent mis en contact avec des textes interdits auxquels un pauvre clone comme moi n’était pas sensé avoir accès.



Je compris qu’il y avait des questions qu’il ne fallait pas se poser et je me promis d’oublier tout ça.

Cela dura moins de cinq minutes…



Au bout de ce temps, je ne tenais plus en place, il fallait que je comprenne des choses.

J’enfreignais la loi fondamentale :

« Se soumettre et accepter », celle la même qui était gravée au fronton de nos monuments, et je la remplaçais dans mon esprit par chercher et comprendre, plutôt apprendre et comprendre.

J’étais affolé, comment avais-je put faire cette association d’idée ?



Chercher quoi ?

Comprendre quoi ?

Y avait-il seulement quelque chose à comprendre ?



Mon mode de vie changeât radicalement.

Je devins dangereux pour moi et pour les autres.

Je piratais les codes d’accès aux documents pré-catalysique, inconscient terroristes de la pensée que j’étais !



Je me lançais dans des recherches prohibées, j’avais perdu mon libre arbitre, j’avais perdu le contrôle de ma pensée.

Pourtant, je savais que ce que je faisais était dangereux, interdit, mais c’était plus fort que moi et quand un des moi de Terre 3 remonta la piste du terroriste jusqu’à moi, et que je me retrouvais devant le juge, j’essayais de leur expliquer, mais ceci refusèrent d’entendre ma version, ils se bouchèrent les oreilles.

Pour moi qui avait cherché, il était évident que nous nous étions corrompus, mon discours coulait, bien canalisé par mon esprit scientifique.

C’était évident, clair, et pourtant incontrôlable.

Ma défense m’enfonçait encore plus, j’étais comme une rivière qui chute au bord d’un gouffre, qui serpente et coule malgré les obstacles et les barrages, comme ces fleuves d’eau douce que les grosses entreprises ne peuvent posséder pour leur commerce, de celles qui coulent d’une eau pure au fond des océans salés de Terre 1 , celles que l’on nomme les rivières au bord de l’eau.



J’étais un anarchiste, un rebelle, un dangereux perturbateur.

On m’interdisait de parler et une pointe dans ma nuque me paraissait pendant que j’essayais de m’excuser sur la place publique ou on me jugeait.



Lorsque je rouvris les yeux, j’étais sur Terre 1 avec l’interdiction édictée à quiconque de récupérer mon cerveau lyophilisé.

Une erreur de laboratoire. Je devenais le premier des chiffres ˜1 la première erreur du système parfait depuis sa création.



Cette étoile et ce 1 sont gravés sur ma main droite (je les regarde à l’instant) et je le sais, dans ma boite crânienne aussi je porte cette étoile et ce chiffre.

J’ai eut de la chance qu’on ne me lobotomise pas, j’ai eut de la chance dans mon malheur, et je m’en aperçois maintenant, maintenant que je suis sur Terre 1 vivant et que je t’ai avec moi, journal.



Le ˜1 / 23 / 4025

Année 110, mois des feuilles, jour 54, lune absente.



J’ai mon cerveau, mon corps, qui a changé et qui pourtant n’est pas si différent, j’ai rencontré une créature et je me suis uni par une force que je ne peux pas contrôler, j’ai engendré !



Je me suis adapté, les demi-jour-que-l’on-nomme-jours et les demi demi-jour-que-l’on-nomme-nuits ont filés sans que je les vois.

Nous sommes un peuple, j’ai donné des noms aux choses qui sont autour de nous, Je regarde mes enfants et mes petits enfants heureux d’être là maintenant.

Il n’y a plus de vaisseaux qui viennent se servir sur Terre 1, je regarde longuement, mais voila bien longtemps qu’il ne se passe plus rien.

Que son devenues les plantes de l’organisation, et Ganymède, et quatre ?

Y avait il de la matière sur quatre, qu’est devenue trois ?

Et deux ?

Deux, ma couveuse mère, deux, ou es tu ?



Je continuerais à lever les yeux vers le ciel, curieux de voir ce cher vieux Ganymède prendre sa cargaison d’eau pour la servir sur deux, on jour, peut être, viendront ils nous chercher ?

Peut être qu’ils nous pardonnerons ?

La place manque sur cette dernière page.

Une dernière chose.

Apprendre, comprendre et s’adapter.



Fin le 27.11.2011

Dans notre parti politique, nous faisons ce que nous disons.

Dans notre parti politique, nous faisons ce que nous disons.

Il n’y a que les imbéciles pour croire que

Nous ne lutterons pas contre la corruption

Parce que s’il y a une chose de sûre pour nous c’est que

L’honnêteté et la transparence sont des valeurs fondamentales

Pour atteindre nos idéaux

Nous démontrerons que c’est une grande stupidité de croire que

La mafia fera partie de notre gouvernement

Comme en d’autres temps

Nous pouvons garantir au peuple sans l’ombre d’un doute que

La justice sociale sera l’objectif principal de notre mandat

Malgré tout il y a des imbéciles qui ont la stupidité de croire que

Nous allons gouverner avec les vieilles combines de la politique à papa

Quand nous auront le pouvoir soyez certains que nous feront tout pour

Mettre en cause les régimes de situations privilégiées des plus riches et les trafics d’influences

Nous ne permettrons jamais le fait qu’il faille que soient perdus les acquis. Nous ne pouvons pas

Nous soumettre et voir nos enfants, vos enfants, terminer leurs cycles scolaires avec une formation insuffisante

Nous tiendrons nos promesses même s’il faut

Que les réserves économiques soient rendues à zéro et

Nous exerceront le pouvoir jusqu'à ce

Que tout le monde sache que

Désormais, Nous sommes la nouvelle politique.

Désormais, Nous sommes la nouvelle politique.

Que tout le monde sache que

Nous exerceront le pouvoir jusqu'à ce

Que les réserves économiques soient rendues à zéro et

Nous tiendrons nos promesses même s’il faut

Nous soumettre et voir nos enfants, vos enfants, terminer leurs cycles scolaires avec une formation insuffisante

Nous ne permettrons jamais le fait qu’il faille que soient perdus les acquis. Nous ne pouvons pas

Mettre en cause les régimes de situations privilégiées des plus riches et les trafics d’influences

Quand nous auront le pouvoir soyez certains que nous feront tout pour.

Nous allons gouverner avec les vieilles combines de la politique à papa

Malgré tout il y a des imbéciles qui ont la stupidité de croire que

La justice sociale sera l’objectif principal de notre mandat

Nous pouvons garantir au peuple sans l’ombre d’un doute que

Comme en d’autres temps

La mafia fera partie de notre gouvernement

Nous démontrerons que c’est une grande stupidité de croire que

Pour atteindre nos idéaux

L’honnêteté et la transparence sont des valeurs fondamentales

Parce que s’il y a une chose de sûre pour nous c’est que

Nous ne lutterons pas contre la corruption

Il n’y a que les imbéciles pour croire que

Dans notre parti politique, nous faisons ce que nous disons.

Traqué.

Traqué.

Essoufflé, les poils hérissés, les yeux et les oreilles en alerte, les nerfs à vif et le cœur bâtant la chamade, le roi courait à travers le bois.

Il contournait ou sautait avec agilité les bois et les bosquets, les buissons et les fourrés.

La traque était à son point culminant.

Il entendait les chiens et les hommes qui étaient à sa poursuite, surtout les chiens.

Il pouvait sentir leurs effluves portés par le vent.

Les chiens n’étaient plus très loin.

Il avait traversé plusieurs fois la rivière que l’on nomme la Guigne, croisant et recroisant sa route dans l’espoir que son odeur finirait par ne former qu’un bloc, une pelote emmêlée où le plus expert mâtin aurait peiné pour en trouver le bon bout.

En vain.

Le jour s’était levé au son des clochettes des chiens déjà surexcités par la partie qui allait se jouer, semblant commander à leurs maitres par leurs gémissements, un lâcher anticipé.

Les aboiements devenaient des hurlements.

Les effluves de pâtés en tartine, et les haleines de gros rouge, avaient rapidement pris le dessus sur les odeurs de fougères et de champignons tout frais sortis.

Sa fin était proche, indéniablement.

S’il avait put grimper à un arbre comme un écureuil, ou se glisser sous une racine à la manière d’un blaireau ou d’un garenne…

Mais non, quand on est le roi, on ne se cache pas, on lutte et on feinte jusqu’au dernier souffle.

On meure la tête haute, sinon, quel exemple pour les autres, pour l’enfant ?

Il ne pouvait se laisser prendre ses bois sans se défendre, il devait lutter pour la victoire, être vaincu par l’épuisement.

C’était sa forêt, celle de son père et de ses ancêtres, il y vivait et y galopait depuis jeune, il y avait passé une grande partite de sa vie, il y avait cavalé seul ou en bande, y avait connu ses premières amours, de longs combats…

Si ce devait être son dernier endroit, son dernier combat, là ou ses poursuivants y trouveraient la satisfaction de son trophée, c’était bien que ce soit ici, sur son territoire.

En attendant, il leur donnerait du mal, il ne se rendrait pas. Jusqu’à son dernier souffle, il y croira, car il sait que dans la vie, rien n’est jamais perdu jusqu’à la seconde finale.

Chaque arbre est pour lui comme un ami, même les autres habitants de la forêt savent d’instinct qu’il est le maitre ici.

La brume qui s’était levée au petit matin baignait encore le sol de son voile neigeux, et dans sa course, il donnait l’impression de piétiner le voile d’une jeune mariée.

Le brouillard de sol se soulevait en volutes derrière lui et se reposait à la fois lourd et léger.

S’il avait la chance de retrouver les siens, il pourrait se sauver de cette mauvaise passe.

On a déjà vu un groupe uni tenir tête à une bande armée et remporter, même si ce n’était pas une victoire franche, au moins une bataille, un repli, un sursis.

Ces groupes là, le roi les connait bien, il les a déjà croisés. Ils sont connus pour être d’infatigables traqueurs, et dès que ceux-ci décident de s’attaquer à un territoire, ils envahissent la terre sans vergogne comme déjà propriétaires.

En premier par leurs déchets qu’ils abandonnent au sol sans respect et sans honte.

Les sans-terres sont une dizaine cette fois ci, et ils n’ont pas fait pas les choses discrètement.

Ils ont posé leurs voitures sur le bord du chemin du bois des noyers, et en ont sortis au moins une vingtaine de chiens aux aboiements sourds et graves, qui dès l’aube, étaient agités comme à la foire.

Leurs clochettes avaient réveillé toute la forêt, et le roi qui ne dormait que d’un œil.

Hier déjà, ils étaient partis à sa poursuite, réussissant à le séparer du groupe, qui, dans la panique de l’effet de surprise, s’était dispersé.

Ils lui avaient tiré dessus, mais l’avaient loupé plusieurs fois. Ils n’avaient pas de chien hier, l’attaque était surprise…

Ils espéraient sans doute que leurs petits démons personnels auraient suffisamment d’instinct pour renifler les traces du roi loin de son espace de vie habituel et de sa cours.

Mais non, le roi était plus fort. Il était tout de même sur ses terres.

Tous les animaux de la forêt fuyaient en tous sens à l’approche des hommes et des chiens, ce qui donnait au roi une impression de distance, et la direction à suivre.

Celle des bêtes sans aucun doute.

Les loirs semblaient s’envoler en spirale autour des troncs, les lièvres débusqués filaient à toute allure, tel, qu’on les aurait crus sans pattes, comme catapultés.

Les itinéraires qu’ils suivaient étaient pour le roi, une bonne indication de ce qui se passait dans son dos, et le renseignait de la position des poursuivants.

La nuit froide et humide qui s’était abattue hier et l’émoi encore vif de la poursuite qui avait duré presque toute la journée, avaient porté un coup au physique du roi qui, inondé de sueur, avait dut lutter contre le choc thermique.

Son estomac crampé par la course l’avait empêché de se nourrir correctement.

Quelques racines de fougère, quelques champignons, des glands, des châtaines un peu molles, quelques baies d’églantier et un peu d’eau de source, avaient été les seules choses qu’il avait put avaler.

Ça n’était pas plus mal, car hier déjà, il pensait à aujourd’hui, et il s’imaginait qu’il allait avoir une journée difficile. ..

On court mieux le ventre pas trop plein.

Il avait complètement oublié la nuit froide, et son corps était en pleine activité.

Il courrait vers la sortie du bois, alternant course rapide, petit trot et pauses qu’il mettait à profit pour jauger la distance et le nombre de ses poursuivants.

A chaque arrêt, s’élevait de son corps une vapeur dense et odorante pleine de sauvagerie et d’animalité.

De sa bouche, sortaient en nuages entrecoupés, d’épaisses buées de fumeur de pipes.

Les claquements d’ailes des perdrix, et le chant lointain d’un coq de bruyère, un oiseau lyre cherchant la poule de sa vie, les oiseaux dans leurs nids, inaccessibles aux bandes de chiens et d’hommes qui semaient le raffut entre les arbres, sifflaient des reproches aigus, ou s’envolaient pour une zone plus calme.

L’oreille affutée aux sons de la guerre, le roi entendait la moindre branche brisée, le bruit des bogues qui tombent sur les tapis de feuilles, le rongeur dissimulé sous un tronc à la chasse aux grosses larves ou aux coléoptères cellulophages, un reptile qui se dérobe…

Un chevreuil bondissant de bosquets en bosquets, les yeux enflammés du désir de vivre, filait droit devant lui.

Gracieux et bien décidé à ne pas finir en terrine, il allongeait ses pattes élastiques, et se propulsait comme un pantin hors de sa boite.

Il passa à à peine deux mètres du roi sans même un regard pour lui, puis il disparut dans la nature aidé dans son mimétisme par la couleur de sa robe, sa petite taille, et l’absence de cornes proéminentes.

Le roi s’engageait dans la même direction que l’habile chevreuil, avec toutefois moins de facilité et de grâce certes, mais lui aussi un rythme soutenu, et le même désir de vivre.

Il se motivait dans sa course en imaginant les chiens, infatigables aboyeurs-coureurs, qui pouvaient traquer des heures durant celui qu’on leur avait fait choisir pour victime. Il les devinait langues pendantes, oreilles au vent, jouant à la poursuite, pendant que l’autre, la proie, tentait de sauver sa vie, ne jouait pas car il savait la partie pipée.

Il se représentait les chiens comme un glissement de terre marron et noir qui se propulsait à la force des uns et des autres, le plus rapide doublant le plus lent, qui prenait sa place au repos, rejoint par celui de devant, et ainsi de suite…

Une masse mouvante de queues et de têtes, sans queue ni tête.

Les chiens étaient sur le sol comme les étourneaux dans le ciel, une marée vivante qui s’étend, se rejoint, repart à l’assaut.

Plus en arrière, les hommes marchaient, certains couraient un peu pour exciter la meute à coups de sifflets.

Le soleil était là, spectateur immobile.

Il envoyait ses rayons à travers les branches, et ceux-ci perçaient l’air comme mille doigts féeriques qui touchaient les mousses et les tas d’humus.

La brume se retirait, et avec elle, le monde magique des lutions et des elfes, qui n’apprécient de toute façon pas ce genre de spectacle.

Quand une bataille s’engage, les esprits de la forêt s’occupent de leurs petites affaires.

Avec la levée de la brume, les sons sont plus clairs, proches, et la forêt, débarrassée de sa magie, prend son costume de rigueur.

Seules les toiles d’araignées portaient des gouttelettes comme des petits diamants posés sur la rivière d’une princesse au cou invisible.

Les feuilles distribuaient à chaque mouvement, une pluie au gout végétal.

Le sol, couvert de feuilles et d’un épais tapis de mousse, offre une surface idéale pour la course.

Malheureusement, il garde aussi les traces du passage du traqué.

Derrière, les chiens continuent leur infatigable poursuite, toutes dents dehors, les queues en balancier et les langues pendantes, tantôt à gauche, tantôt à droite, démesurées.

A certains endroits, les troncs trop serrés font office de mur de son ou vient rebondir les cris des limiers.

Le roi court toujours plus vite devant lui, sans penser à plus loin, c’est son erreur.

Poussé par les aboiements, il avance comme si les sons le guidaient droit vers son destin.

Puis il comprit ce que l’on attendait de lui.

On l’emmenait au cirque des deux sources, un cul de sac ou il fallait être bon grimpeur.

Il était trop tard pour changer d’itinéraire, les traqueurs avaient bien choisi leur stratagème, il était trop tard pour changer d’itinéraire…

Même en essayant de fuir en gravissant les pentes abruptes, les chiens auront l’avantage avec leurs quatre pattes griffées, et là, il sera à découvert, et les poursuivants pourront tirer.

Ils l’avaient bien eut.

Impossible désormais de faire demi-tour.

Il fallait foncer tête baissée dans la gueule du loup, et espérer dans sa bonne étoile.

Il se savait à quelques centaines de mètres du cirque des deux sources.

S’il arrivait à garder son avance, il avait une chance de pouvoir arriver sur le plateau de Menje-Maures et, si les chasseurs étaient aussi mauvais tireur qu’hier, il avait une chance infime, mais une chance tout de même, de pouvoir sortir indemne de ce guet-apens.

Ses chances étaient presque aussi maigres que nulles, mais il n’abandonnerait jamais !

Il redoublait sa course en direction des deux sources tout en gardant suffisamment d’énergie pour l’escalade qui l’attendait.

Il se préparait à respirer l’air de la victoire sur le plateau de Menje-Maures.

En haut, il y avait les prés et les bergers.

Le roi était bien certain que ces derniers ne laisseraient pas une bande de chien venir semer le trouble dans le troupeau. Quelques bonnes pierres lancées des frondes auront raison des poursuivants.

Il pouvait compter sur leur aide, espérait il.

Il sautait par-dessus la source de Dame-Jentil, encore cinquante mètres et il passerait celle de la Motte-au-pin, ensuite…

Les chiens semblaient de plus en plus proches, comme s’ils avaient bondit d’une lieue d’un seul coup.

Ça y est, la Motte-au-pin, et devant, dressée comme un mur, l’imposante montagne rocheuse à escalader.

D’un saut puisant, le roi s’engage sur le flanc du cirque et, de ses quatre membres bien coordonnés, il tire-pousse, gagne centimètres après centimètres de terrain vers la ligne d’horizon, quelques dizaines de mètres tout au plus, au dessus de lui.

Les chiens arrivaient aussi.

Heureusement pour le roi, les chiens n’avaient pas prévu l’obstacle comme lui, et les premiers n’étaient pas bons grimpeurs.

Ils sautaient sur leurs pattes arrière en aboyant la tête en l’air, les lèvres révulsées. Leurs babines tendues faisaient apparaitre leurs gencives roses et noires bordées de longues dents blanches toutes tendues vers le roi.

Certains essayaient d’escalader la pente, mais retombaient lourdement sur les autres restés en bas.

On entendait les couinements, des claquements de dents et des pleurs de chiens blessés.

Puis arrivèrent les chiens plus puissants, moins rapides mais plus agiles, plus vieux, expérimentés

En quelques sauts, ils s’accrochèrent à la roche, et, attentifs, ils observaient avant de s’engager.

Sauts après sauts, il prenaient l’avantage de la distance sur le roi qui, plus lourd, moins agile, à demi essoufflé, les muscles tétanisés par la course et le changement de rythme, s’était arrêté et observait la meute incapable de le poursuivre.

Le roi était surpris, et cette surprise avait pris le dessus sur tous ses autres sentiments.

Seuls quatre chiens avaient réussi à grimper.

Les autres formaient un conglomérat de poils et de pattes, de queues, de gueules ouvertes et de langues rouges et noires, qui grouillaient comme des vers dans une plaie.

Quelques uns tentaient de suivre ceux qui avaient grimpé, et s’essoufflaient à sauter en grimpant sur les autres.

Certains tombaient sur le tas de gueulards dans des gémissements d’estropiés, d’autres encore couraient en tous sens à la recherche d’une voie d’accès plus praticable.

Le roi, sur son perchoir, fixait le dessus du cirque comme s’il avait put s’y transporter à la force du regard.

Derrière lui, ses poursuivants n’aboyaient pas, mais il les entendait à la force de leurs souffles et aux pierres qu’ils faisaient rouler.

Soudain, il sentit un des chiens derrière lui et, dans un geste instinctif, incontrôlé, reflexe, il le botta et l’envoya s’écraser quelques cinquante mètres plus bas.

Les poursuivants humains n’apprécièrent visiblement pas cette façon de traiter leurs chiens, et, d’en bas, le roi entendit le sifflet des flèches qui étaient envoyés en sa direction.

Le sifflement fut suivit du bruit des pointes qui s’écrasaient sur les pierres.

Pas une flèche n’avait touché le roi.

Une était passée près de sa tête, ce qui eut le mérite de le relancer dans sa course vers le sommet avec encore plus de conviction.

A ce moment, le roi aurait bien troqué sa condition pour un corps de chamois ou de bouquetin.

Là, en deux coups, il serait arrivé au sommet, et chacun aurait repris sa conditions comme si de rien n’était.

Mais non, ce n’était pas possible.

Le roi craignait pas dessus tout un coup de croc.

Un seul coup de croc et il n’aurait pas la force de continuer à grimper.

A coups de talons, il envoyait des cailloux voler en direction des chiens dans l’espoir de les déstabiliser, mais ils étaient bien agiles et rapides.

Ils étaient tellement omnibulés par leur proie, qu’ils auraient put tout aussi bien tomber avec elle que ça ne les aurait pas dérangé.

Ils semblaient même ne pas se douter que sa chute entrainerait leurs chutes, sa mort était leurs morts aussi.

Il se devinait déjà, proie et prédateur, allongés étripés au pied du cirque, ensemble quittant ce monde dans un dernier souffle, attaqués tous deux par les autres excités restés au pied du mur, et qui trouvaient là, à cette occasion, une bonne façon d’expier leurs frustrations de semés.

Encore quelques mètres, et le plateau de Menje-Maures.

Une volée de flèches passait à un pouce du corps du roi. Elle le laissait indemne mais tuait deux chiens.

Le roi leva les yeux vers Menje-maures et une main gantée à la manière des archers était tendue en sa direction.

- Majesté, prenez ma main !

Fin le 28.11.2011

La muse Hycque descend se.

La muse Hycque descend se.

Un besoin de temps perd amant,

Un besoin de gout tait l’appeau,

Un besoin de vous…Voyez ou Jean suit.

Un besoin de taire, y toi re-nous, vos.

Sur le sang tiers de nos folles hies…

Des ires d’âmes.

Besoin d’heurs passés aux corps rompus.

Désirs de lie froid ses dames ours.

Lâche à l’heure de nos pots

Courageux au temps du sous pire.

En traits nés par nos corps,

L’an vair du dé cor.

Père met que geint si nu,

Les prêts miss de lutte y non.

Dans le tour bi ont du sais que ce…

A chaque main un saint aux fers.

Qu’en sous toit j’élève là vers je.

En qui je reste quoi.

Aux âmes élevées au fronton de nos ailes,

Aux femmes murées dans l’enceinte du clos,

Aux hommes enchainés au carcan du chao,

Aux sentiers de traverses qui conduisent aux deux dents,

Aux mûres élevées entre nous et deux ors,

Aux cous lisses des plates eaux qui mènent aux deux vents,

Aux enfants combattants pour qui pas de cas d’os.

Hauts hommes qui ont les clés pour jouer aux combats,

Hautes femmes qui n’ont d’idées que pour les concernés,

A ceux qui rêvent d’espionner les monts,

Aux autres qui n’ont comme seuls mots que vaux.

Jeudi, joie yeux nos ailes, et sur tout, bon âne né !

La vérité est dans le vain.

Tout aimant songe,

Tout est faux,

Rien nait vrai.

Comme on croit on tous ces papes hier ?

Toutes vos trompes rient,

Vos gales y pêtent.

Le clou ne des maquis est,

Ne fée plus riz relève en faon.

Vos maux n’ont pas de sans ce.

Vos sous pires sonnent toue jours féaux.

Se pendant,

Je vous hais. Me

L’ordre des choses.

L’ordre des choses.

Sur une ile perdue des caraïbes.

Sur une de ces iles balayées presque quotidiennement par les ouragans qui y ont leurs nids, où les seules créatures vivantes sans peines sont les cocotiers, et les crabes à grandes pinces qui ont été crées pour les manger, de ces iles dont le sable d’or fait rêver les secrétaires et les cadres commerciaux qui agrafent dans leurs bureaux, à coté des plannings et des objectifs de ventes, les photos vendues à bon prix par quelques chanteurs en retraite et à chemise à fleurs.

Ces petits tas de sables, condamnés à disparaitre dans la trentaine par faute du réchauffement climatique dut à l’usage abusif de la climatisation par la secrétaire et les émissions de gaz à effet de serre de la grosse voiture du cadre commercial précédemment cités, ceux là même qui revendiquent, car c’est leur droit, l’accès sans limitation au confort personnel, et leurs offuscations désenchantées face à la montée des océans.

De ces iles qui sont, selon les hasards des échelles de représentation, présentes ou non sur les cartes du monde, parfois englobées dans un cercle qui déconseille en légende aux navigateurs de s’y aventurer.

S’ils le faisaient, les navigateurs aventuriers verraient de leurs yeux vu, l’une d’elle formée de roc, dont la surface laisse apparaitre parfois un peu de fumée.

Ils apprendraient, en discutant avec les îliens, que cette roche est crainte depuis des siècles, que personne ne s’y aventure, que c’est interdit car dangereux.

Ils pourraient noter, sur leurs carnets de bord prêt a noircir, que la légende locale désigne l’endroit comme étant le lieu de villégiature d’un dieu démoniaque, cyclopéen, verdâtre, vampirique et phosphorescent, flamboyant, globulaire, assit sur un trône d’ivoire couvert de hiéroglyphes pandémoniumiques, bref, un truc à la Lovecraft.

Ils auraient sut que ce dieu était assoiffé de sang et que ses pouvoirs, hérités du continent disparu et des livres maudits étaient effrayants.

On le disait monstrueux, à trois têtes, quatre, cinq selon les quantités de jus de cocotiers fermenté ingurgités, on disait qu’il soufflait les vents et perdaient les pécheurs.

On relatait qu’il aimait soulever les mers dans des vagues si féroces qu’elles balayaient tout sur leurs passages.

On disait que la fumée, c’était le repas du monstre qui cuisait, les corps des marins naufragés qui grillaient dans les flammes de l’enfer.

La tradition voulait, depuis des lustres, qu’on déconseille aux vivants ce coin d’archipel considéré comme trop dangereux, par extension sacré car il donnait la frousse.

Une sacrée frousse.

Les habitants des villages flottants, des cités radeaux, qui vivaient à la fois sur l’eau et dans l’archipel, sur les ilots qui affleuraient en cet endroit dont près de la moitié sont passés sous le niveau de la mer depuis 1990, comptaient, dans chaque familles, un perdu, ami, fils ou frère, père ou oncle, enlevé à l’occasion d’une des colériques démonstrations de puissance du génie destructeur.

Cette créature mythologique était, depuis plusieurs générations, mise à l’honneur, et on lui sacrifiait des poulets, on lui élevait des totems.

Les poulets des sacrifices était noir et c’est M’BU qui en était le producteur.

L’KOC était le sacrificateur, et tous deux étaient mis à contribution via le seul contact avec l’extérieur qu’ils avaient, la grande prêtresse mère des dieux via leur femme unique, la fille choisie par leur mère selon l’ordre des choses.

On égorgeait pour toutes les occasions.

Mariages, baptême d’êtres ou d’embarcations nouvelles, circoncisions, voyages allers ou retours, fêtes diverses, équinoxes, éclipses de lune, de soleil, comètes, enterrements, naissances, inaugurations de bâtiments (qui seront rasés par le prochain ouragan), apparition de fumée sur l’ile de la créature chimérique et cependant terrorisante.

Ce commerce juteux du sacrifice (car payant) aurait bien dût faire de M’BU et de L’KOC les deux hommes les plus riches de l’archipel.

Leur ile se trouvait la plus proche de l’ile du roc et ils ne l’avaient jamais quitté, pas plus que leurs pères, leurs grand-pères et autant avant qu’il est permit de l’imaginer.

Les deux dieux s’occupaient des coqs et des poules noires (leur assurant la garantie de couvées de la bonne couleur) qu’ils conservaient, dans un poulailler à demi à l’air libre et à demi enterré, dans une sorte de grande cave drainée creusée en hauteur, et dont l’armature était faite de troncs de cocotiers, de planches vermoulues et de palmes solidement agencées pour résister à tous les caprices du puissant génie qui se plaisait à jeter la tourmente sur ce petit coin du monde. (Rappelons ici que la terre est ronde)

Les gens des villages flottants, et ceux des iles, parlaient d’eux parfois, et faisaient le compte des cauris, coquillages et coraux longuement polis, avec lesquels ils avaient, depuis des générations, payés les dieux pour leurs services sacrificiels.

On imaginait sans peine que la maison principale des dieux et la cave immense qui se trouvait en dessous en était remplie, et que cela devait constituer un trésor fabuleux qui s’amoncelait depuis des générations de générations.

En fait depuis les arrières, arrières, arrières, arrières, arrières, arrières, arrières, etc. ancêtres des dieux noirs qui, disaient-on, étaient à l’origine, deux puissants dieux noirs comme la nuit, dont le grand navire ailé de blanc s’était déposé depuis le ciel, sur le sommet de l’ile, un soir de grande colère du malicieux mangeur de marin au grill.

On disait qu’il y avait, à bord de ce navire des airs, deux hommes au teint blanc comme la mort, et qu’ils étaient des anges serviles.

On disait qu’ils étaient venu accompagner les dieux pour les aider à s’installer, on disait aussi, car on n’avait pas la télé alors on parlait autour du feu, que les deux anges blancs moururent foudroyés d’avoir regardé les dieux noirs trop longtemps.

L’influence des deux habitants de l’ile aux poules noires tenait au fait que leurs ancêtres venus de l’espace tuaient du regard, cela grâce à un bâton de bruit qui transformait les larmes en pierre, et qui frappaient si fortement les têtes qu’ils avaient décidés de punir, que ceux-ci n’avaient pas d’autres choix que de mourir.

On les disait dotés de pouvoirs magiques comme ceux de prévoir le temps et les colères du ciel et de la mer dont ils devinaient les descentes et les montées.

On disait qu’ils organisaient la course des étoiles, commandaient à la lune et au soleil, qu’ils tuaient du regard et plus encore…

Pour tout cela, ils sacrifiaient des poulets noirs qu’ils avaient amenés du ciel avec eux.

Ayant choisi volontairement cet endroit, les dieux pères noirs n’étaient pas repartis dans leur vaisseau volant créateur d’orages.

Ils avaient consciemment abandonné les lieux mystérieux du ciel et de l’autre coté, et s’étaient naturellement installé là ou ils avaient posé leur navire, les îliens étaient très fier de cela.

Les pluies, les années et quelques typhons eurent raison du navire spatial, mais pas des dieux M’BU et L’KOC, qui y prirent racines, femme et descendance. Ils vivaient au plus haut de l’ile.

Le premier dieu L’KOC se nommait en vérité Diop.

L’KOC était son prénom mystique car c’est lui qui préparait les poulets.

Il tuait les bêtes noires selon un rituel bien à lui, racontait-on, car je vous rappelle que personne ne les a jamais approchés.

On n’approche pas des dieux comme ça, mais je me doute que vous êtes au courant.

Les poulets, ces animaux légendaires et inconnus des îliens, ces étranges oiseaux qui ne volent pas mais qui on le pouvoir d’appeler le soleil, firent leur apparition avec les dieux.

Avant, rien, des mouettes.

L’KOC, les tuait d’un grand coup de doigt brillant, puis il les lâchait sans tête.

Les oiseaux décapités couraient donc dans une direction ou une autre au hasard des choses, jusqu'à ce que leurs corps mutilés s’écroulent, vidés de leurs substances.

Pendant ce temps, L’KOC entrait en transe et communiquait avec les esprits grâce à son rire puissant et grave.

Les mouvements des bêtes agonisantes, les dessins du sang sur le sable, la direction de la course… Le moindre signe servait à l’augure.

Les premiers dieux noirs eurent une épouse commune qui leur fit deux enfants nés jumeaux. La légende locale dit même qu’ils sortirent du ventre de leur mère en se tenant la main et en marchant.

Ils furent nommés M’BU et L’KOC comme leurs pères.

L’événement rapporté de la naissance des jumeaux fut pour les îliens, la confirmation que M’BU et L’KOC étaient deux grands dieux du ciel qui avaient choisi de s’installer sur l’ile aussi longtemps qu’ils s’y sentiraient bien.

Le jour où cela ne leur conviendrait plus, ils avaient, dit-on, décrété qu’ils détruiraient la terre dans sa totalité, c'est-à-dire toute l’eau autour d’eux et les iles.

Les rares îliens qui eurent l’immense privilège d’être mis en présence des enfants des dieux, eurent très peur à cause de leur peaux très noires qui pouvaient laisser croire qu’ils étaient né du feu élémentaire, et leur visages au nez larges, et au blanc des yeux très blanc, signifiaient, sans conteste, qu’ils s’étaient appuyé le visage contre la paroi du ciel de la nuit.

En premier reflexe, les îliens eurent très peur, comme je l’ai déjà dit puis, en observant mieux, ils virent que les dieux avaient fait l’effort de se confondre avec eux, ils reconnurent en eux des caractéristiques physiques de leur peuple, la forme des joues, une fossette au menton...

La preuve était faite que la mère des enfants était bien la femme et la mère des dieux.

Les gens étaient contents.

Les enfants nés de cette alliance étaient choyés et vénérés par la communauté des pécheurs qui plaçaient en eux leurs espoirs en un futur meilleur.

Deux enfants de dieux noirs, c’est quand même quelque chose.

Ici, brisons le rêve.

Il est bien évident que M’BU et L’KOC n’étaient pas des dieux, loin de là, disons même qu’ils étaient tout le contraire. Ils travaillent pour et avec les négriers blancs qui trafiquaient sur ce que l’on nommait à l’époque le triangle d’or.

Depuis le Sénégal, d’où ils étaient originaires, M’BU et L’KOC avaient monté une belle petite entreprise de trafic d’esclaves, dont ils faisaient négoce, et dont ils remplissaient le ventre de bateaux loués peu cher, direction l’enfer vert et blanc des colonies sud américaines.

C’est à l’occasion d’une des tempêtes qui font comme je l’ai déjà dit, mais j’aime me répéter, la réputation de cette partie du monde ou naissent les cyclones, que leur voyage de commerce tourna à la catastrophe.

Tout était cependant bien rodé comme d’habitude.

La petite routine des marchands de vie.

Le bateau avait été trouvé à bon prix, équipage compris.

Tout le monde se trouvait reput de sexe rosés et de seins fermes, des jeunes proies parquées sur une des iles du Cap-Vert ou ils et elles (selon les gouts des marins et des hommes d’équipage) avaient subit les sévices inévitables de ce genre d’entreprise, ils et elles avaient passé correctement leur période de quarantaine, on avait observé assez peu de maladie indigène.

Ceci n’avait pas empêché les marins « D’y nos culs les » la syphilis, un enfant, d’achever les rêves de vies libres, dignes à grands coups de bâtons ou de verges, dans la grande tradition des sociétés développées et européennes, pleine à en vomir de bondieuseries et de grandes valeurs universelles, qui nous ont mené là ou nous en sommes aujourd’hui.

On les avait préparé à embarquer pour rencontrer les autres, de l’autre coté, les mêmes sans aucun doute.

Dans le port, affairé à sa tache, le forgeron était en retard comme d’habitude.

Il avait pour les grandes occasions, l’habitude d’embaucher un jeune apprenti qui l’assistait à la soufflerie et qu’il déniaisait à l’occasion (mais ce ci ne nous regarde pas).

Tout était réquisitionné pour M’BU et L’KOC qui, non content de vendre des esclaves de qualité, les livraient clé en main, c'est-à-dire chainés de neuf.

C’est ce petit plus, cette option, qui les différentiait vis-à-vis de leurs concurrents à une époque où, au pays des hommes libres, les esclavagistes étaient rois.

Ils prenaient la mer un peu en retard, mais pour trois semaines de traversée, parfois un mois, ça n’était pas très grave.

A bord, l’ambiance entre les matelots était tendue pour une sordide histoire de filles…

Comme s’il n’y en avait pas assez en stock !

En plus, cela faisait une dizaine de jours qu’ils étaient partis, et le bateau vétuste (loué peu cher) commençait à prendre sérieusement l’eau.

Trop d’usage, peu entretenu compte tenu des marges bénéficiaires, la structure d’étanchéité lâchait un peu plus chaque jour, et les joints de chanvre bitumé allaient au gré des flots.

Bien que le charpentier de bord fasse ce qu’il pouvait pour solutionner les avaries qui se reproduisait comme une gale sur un galeux, la ligne de flottaison avait, depuis un bon moment déjà, disparue sous les vagues.

Il fallut donc se résigner à lâcher du lest.

On commença par jeter par-dessus bord les objets les plus lourds, en ne gardant que l’eau douce et la nourriture, les hommes et la marchandise. Tout ce qui avait été chargé fut livré en l’état aux archéologues pilleurs d’épaves et de pièces sous marines du futur.

Cette même marchandise fut mise à contribution pour écoper, mais rien n’y fit.

Rapidement, au mécontentement de M’BU et de L’KOC, on commença à jeter les plus faibles à la mer.

- Des chaines neuves ! Se plaignaient-ils.

M’BU et L’KOC comptaient et s’inquiétaient.

Ils avaient été payés par demi par avance avec le grossiste local.

Les affaires allaient être difficiles à l’arrivée.

Au pire des cas, ils en seraient pour un bénéfice zéro en ne livrant que la moitié de la commande, ils pourraient toujours se rattraper sur une prochaine livraison…

Dans le monde des affaires, on trouve toujours un point d’entente.

Durant près d’une semaine, tout le monde écopa sans fin, enfin, tout le monde, les enclaves bien sur !

Les marins enrageaient.

Comme le capitaine et les armateurs avaient décidé de jeter les barriques de rhum et de rationner l’eau douce, une première rébellion eut lieu le 13 mars 1775, au beau milieu de l’océan.

A cette occasion, cinq marins furent abattus, ainsi que le second de commandement.

Le capitaine fut gravement blessé.

La rébellion n’eut pas pour effet de transformer l’eau en rhum.

M’BU et L’KOC ne subirent aucun dommage notoire car ils devaient régler les soldes des marins une fois rendu à bon port avec les pièces d’or, qu’ils savaient maintenant, qu’ils ne toucheraient pas.

Ils se gardaient cependant d’en informer les travailleurs.

Le 15 mars 1775, il y eut à nouveau un conflit à bord.

Là, le capitaine, fiévreux de ses blessures de l’avant veille, avait fait preuve évidente de manque de tact en décidant de monter un tribunal pour punir les meneurs de la révolte.

Il décida cinq condamnations à mort, quarante au fouet, deux aux fers et corvée de pont pour tout le monde.

En fait, il n’y eut qu’un seul exécuté, le capitaine.

Tel est pris qui croyait prendre.

Le 16 mars, dans la matinée, un des marins, élu par ses compagnons, prit le commandement de la BARBOSA, navire négrier s’il en est.

Ombre de lui-même, bateau fantôme à demi coulé qui s’enfonçait inexorablement dans les flots salés, il n’y avait vraiment pas de quoi parader quand on était le commandant de ça.

Les esclaves avaient été définitivement montés et enchainés sur le pont.

Les cales ou ils avaient leurs appartements étaient complètement inondées.

Chaque jour qui passait voyait s’enfoncer dans les flots cinq ou six cadavres enchainés qui n’avaient pas passé la nuit.

Parti avec un chargement de 380 esclaves bien rangés tête-pied, soit 83 femelles et 297 males, le...

Quoi ? Choqué ? Je vous ai choqué ? Oh !

Pourtant… Vous mangez du sucre de cannes ?

Vous avez surement déjà mangé au moins un baba au rhum ou gouté un petit verre ?

Peut être du punch non ?

Vous avez surement déjà but un café dans votre vie, mangé du poivre, de la cannelle, des épices…

Aimez-vous les diamants ?

L’or ?

Les pierres précieuses ?

Comme tout le monde, vous aimez la vanille, la majorité des gens aiment la vanille…

Et le chocolat mmmm !

LE CHOCOLAT !

Tout ceci n’est pas tombé du ciel comme M’BU et L’KOC savez vous ?

Il a fallut bien des esclaves pour cultiver tout cela, pardon, il faut bien des esclaves pour ramasser tout ça… et si le tabac tue les fumeurs, c’est peut être que la fumée est l’esprit des esclaves qui se vengent…

Qu’en pensons-nous ? Hum ?

Allons !

Pas de fausse pudeur !

Je reprends.

Le 24 mars 1775, il ne restait plus que 61 males et 30 femelles gémissantes, que plus personne n’avait envie de violer vu leurs états.

Il y avait aussi des humains, il en restait peu, 18 d’équipages sur 106, trois de commandement (élus), le navigateur et ses instruments et les 2 sujets de couleur (comme on dit).

Ce jour là, la mer était très mauvaise, très comme très vous imaginez ?

Et depuis ce matin, les choses s’étaient mal présentées.

Il y a des jours ou tout va mal, et où il vaut mieux rester couché, cependant, même couché, sur un bateau…Ben…

Dès l’aurore, une vague avait balayé le pont en envoyant valdinguer une quarantaine de morts vivants enchainés par-dessus bord.

Ceux-ci furent accueillis par les bancs de requins nombreux qui tournaient depuis quelques temps autour du bateau devenu un véritable distributeur de nourriture.

Les crevettes restaient au fond, les antennes tendues vers la surface, remerciant le dieu nouveau qui leur distribuait si généreusement la manne lestées qui leur arrivait directement dans les pincettes.

M’BU et L’KOC se faisaient tout petit, car il n’y avait pas besoin d’avoir fait Hypocagne ou une célèbre école de commerce pour comprendre, sans cahier ni stylo, pas plus de calculette que de boulier chinois, que l’expédition allait à sa perte (seiche).

Dorénavant, et puisqu’il n’y avait plus de capitaine despote ni de second, et que le commandant de bord avait été élu selon un procède démocratique, il ne restait que les deux affréteurs en mesure de canaliser les griefs que les marins pouvaient développer.

Tous deux ne se déplaçaient plus sur le bateau, en tout cas le moins possible.

Ils avaient organisé un siège à l’envers.

Dans leur quartier, ils avaient mis en réserve à boire et à manger, dix volailles et une cargaison de balle et de poudre suffisante pour pouvoir faire exploser le bateau et rendre sourd les requins croqueurs.

Ils avaient encore, disposés sur un râtelier, deux mousquetons et trois fusils, ainsi le grand couteau de cuisine que Diop ne lâchait plus.

Ce dernier, pour économiser une pièce d’or, et pouvoir beaucoup manger, faisait office de cock sur le bateau.

La pluie s’était levée, et le bateau, non content de couler, prenait aussi l’eau par le haut.

Les vagues étaient démesurées.

On entendait la coque craquer comme si elle allait se rompre dans la minute.

Les voiles trainaient, déchirées par le vent, étendues sur l’eau comme des méduses géantes mortes que retenaient les bouts.

C’était la panique !

Les hommes d’équipage n’était pas assez nombreux pour gérer la crise, et les esclaves enchainés gémissaient et pleuraient, ils étaient compactés et prostrés sur le pont.

Parfois, après une grande vague, on en entendant qui hurlaient de terreur.

C’était agaçant.

Subissant de plein fouet les caprices de Neptune, les morts accrochés aux vivants par les chaines, étaient incontrôlables.

Ils allaient et venaient suivant la gite.

Les vivants espéraient leur fin, car cette fois ci, c’était les éléments qui se mettaient en rogne, la norme n’était pas la même.

Les éléments eux, ne se fatiguent pas de frapper.

M’BU avait, à force de traversées, étudié la navigation et connu quelques féroces tempêtes tropicales.

Il savait d’expérience et en latin qu’alea jacta es.

Le bateau ne supportera pas plus longtemps …

Ils allaient mourir noyés.

D’ailleurs il le dit :

- NOUS ALLONS MOURIR NOYÉS !

Pénétrez-vous son effroyable appréhension symbolisée par l’usage des lettrines majuscules ?

Parfait, suivez-moi…

La houle était démesurée et le bateau, bien que plein à raz (ceux avec un t étaient déjà morts noyés), semblait voler.

Il s’élevait à des hauteurs vertigineuses (remarquez qu’une bonne hauteur se doit d’être vertigineuse), et retombait lourdement dans des bruits de forêts écrasées par un pied de géant (La métaphore est à l’honneur).

Il n’y avait plus un seul esclave sur le pont.

Toute la cargaison était tombée à la mer, ainsi que tous les hommes d’équipage, sauf trois qui se tallaient les poings contre la porte du local ou s’étaient refugiés les deux armateurs.

Dans un élan mystique, M’BU demanda à L’KOC d’égorger un poulet comme il l’avait déjà vu faire dans quelques cérémonies vaudou, dans des pays voisins du sien, ou il razziait les esclaves en devenir.

L’KOC égorgeât un poulet et le bateau retomba avec un bruit qui laissait tout le monde dans l’évidence la plus élémentaire.

Il s’était brisé !

D’ailleurs, il ne bougeait plus, preuve qu’il était cassé ou mort, et les deux armateurs étaient allongés au plafond de leur cabine ce qui n’était pas normal.

Le bateau vibrait, un peu, différemment de tout ce qu’ils avaient put connaitre jusqu’à ce jour.

Sans aucun doute possible, il s’était échoué sur un de ces récifs de coraux qui font la dangerosité estimée par les surfeurs blonds et épilés, qui viennent apprécier la chose l’hiver, loin de Biarritz, Cap Breton et Hossegor.

De ces récifs qui génèrent des vagues gigantesques sponsorisées par Quicksilver ou Reef, de celles qui soulèvent des lames démesurées qui n’ont en retour, pas de difficultés à soulever une embarcation, même grande, comme de rien, pour l’amerrir avec force en ne laissant aux, à cet instant précis naufragés, aucune chance de garder une dent contre elle.

Lorsque M’BU et L’KOC sortirent de leur forteresse improvisée au sol plafonné, ce fut pour entrapercevoir une mer noire et démontée, aux vagues incroyablement grandes et bordées de mousses blanches.

Des cocotiers volaient dans l’air, comme de grosses ombrelles arrachées par le vent coquin à quelques précieuses.

Au sol (donc au plafond), il y avait deux marins assommés mais vivants.

Ils étaient sur la terre ferme.

La coque du bateau était posée à l’envers au sommet d’une butte.

Elle donnait l’impression qu’une grosse tortue aérodynamique se reposait sur une taupière, d’où sortaient les mats aux toiles déchirées comme les pattes d’une grosse sauterelle qui aurait réussit l’exploit de s’échapper d’une toile d’araignée.

Un baril de vin, qui avait été dissimulé dans la calle, s’était éventré, et le drôle de mutant, mi reptile mi-arthropode, semblait saigner.

Les noix de cocos, qui étaient arrachées par les bourrasques cataclysmiques, portées par un vent démoniaque, frappaient infernalement la coque exterminée, comme si elles tentaient de leur fournir un message en morse. (Pour nous bien sur, car pour eux non. Le morse n’était pas encore inventé, il faudra attendre la naissance de monsieur Morse et l’année 1840).

S’ils avaient put décoder le mystérieux message, ils auraient pour discerner, ébahis, que le végétal essayait de leur transmettre A.C.U.B.N.D.

Ce qui ne les aurait pas tellement avancé, dans la limite ou ceci ne veut de toute façon rien dire.

Ceci étant dit, ils enchainaient les deux marins et s’endormirent rapidement dans le ventre de la bête (le Léviathan dirait Melville).

M’BU était ravi que le cou du poulet tranché n’ait pas été un coup d’épée dans l’eau.

L’KOC espérerait qu’il y aurait bientôt beaucoup de poules, et beaucoup de poulets à manger...

En attendant la réponse que nous savons, les deux traiteurs ne rêvèrent de rien tant ils étaient épuisés.

Le lendemain matin, le ciel était d’un beau bleu.

Les deux négriers constatèrent qu’ils étaient au sommet d’une ile déserte, et qu’il leur serait vain, voir suicidaire, de tenter de s’en échapper.

Il valait mieux attendre d’avoir retrouvé bonne forme ou le passage d’un navire.

En attendant, ils pouvaient manger des cocos, des poissons, les coquillages accrochés à la coque.

Il fallait trouver de l’eau douce.

Dans les jours qui étaient passés, ils avaient triangulé avec les étoiles du ciel pour s’apercevoir que leur ile n’existait pas sur la carte, et qu’ils étaient à plus de vingt milles miles de la trajectoire normale.

Autant dire, perdu au fond d’un tiroir, comme une pièce de 10 centimes de francs glissée en 1981 entre les lattes du parquet de chêne du second étage de la bâtisse communale, premier étage, en haut des escaliers, première porte à gauche, à Mussy-la-Fosse 21150 (France).

J’espère me bien vous je comprendre moi.

Ils se résignèrent, au bout d’une semaine, à commencer quelques travaux pour améliorer leurs conditions de vie.

Pour les travaux, ils remontèrent leurs manches, crachèrent dans leurs mains et attrapèrent chacun une feuille de palme dont ils ne conservèrent que la nervure principale.

Grace à celle-ci, ils purent facilement utiliser leurs quatre mains, c'est-à-dire celles des deux marins prisonniers.

M’BU et L’KOC n’étaient pas racistes et ne croyaient pas en la supériorité de l’homme blanc.

Pour eux, blanc ou noir, c’était pareil.

Tant que ça n’était pas eux qui creusaient, tous les hommes étaient égaux…

Ce furent donc les marins enchainés qui creusèrent la célèbre cave dont je parlais tout à l’heure.

Le hasard voulu, alors que les deux noirs et les deux esclaves étaient sur l’ile depuis près d’un mois, que quelques indigènes des iles environnantes se perdent dans le labyrinthe de l’archipel, qu’ils découvrent l’endroit de l’échouage, et se prennent de curiosité pour cet étrange chapeau, coiffant la plus haute butte de l’ile voisine du roc fumant qui leur faisait si peur.

Les îliens étaient pacifiques parce que pêcheurs.

Ces événements arrivèrent alors qu’ils étaient en quête de quelques divinités pour expliquer les choses inexplicables.

Ce qu’ils apercevaient au dessus de l’ile était inexplicable.

Ceci comblait donc un vide, et expliquait pour eux l’inexplicable, puisque c’était devant leurs yeux.

L’inexplicable avait une raison d’être bien physique, c’était des grands et robustes noirs vivants nus dont un nourrissait des oiseaux noirs pendant que l’autre tabassait deux anges blancs.

Au moment ou ils décidèrent de croire en eux comme à des divinités, les hommes levèrent les yeux au ciel parce qu’il se passait un truc avec le soleil.

Le hasard du calendrier, ajouté à la course prévisible des astres, firent qu’à ce moment précis, la lune passa devant le soleil.

Le vent se leva, et la mer s’agita.

Pendant près d’une heure, les marins qui vivaient là une expérience unique et première, passèrent par plusieurs stades de pensées différentes.

Passé la consternation, vint la surprise, l’incrédulité, suivie rapidement de l’inquiétude, vint ensuite un profond sentiment d’isolement et de petitesse face au cosmos, la crainte sortit le bout de son nez.

Son visage était de peur, ses yeux de terreur, son corps de frisson, et deux grosses pattes que l’on nommera frayeur se posèrent chacune sur une des têtes des pauvres pécheurs.

Vint le repentir, un besoin de pénitence.

Ensuite, la crainte du lendemain qui ne serait peut être pas, remplaça la crainte du présent.

Les marins regrettèrent leur action passée, et firent des vœux pieux pour demain.

Alors que l’astre solaire était complètement caché par le satellite lunaire, et que le ciel se fondait dans la terrorisante obscurité qui colorent tous les chats de la même couleur, alors que la terre se couvrait du voile du deuil, une promesse aux dieux noirs, une prière inventée par les esprits terrifiés des îliens égarés sur leur frêle embarcation à balancier, des excuses, envoyées télépathiquement aux deux dieux noirs, exprimaient le regret de les avoir regardé.

Sans un mot, ils exprimèrent le désir d’une offrande pour calmer le courroux des deux puissants êtres nus.

A ce moment, un coq, survivant du naufrage, grimpé en haut d’un cocotier, chanta le célèbre Cocorico !

Les marins entendirent :

« Tchochqk oauhkque rithkhe oauhqe »,

ce qui, dans leur langue, signifiait :

« Qui touche des yeux doit en donner deux »

(Voir : Langues et dialectes des iles polynésiennes inexistantes sur les cartes marines au XVIIIème siècle, par Camille-Flamard et Rion-De-Mire-Poissy-Bencahle aux éditions Valmont).

Ballotés par les flots nouvellement réveillés, les marins sidérés, s’occupaient à s’agripper à leur petite embarcation que le vent et les vagues se jouaient de mettre à mal.

La lune continuait innocemment sa rotation, et le soleil réapparu.

Les rames de la barque de pêche s’étaient perdue, avalées par la mer.

Le courant entrainât l’embarcation et les deux pécheurs qui étaient dessus.

Par le déplacement libre des liquides sur un plan donné, ils se retrouvèrent, entrainés par la dernière vague, directement échoués sur la plage principale de leur ile.

Ils décidèrent d’un commun accord de faire l’offrande aux dieux noirs comme ils l’avaient demandé.

La première chose vivante à deux yeux qu’ils croiseraient sera pour eux.

Ce fut leur sœur ainée qui, curieuse de les voir revenir d’aussi bonne heure, et qui n’avait pas vu l’éclipse parce qu’elle dormait, qui se présenta sur la plage.

Ça tombait bien pour eux, car ils ne supportaient pas la façon qu’elle avait de juger le butin de la pêche, et de leur parler comme s’ils étaient encore des enfants.

Cette fille ne savait pas parler et ne pouvait s’exprimer qu’en hurlant, comme une emmerdeuse.

C’est donc sans l’ombre d’un remord qu’ils décidèrent de la sacrifier, certains que les dieux noirs sauraient en faire quelque chose d’utile.

D’un violent coup de bois flotté qui trainait, ils l’assommèrent et la ficelèrent avec des cordes fabriquées avec les lianes qui poussent par là.

Dans la foulée, ils l’allongèrent bien ficelée au fond de la barque ou elle passa le reste de la journée et toute la nuit.

Le lendemain à l’aube, ils la déposèrent discrètement sur une des plages de l’ile des dieux noirs, puis repartirent aussi sec fêter et savourer l’offrande et leur liberté nouvelle, trop content d’avoir fait d’une pierre deux coups.

Les deux sénégalais trouvèrent la jeune fille tard dans l’après-midi alors qu’elle sautait pieds joints toute embobinée sur la plage.

Elle était toute rouge de colère et se débattait comme un diable.

Elle semblait indomptable, les yeux embrasés de colère et les muscles tendus.

Elle vociférait dans sa langue natale des mots incompréhensibles pour les quatre hommes, enfin, deux hommes et deux esclaves, qui, à eux quatre, ne parlaient que deux langues un quart.

Les deux troisièmes de wolof, un tiers de portugais, auquel s’adjoint un peu d’espagnol et de français en quantité si négligeable que ça ne compte même pas (les chiffres).

Ils ne comprirent pas une seule phrase de la litanie de la jeune fille.

M’BU et L’KOC eurent des émotions en observant la jeune créature transpirante qui sentait bon l’huile de coco, et celle-ci vit leurs émotions grandir en observant des deux grands hommes.

Ils décidèrent que puisqu’on leur avait livré jusque là, c’est bien qu’ils pouvaient la garder.

Ils furent assurés de savoir qu’il y avait des gens quelque part, et ils s’amourachèrent de la jeune fille aux seins pommés.

Les deux marins esclaves la trouvèrent eux aussi très belle, mais ils firent en sorte de garder leurs émotions là ou elles étaient.

M’BU et L’KOC décidèrent de se partager la jeune fille.

Il fallait tout d’abord la dresser.

Quelques frustrations, jeûnes forcés et baffes dans la gueule bien servies, eurent raison de la force de caractère de la belle rebelle des iles.

En quelques jours, sa force physique fût rendue à rien.

A partir de là, ils la détachèrent et la nommèrent femme.

Ça n’était pas très original certes, mais ce n’était pas l’objectif, c’était plutôt le moyen, si vous voyez ce que je veux dire…

Enfin ils la couvrirent tous les deux tant qu’ils voulurent.

Bientôt, la jeune femme, qui vivait là ses premières expériences érotiques, découvrit pour sa plus grande surprise, que tout ceci n’était pas si désagréable qu’il lui semblait au départ.

Les relations du trio s’harmonisèrent et, doucement, jours après jours, elle prit l’ascendant sur les deux hommes.

A la fin de la première année, elle tomba enceinte.

Les deux hommes étaient aux petits soins avec elle.

Les deux esclaves étaient bien souvent à son service.

Les connaissances de la vie îlienne que possédait la belle insulaire, aidait bien le groupe dans son installation, et l’organisation des journées de la communauté.

En quelques semaines, les esclaves avaient couvert l’ile de cases aux toits tressés de joncs, montés de stipes de cocotiers et de grandes palmes tressées entre elles, retenues par la bourre filée des noix.

Quelques cases et parasols, quelques tapis habilement tressés des doigts en sang des esclaves, d’autres parasols sur la plage, dans la cocoteraie, quatre espaces bien choisis pour des siestes qualité club, encore un petit coin avec une case, au pied des grandes plantes, ou la sève des cocotiers fermentait pour fournir l’équivalent d’un vin de palme.

Le lieu était devenu réellement paradisiaque.

Alcool, plage, sexe, nourriture en abondance, soleil…

L’aménagement se termina par la construction d’une grande case au sommet de l’ile.

Tout ceci faisait de l’endroit un lieu de villégiature unique.

La source qui affleurait au milieu de la cocoteraie offrait une eau très pure et bien fraiche, toujours abondante, elle serpentait sur le sable blanc et allait se jeter dans la mangrove.

La plage recevait quotidiennement sa cargaison de bois flotté, et les bancs de poissons qui venaient se refugier à l’ombre des grands palmiers étaient si nombreux, qu’il suffisait de les cueillir, les ramasser comme dans un verger à l’envers.

Les poules avaient pondu et couvé, puis les poussins avaient grandi, couvert, pondu et couvé…

Des premières poules, étaient sortis des œufs très blancs, qui donnaient des poussins très noirs, qui trainaient sur la plage et dans la forêt de cocotiers, ce qui donnait au loin l’impression de petites boules de charbon qui roulaient sur le sol.

Pendant tout le temps qui c’était passé, les deux seigneurs de l’ile parlèrent à la femme la langue de wolofs et des portugais.

Quant à elle, elle se garda bien de leur apprendre la langue indigène.

Elle avait un plan.

Un jour, ils trouvèrent les esclaves à demi-morts.

Leurs corps avaient suivi leur âme qu’il s’était déjà détaché d’eux depuis un bon moment.

Psychologiquement de plus en plus faibles, physiquement à bout, les esclaves soufflaient ici leurs dernières bougies.

Ils étaient usés comme leurs chaines.

M’BU et L’KOC n’étaient finalement pas de bon esclavagistes.

Trop habitués au flux, ils étaient incapables d’entretenir correctement leurs biens.

Ceci me rappelle une histoire.

Laisser vous guider.

Cet homme avait un âne, travailleur et docile.

Chaque jour, il allait à son champ pour y travailler.

Avec son âne, il faisait tout.

Labourer, puiser au puits, récolter, transporter pour engranger ou vendre.

Chaque jour, l’homme buvait son litre de vin et l’âne mangeait son kilo de grain.

L’homme retournait le soir chez lui sous le regard admiratif des gens du village.

Tout le monde lui enviait son âne travailleur et docile.

Le matin, pendant que l’homme faisait le chemin pour son champ, il s’arrêtait à la boutique dans laquelle il avait l’habitude d’acheter son litre de vin et le kilo de grain de son âne.

Un jour arriva, malicieux, où l’homme se dit qu’il pourrait acheter un litre et demi pour lui et un demi kilo de grain pour son âne.

Il le fit.

L’âne restait travailleur et docile, l’homme était content.

Un autre jour vint où l’homme se dit qu’il pourrait bien acheter un litre et trois quart pour lui et un quart de kilo de grain pour sa bête.

Il le fit.

L’âne restait travailleur et docile, l’homme était content.

Un autre jour, il se dit qu’il pourrait acheter deux litres de vin pour lui.

Il le fit.

L’âne restait travailleur et docile, l’homme était content.

Quelques jours plus tard,

Alors que l’homme se rendait à l’écurie pour y chercher son âne et partir travailler dans son champ,

Il trouva son animal raide mort par terre,

On y voyait les côtes.

- « Quel dommage, se dit l’homme, une brave bête, travailleuse et docile, un animal qui s’était habitué à ne plus manger… »

C’est un peu ce qui se passa avec les deux esclaves.

Alors que les trois festoyaient, se régalaient de poissons, se remplissaient de poulets et s’enivraient de vin de sève dans des repas orgiaques voir dionysiens, les esclaves devaient se contenter de noix de cocos et des restes s’il y en avait.

Généralement, les restes allaient aux poules qui étaient nombreuses, et qui avaient en outre la liberté de flâner sur les plages à la recherche de poissons échoués, d’os de seiches, ou de crabes étourdis.

Les esclaves étaient donc assez souvent malades et inutiles.

Quand les deux noirs constatèrent cela, M’BU pris son fusil et tua les deux esclaves qui furent livrés aux crabes et aux poules.

L’KOC était surpris par l’attitude de M’BU et lui reprocha son geste.

Une longue heure de palabres et deux litres de vin plus tard, les deux hommes étaient réconciliés, on en reparlera plus.

De toute façon, les travaux étaient terminés.

Un matin, un des coqs chanta et ce fut un grand émerveillement pour une barque de pécheurs égarés qui passait au loin.

Des frissons leur parcouru le corps.

A la demande de l’animal, le soleil se leva !

Les discutions allèrent bon train dans la petite embarcation.

Peu après, un autre cri déchira le silence.

C’était la femme qui accouchait de deux petits garçons nés faux jumeaux.

Sur les iles, on se remit à parler des deux dieux noirs qui s’étaient installés dans l’archipel.

Un jour, une famille dans le besoin d’aide divine, vint déposer en secret des présents sur une plage.

C’étaient de beaux coquillages, des carapaces de tortures bien nettoyées, des objets en coco ornés de coraux bien taillés et bien polis.

Le même jour, une autre famille, et une autre encore firent de même.

La petite ile se trouva ornées d’autels en feuilles de palmes joliment arrangés, qui poussait sur ses plages comme des cèpes en forêt bordelaise après une pluie.

Les deux hommes qui se promenaient sur l’ile suivis d’une armée de gallinacés, découvrirent tout cela et ramassèrent les présents sans faire plus d’histoire.

En voyant ceci, la femme fut heureuse, l’heur de la femme offrit du bon temps aux deux hommes.

Quelques mois plus tard, la source de cadeaux n’avait pas tarie, et, un après midi ou la femme se promenait avec ses enfants sur la plage, elle surprit une famille qu’elle connaissait, et qui disposait sur un autel improvisé, quelques fruits exotiques dont ils étaient possesseurs uniques d’un pied.

Ils avaient aussi amenés de beaux coraux.

Surprise, la femme s’approcha du groupe sans les surprendre.

Lorsqu’ils la virent, ils se prosternèrent devant elle, certains qu’ils étaient d’avoir affaire au fantôme d’une morte.

Après qu’elle leur eut assuré que :

Non, non, il n’en était rien, elle leur raconta son histoire.


Quand je dis son histoire, j’entends bien « Son Histoire », sa version toute personnelle.

La voici tirée de :

« Contes et légendes populaire de tradition orale chantées ou contées des iles polynésiennes inexistantes sur les cartes marines au XVIIIème siècle » Par « François-Ferdinand-Latelec-Montu-de-Saint-Nice et Guthagon-Legoulec-Freulion-Montrouchu-de-Cardontin-Moulinois » Aux éditions Valmont dans la collection : Clairmon anthropologie (7ème Edition épuisée 1903 numérotée de 001 à 101 brochée sur vélin gaufré de luxe - Droits perdus).

« Mes frères m’ont sacrifiés aux dieux noirs,

Ils ont cru que les dieux, de moi faisaient bombance,

Qu’ils me mangeraient, comme on le fait d’un canard,

Mais les dieux noirs m’ont pris, et entré dans la danse,

Dans leurs bras de nuages, ils m’ont levé au ciel,

Sans crainte de mon image, ils m’ont montré merveilles,

Dans la mer d’en haut, j’ai vu le coquillage nuit,

Je l’ai touché trois fois, sans peur appréhension ou cri.

J’ai vu la terre d’en haut, la mer et toutes les iles,

J’ai vu le bord du monde, ou choient les gueux, les vils.

J’ai put de mes mains nues, toucher le feu du ciel,

Celui que l’oiseau nuit, le matin, toujours appelle.

J’ai navigué à bord, de la barque du ciel,

Et plongé sans frisson, dans l’écume essentielle.

Le lendemain matin, me suis réveillée grosse,

De mon ventre tendu, sont sortis ces deux gosses.

Les enfants des dieux, sont passés par ma porte,

L’honneur de l’univers, à voulu que je porte,

Ses enfants fils de dieux, venu vivre sur cette ile,

Pour que vous gens d’ici, puissiez vivre tranquille.

Ils sont sortis de moi, se tenant pas la main,

Les yeux grands ouverts, tournés tous vers demain,

Les enfants dieux raient et chantaient en regardant le ciel,

Ils disaient : dit aux autres de nous élever autels,

Feux, fêtes, totems offrandes en foule,

De coraux, de fruits, de poulets et de poules,

C’est en dansant sur un air de lanlaire,

Que les enfants dieux allèrent vers leurs pères,

L’un dit je suis L’KOC, fils du dieu L’KOC,

L’autre dit moi je suis M’BU, fils du dieu M’BU.

L’KOC peut tuer par le doigt c’est un juge et un roi,

M’BU tue par son œil il est juste, il est droit.

M’BU doit nourrir les oiseaux soleil,

L’KOC, les tuer pour honorer l’éveil… »

Voila, après le texte est illisible, parce que j’ai fait tomber du café dessus.

De mémoire, il disait que la fille raconta aussi des histoires extraordinaires peuplées d’animaux étranges et gigantesques, de terres noires et collantes et de mer fermée aux eaux roses.

Elle raconta des histoires de grandes baraques plus hautes que les plus hauts cocotiers (taille moyenne 25 mètres), et elle parla encore d’un millier d’autres choses, qui firent que les gens ne se demandèrent pas pourquoi les enfants ne dirent pas un mot.

Cependant, les deux petits qui n’avaient jamais entendus la langue locale, regardaient leur mère avec attention, ce qui ajoutât au crédit de ses propos.

A la fin, elle se présenta comme la femme des dieux, mariée par le tout puissant propriétaire des étoiles, mère bénie des tout puissants enfants dieux fils des dieux, grande prêtresse désignée comme lien unique entre ceux du ciel et ceux de la terre.

Les îliens l’honorèrent, et repartirent en ramant, plein de leur stupéfiante stupéfaction.

La femme raconta aux deux hommes que les îliens étaient venus pour les exterminer, et qu’ils devaient se cacher chaque fois qu’ils verraient venir les gens en barque.

Elle se chargeait de les protéger.

Le lendemain, la plage principale était couverte de présents, et une délégation demandait l’honneur de pouvoir être mis en contact avec les grands dieux du ciel.

Pendant ce temps, les deux hommes se cachaient avec leurs enfants, espérant que personne ne viendrait faire des cordes d’ukulélé avec leurs boyaux.

Patiemment, mais avec conviction et fermeté, la femme expliqua qu’on ne pouvait pas rencontrer les dieux, parce que c’étaient des dieux, et que M’BU tuait des yeux quiconque croisait son regard terrifiant, et que L’KOC avait la charge divine de s’occuper des oiseaux soleil, sans quoi, tout le monde risquait une catastrophe effroyable.

Elle leur apprit qu’en tant que grande prêtresse, elle pouvait seule communiquer avec eux sans risque, qu’il fallait donc passer par elle, et uniquement par elle, car elle seule parlait la langue magique et secrète des dieux nés des étoiles.

Elle leur resservit un peu de l’histoire de la veille réchauffée et épicée, fantastique et imaginaire.

La délégation retourna à la « maison », les oreilles pleines de soupes.

Ils étaient ravis.

A la suite de ça, pendant des jours qui devinrent des semaines, puis des mois qui devinrent des années, les îliens vinrent sur une plage toute dédiées à leur culte et que les deux hommes isolés évitaient consciencieusement.

Là dessus, les gens du coin venaient déposer toutes sortes de trésors sortis de la mer et longuement polis pour les rendre bien brillants, ils avaient la douceur d’apporter quelque fois un peu de viande, ça changeait des poulets.

En échange de tout cela, la femme les assurait qu’on envoyait l’esprit des oiseaux soleil parler pour eux au grand tribunal des causes du monde, et que le conseil céleste s’occupait activement de leur cas.

Une génération d’îliens passa, et il était devenu coutume d’honorer les dieux noirs à chaque occasion de la vie.

Pendant ce temps, les enfants des dieux noirs grandissaient nus, et la femme les modelait selon sa volonté, dans la langue des sénégalais.

Ils étaient grands et robustes, allaient sur leurs treize ans, et étaient sûrs d’être des enfants dieux.

Un jour, une éclipse de lune fut prévue par M’BU qui l’annonça à sa femme.

Celle-ci fut surprise de la révélation, et lui demanda d’où il tenait cela.

M’BU qui n’avait pas de secret pour la femme à qui il devait de rester en vie.

Amadoués par les douceurs du corps de cette dernière ainsi que des offrandes qu’elle ramenait régulièrement, il lui expliqua la course des astres comme il l’avait appris lui-même d’un navigateur.

Elle tira profit de l’événement prévu en disant aux îliens que ce soir, les dieux allaient manger le coquillage du ciel, parce qu’ils n’étaient pas content de la qualité des présents, peut être qu’ils mangeraient le ciel en entier, et, s’ils avaient encore faim, ils mangeraient surement la terre.

Les îliens promirent des cadeaux en abondance.

Cependant, la femme leur dit que les dieux allaient manger le coquillage et le recracher quand même, histoire de faire une démonstration de leur toute puissance.

Ensuite, la femme partit voir M’BU et L’KOC pour leur demander de transmettre leurs connaissances à leurs enfants.

Ce qu’ils firent.

La femme n’apprit jamais la langue des indigènes à ses fils car elle avait un plan, elle voyait loin, très loin…

Passa encore quelques années, et la femme demanda à M’BU, qui était de bonne humeur ce jour là, de lui montrer comment utiliser le bâton de feu, des fois qu’un jour les îliens attaquent et qu’elle doive se défendre avec eux.

Allez savoir pourquoi, le vin de cocotier peut être, M’BU le fit.

Le soir même, la femme chargeât deux mousquetons et elle se vengeât des souffrances qu’elle avait subit la première semaine sur l’ile.

Elle tua les deux hommes, chacun d’une balle dans la tête.

Elle expliqua, aux deux garçons de seize ans, que tout était normal et rentrait dans l’ordre des choses, et que désormais, ils étaient les dieux noirs.

Les deux garçons ne furent pas plus surpris que ça et acceptèrent l’ordre des choses.

Cette histoire ne s’arrête pas là, car la femme avait mis en route son plan machiavélique de vengeance.

Elle ordonna à L’KOC de tuer les poulets que M’BU nourrissait.

Elle leur expliqua que c’était un honneur de nourrir et de tuer les oiseaux soleil, M’BU sera l’éleveur d’esprits, et L’KOC le sacrificateur rituel.

Les deux garçons furent d’accord

Un jour, elle ordonna aux îliens, qu’on livre aux dieux noirs ses frères et leur descendance, car il en avait été décidé ainsi au tribunal des causes.

La grande prêtresse avait la générosité d’envoyer ses parents siéger à, droite du trône du tout puissant.

Le lendemain, les deux frères, leurs femmes et leurs cinq enfants furent livrés et très heureux d'être là.

A peine les îliens étaient-ils repartis, que les membres des deux familles se retrouvèrent convenablement ficelés sur la grande plage de l’ile.

On les utilisa pour faire des réparations sur les bâtiments, puis M’BU les tua sur un autel fraichement monté.

Ensuite, la grande prêtresse demanda une fille en âge pour porter les enfants des dieux.

Les îliennes se bousculèrent pour obtenir ce privilège, et le lendemain, la plus belle fille de l’archipel était sur la grande plage, ravie de son sort.

La grande prêtresse la fit couvrir immédiatement par les jeunes dieux, qui trouvèrent ici l’occasion de découvrir une bonne facette de la vie, puis la fille fut mise à l’écart dans une case ou vivait la grande prêtresse.

Cette dernière se chargeât de son éducation, et prenait bien soin de lui dicter des règles strictes et fermes mais sévères.

Naquirent les enfants, des jumeaux.

La grande prêtresse vécu avec le groupe quelques années, puis, un jour, elle chargeât une barque de richesses, et s’en fut habiter dans l’ile de ses frères.

Puissante et riche prêtresse mère des dieux, elle répandit son autorité sur tout l’archipel.

Elle intercédait auprès de ses fils dieux pour tous les gens qui avaient les moyens de payer.

Elle vécu longtemps, et eut beaucoup de pouvoir.

Désormais, le culte se passait sur l’ile de la grande prêtresse et il était interdit de se rendre sur l’ile des dieux.

Avant de mourir, elle décréta qu’il fallait une fille pour les enfants de ses fils.

Les îliens choisirent une fille très belle qui fut envoyée en formation chez la vielle prêtresse, puis quelques semaines isolée sur l’ile, où la prêtresse mères des enfants dieux, fils des enfants dieux, des dieux enfants des étoiles, paracheva l’enseignement de l’usage strict du rite.

La vieille mère des enfants dieux mourut.

Certaines légendes racontent l’avoir vu s’envoler sur un poisson multicolore qui disparu gobé par le coquillage du ciel.

La fille qui était sur l’ile avec les deux fils de la grande prêtresse, tua ses deux amants, et c’est ses enfants qui devinrent les dieux.

Elle prit possession des richesses de l’ile (que certains îliens s’obstinaient à livrer directement sur la plage), et parti s’installer dans la luxueuse maison de la grande prêtresse, devenant grande prêtresse à son tour.

Elle devint le lien privilégié entre les dieux et les hommes, en échange de dons luxueux, évidement…

Et c’est ainsi que, depuis des siècles, dans un petit archipel perdu sur les cartes de navigation, un lieu déconseillé aux navigateurs à cause des poches de gaz qui se libèrent du fond des mers, et d’une activité sismique et volcanique irrégulière mais terrible.

Un lieu qui est réputé pour ses ouragans déchainés et terrifiants, ses raz de marée démesurés, qu’une bande de pécheurs pacifiques, vivent sous l’influence d’une grande prêtresse mère des dieux et de deux métis noirs.

Ceux-ci ne peuvent, craignant le pire, quitter leur prison dorés.

Prisonnier du paradis, une ile du pacifique, n’ayant comme seul contact avec l’extérieur, qu’une vieille femme couverte de bijoux qui est leur mère et leur guide unique dans la vie, une femme aux mains tachées du sang de leur pères, les deux hommes servis par une fille soumise et craintive de pouvoirs supposés qu’elle leur attribut et dont ils ne comprennent pas la langue magique qu’elle utilise pour parler avec les sauvages, craignent pour leur vies.

Ils ont quotidiennement peur des barques qui passent au loin, ils tremblent de savoir que les gens peuvent venir les exterminer, cependant, ils savent qu’ils devront se sacrifier un jour.

Ils savent, car c’est dans l’ordre des choses, que, comme les poulets qu’ils égorgent presque chaque jour selon l’ordre des choses, ce sera un jour leur tour fait par leurs enfants afin qu’eux-mêmes puisse devenir des dieux, car ceci est dans l’ordre des choses.

Fin

Le 06.12.2011

C’est une femme qu’il me faut

C’est une femme qu’il me faut

Je ne crois pas que

Je te l’ai déjà dit sinon je le répète

Et je suis certain que

Cet amour naissant est pour toi et toi seulement

Il n’y a plus rien dans mon cœur

Je l’ai enfin compris

Rien n’est plus beau

Depuis que je suis avec toi tout est différent

Le soleil semble ne se lever que pour toi

Mon être s’est éclipsé derrière toi

Ce que je constate en prenant du recul c’est que

Je ne suis plus rien depuis toi

Je refuse de le reconnaitre

J’ouvre les yeux sur ton ventre gonflé

Garde-le puisque tu le désires

Cet enfant, celui que tu veux

Le fruit de notre nuit

Est là en toi

J’ai l’impression que tout ce que j’ai été est fini,

J’étais égaré et tu m’as pris dans tes cuisses,

Je n’écoute plus ceux qui me conseillent

Ma mère avait raison quand elle me disait

Que J’avais besoin de quelqu’un comme toi

Je me suis trompé quand je croyais

Ceux qui disaient que tu te jouais de moi

Je suis conscient de la vérité

Enfin j’ouvre les yeux sur la réalité du monde

Ma vie, mes amis, mon argent.

Ce que tu veux c’est

Que nous élevions entre nous et les autres une muraille infranchissable

Comme le disent mes amis il n’y a aucune raison pour

Que je m’affole des choses qui changent

Il est enfin temps pour moi d’assumer ma différence

J’ouvre les yeux

Enfin,

Tu me disais souvent des mots rassurants et Je croyais tes paroles mais

Il est difficile de vivre avec des gens mauvais et jaloux

Cela, je l’ai compris avec toi. J’ai compris

Mon esprit, mon corps, mon être

J’ai enfin trouvé la voie

A toi

Je ne serais plus jamais

Cet homme disponible

Tout est changé puisque j’aime

Demain, l’amour prendra un nouveau visage

Toi

Il n’y a plus de place pour

La puanteur de la vie

Prend ta valise et n’oublie surtout pas

Dans mon lit

Il y a enfin de la place


Il y a enfin de la place

Dans mon lit

Prend ta valise et n’oublie surtout pas

La puanteur de la vie

Il n’y a plus de place pour

Toi

Demain, l’amour prendra un nouveau visage

Tout est changé puisque j’aime

Cet homme disponible

Je ne serais plus jamais

A toi

J’ai enfin trouvé la voie

Mon esprit, mon corps, mon être

Cela, je l’ai compris avec toi. J’ai compris

Il est difficile de vivre avec des gens mauvais et jaloux

Tu me disais souvent des mots rassurants et Je croyais tes paroles mais

Enfin,

J’ouvre les yeux

Il est enfin temps pour moi d’assumer ma différence

Que je m’affole des choses qui changent

Comme le disent mes amis il n’y a aucune raison pour

Que nous élevions entre nous et les autres une muraille infranchissable

Ce que tu veux c’est

Ma vie, mes amis, mon argent.

Enfin j’ouvre les yeux sur la réalité du monde

Je suis conscient de la vérité

Ceux qui disaient que tu te jouais de moi

Je me suis trompé quand je croyais

Que J’avais besoin de quelqu’un comme toi

Ma mère avait raison quand elle me disait

Je n’écoute plus ceux qui me conseillent

J’étais égaré et tu m’as pris dans tes cuisses,

J’ai l’impression que tout ce que j’ai été est fini,

Est là en toi

Le fruit de notre nuit

Cet enfant, celui que tu veux

Garde-le puisque tu le désires

J’ouvre les yeux sur ton ventre gonflé

Je refuse de le reconnaitre

Je ne suis plus rien depuis toi

Ce que je constate en prenant du recul c’est que

Mon être s’est éclipsé derrière toi

Le soleil semble ne se lever que pour toi

Depuis que je suis avec toi tout est différent

Rien n’est plus beau

Je l’ai enfin compris

Il n’y a plus rien dans mon cœur

Cet amour naissant est pour toi et toi seulement

Et je suis certain que

Je te l’ai déjà dit sinon je le répète

Je ne crois pas que

C’est une femme qu’il me faut

Pause Pipi obligatoire.

Pause Pipi obligatoire.

Quand Gaétan Legoulec stoppa sa Renault 4TL verte pomme au bord de la nationale 7 pour la pause pipi obligatoire, il ne devinait surement pas à cet instant qu’il, et toute sa famille, allaient faire les grands titres des journaux le lendemain.

Ceci est une histoire, toute ressemblance…

Gaétan et Gaëlle Legoulec sont bretons, de Plouvinec par Tadoulieq.

Lui est marin pécheur comme l’était son père.

Il a de la famille en Amérique comme de nombreux bretons, et parle breton comme un vrai breton.

Gaëlle est vendeuse à la criée sur le petit port de Plouvinec.

Lui est grand, costaud, avec des avants bras à la Popeye.

Il a de grands et beaux yeux bleus profond et a la peau tannée par le sel de l’océan.

Ses mains sont ses outils et, actuellement, il porte un pull marin de couleur bleue en laine vierge qui pique un peu quand on n’a pas l’habitude.

Il a son grand pantalon de toile beige et il a ses sabots aux pieds, ceux qu’il ne quitte jamais, pas même pour conduire.

Il a de grand sourcils touffus et l’air gentil.

Gaëlle est blonde, un physique généreusement féminin sans être grosse.

Elle a les yeux bleus aussi, avec, curieusement, elle aussi ce reflet de profondeur, que l’on trouve dans les yeux des femmes de marins, habituées à fouiller la ligne d’horizon à la recherche du bateau de leurs maris.

Son visage exprime son plaisir de vivre au grand air et les rires nombreux partagés en famille.

Gaëlle raffole de ses tartes aux pommes et des tourteaux sortis des casiers de Gaétan.

Ils ont trois enfants, deux fils et une fille.

Dans l’ordre d’arrivée, Félix, Yoann et Liz.

L’histoire se passe vers la fin de la décennie soixante.

Les finances de la famille sont au beau fixe, dopées par un héritage américain d’un cousin inconnu partit depuis longtemps, et qui a fait fortune dans la capsule alimentaire.

C’est juillet et les vacances sont là.

Les vacanciers aussi d’ailleurs.

Ils sont facilement reconnaissables, ils sont soit tout blanc, soit cramoisis.

Dans tout les cas, ils sont tous parisiens.

Lors d’une sortie en pêche le 4 avril de cette année, Gaétan Legoulec et son fils rencontrent, au milieu des flots déchainés, un homme à la mer.

Cet homme, c’est Emilio Saccarelli, riche négociant dont la spécialité est la transformation des produits de la mer.

Il a une fabrique de soupe en conserve à Brest, une d’emboitage sardine vers Marseille et des séchoirs dans de nombreux ports français.

N’écoutant que son courage et les règles d’or de la survie et de l’assistance en mer, dans un élan du bras olympique, Gaétan jette une bouée de sauvetage rattachée à un bout au naufragé qui, à cet instant, change de statut voyez vous.

Emilio Saccarelli vient d’entrer, par la force du destin et un cylindre de polystyrène, dans la catégorie des rescapés.

Une fois ramenés sur un sol dur (l’embarcation « La tempétueuse 3 » de Gaétan), le rescapé donc, raconte aux oreilles attentive de l’équipage, la terrible vague qui l’a fait tomber du bateau « Titanos 2 », puis la seconde lame qui a englouti le fier chalutier dans les flots, comme une grosse dame gobe une dragée.

Des recherches seront effectuées pendant plusieurs jours, on ne retrouvera ni bateau ni marins.

Effacé de la surface du globe comme un dossier judiciaire au nom d’un ministre d’état.

Emilio est le seul rescapé, donc survivant.

Voyez comme tout cela va vite.

Il est monté sur le navire en tant que passager (car actionnaire) quelques heures plus tard, il était naufragé, puis rescapé et survivant.

Il y a de quoi penser à la légèreté de la vie.

Qui suis-je ?

Que vise-je ?

D’où vins-je ?

Etc.

Heureux de voir qu’il est encore (en chair et en os), Emilio Saccarelli invite à ses frais toute la famille Legoulec à profiter de sa grande maison sur la Corne d’or à Villefranche-sur-Mer, pour un mois et demi de vacances de luxe sur la Côte-d’Azur, où ils n’auront à se soucier de rien, la maison comporte 23 employés.

Le 4 juillet, tout le monde saute dans la Renault 4 TL, dont on a retiré les caissons de pêche, remplacés par des valises et un matelas, pour que les enfants puissent dormir s’ils veulent.

La traversée de la France est prévue pour une semaine, car beaucoup de route sont encore à l’état sauvage.

On achètera les provisions au fur et à mesure, et pour dormir, il y a la grande tente canadienne orange prêtée par les Goulignac (les voisins).

Remettons tout ça dans le contexte d’une époque ou l’on pouvait planter son camp dans un champ, un pré ou une clairière, voir à proximité de la route, sans qu’une bande de moustachus maltés ou anisés, de toute façon avide d’argent, ne débarque avec sirène et gyrophare, pour vous verbaliser d’un dixième du smic, sous prétexte que la bonne vieille mère patrie c’est pris des envies de printemps, et qu’elle flambe son pognon comme une fille sans cervelle à l’époque des soldes.

C’était l’époque ou les paysans, qui en avaient vue de belles, avaient la gâchette facile mais l’hospitalité spontanée.

Un temps loin des pirates de la route et des hargneux grognards plein de bits, habillés comme des sapins de noël et couverts de casquettes américaines.

C’était le temps ou l’on mettait un jogging pour aller faire du sport, pas pour sortir en boite.

C’était quand les voyageurs en train sortaient un morceau de pain roulé dans un mouchoir, ou suçotaient des sucres, s’ils n’écaillaient pas leurs œufs durs avec précaution dans un papier journal déplié sur les genoux.

A la tête de tout ça un président français avec un nom présentable, et un franc fort aux français qui n’avaient pas encore honte de l’être.

Une époque ou la vue d’un drapeau tricolore n’évoquait pas l’image d’un parti politique extrémiste, voir néo fasciste, mais plutôt une certaine idée de la nation.

Je vous parle d’un temps ou la France était un pays, bref…de l’histoire ancienne.

Gaétan Legoulec est un homme prudent.

La voiture n’a que 4000 kilomètres et il préfère ne pas trop forcer.

Une moyenne de 70 kilomètres à l’heure est de rigueur, et puis le but n’est pas que les enfants soient malades.

Première étape, Paris, car il n’y a pas si longtemps que l’on parlait dans l’écho de Plouvinec d’émeutes révolutionnariste.

Loin de Plouvinec, Paris est une autre ville.

Gaétan est curieux et aimerait bien voir s’il reste des restes.

Il restera sur sa faim.

Le pays, la capitale, a rapidement cicatrisé des blessures causées par l’Allemand révolutionnoïde (vingt-trois ans après le départ de ses pairs) et sa bande de joyeux fils de bourgeois arracheurs de pavés et bruleurs de voitures, ces même libertaires liberticides qui sont, aujourd’hui, les hémorroïdes posées sur les sièges du pouvoir, comme quoi, rien ne se perd, tout se transforme.

La seule chose que Gaétan peut voir c’est qu’il n’y a plus de pavés. Oh !

Le dévoreur de jeunesse, trotskiste fumeur de joint et meneur d’hommes devait avoir quelques copains chez les ingénieurs de travaux publics pour permettre aux étudiants de se familiariser avec l’exercice.

La place est nette, toute neuve bitumée.

Les enfants à leurs papas sont tranquillement posés sur le fauteuil Louis machin ou à Deauville (en juillet ? Quelle vulgarité !) un cocktail à la main, peut être chez Eugénie à Biarritz, certains sont en séjour spirituel chez le brahmane Ricrac Houskhechtellamay ou ils alternent joints, gélules euphorisantes, partouzes et partages.

D’autres jouent plutôt la carte familiale, dans les palaces, ils causent avec grand tonton Luc (riche industriel) ou parrain Denis (célèbre importateur) de la réouverture des universités à la rentrée.

Ce serait dommage de gâcher les diplômes sur un coup de mai et de se retrouver à la mine, surtout si on n’est pas le patron.

Tout le monde rit cul serré.

La comtesse dit que « c’est spirituel et enchanteur » (la comtesse adore les jeunes) et le marquis glisse mille francs dans la poche de ce cher petit. (Le marquis adore les petits jeunes).

A Paris, passage obligé par la tour à Gustave.

Petit coup d’œil sur la pièce montée de Notre-Dame pour voir si des fois un bossu ou une gitane… Fanny.

Une demi journée au jardin des plantes à regarder des animaux en cage, histoire que les gamins savourent leur liberté, et on y va.

Ça ne sent pas bon et les gens sont désagréables.

Ils posent la tente à trente kilomètres de Paris.

C’est vert donc c’est bien.

Le lendemain, petit déjeuner les fesses dans l’herbe mouillée par la rosée.

Café au lait et tartines de pâté.

On débusque un buisson pour improviser un chiot.

La petite Liz qui a cinq ans est encore un peu engourdie.

Il faut s’occuper d’elle pour s’assurer que tout est bien propre.

Liz est blonde comme son papa.

Elle n’est pas très jolie car ses traits sont grossiers et masculins mais c’est une petite fille très gentille, ça rattrape.

Trop bien nourrie, elle est un peu empotée ce qui ne rajoute rien à son bonus.

Elle est coiffée de deux grosses nattes qui pendent molles, comme des andouillettes, autour de sa tête ronde et de ses joues rouges.

Elle est vêtue d’un survêtement orange comme on aimait à l’époque.

De loin, on dirait une sorte de saucisse mal façonnée sortie d’un abattoir strasbourgeois.

Mise à part son physique ingrat, c’est une enfant attachante qui sait lire, écrire, compter et qui connait le nom des poissons et des départements.

Son maitre la dit en avance sur son âge, ce qui ne veut rien dire du tout.

On est jamais en avance sur son âge ni en retard d’ailleurs.

L’âge, c’est comme les trains japonais.

Ça part à l’heure et ça n’arrive jamais en retard et encore moins en avance.

Quand c’est l’heure d’arriver, c’est l’heure.

Quand sonne l’heure du grand départ, c’est l’heure aussi. Comme les trains vous disais-je.

Imaginons-nous un instant une situation rocambolesque :

Vous allez prendre votre train et vous êtes sur le quai de la gare, seul, ce qui est tout de même curieux.

Là, un homme vêtu de l’uniforme de la société aux tarifs extravagants et aux contrôleurs sans pitié vous informe que désolé, la qualité avant tout, le train est parti en avance parce qu’il a réussi à gratter un peu au départ.

Non content de vous dire ça le plus naturellement du monde, le gars a l’air très fier de lui, Ah !

Les billets ne sont pas remboursables.

Alors là !

Salut le rosbif à mémé et la petite chose à glisser dans la conversation entre « j’adore ta façon de préparer les salsifis frits » et « oh ! Du vacherin » sur cette sordide histoire d’héritage que veulent vampiriser les arrières-cousins-germains dont on n’est même pas surs qu’ils soient vraiment de la cousine Marthe, et retour à la case départ pour une boite de raviolis pour chien seul devant sa radio…

Les gens disent des choses parfois !

Surtout les maitres d’école, les pompiers et les facteurs.

On voit bien qu’il y a une question d’étrenne au bout du calendrier sinon, pour dire des âneries pareilles, pas besoin de faire de longues études dans des amphithéâtres sous chauffés avec des sièges qui collent.

Sans déconner, ces maitres d’école…

Si ce n’est pas vrai, dites-le…

Ce n’est pas vrai ? Hein ?...

Je ne vous entends pas, c’est donc que j’ai raison.

Ce qui d’ailleurs, et pour en finir une bonne fois avec ça, est peut être la varie raison pour laquelle les gens qui ne savent rien, ou peu, sont ceux qui parlent plus vite et plus fort que les autres, aidés parfois d’un index en l’air, en signe de réseau divin.

Bien souvent, ceux qui en savent le moins sont ceux qui en savent le plus, comme un mauvais alcool (genre poiré à Lucien, il se reconnaitra) ce qu’il y a dedans est tellement mauvais qu’on ne peut rien ajouter pour l’arranger, ça fermente, ça fermente, ça mousse et ça déborde…

Du gaz, du gaz, rien que du gaz !

En bas pour le nez, en haut pour les oreilles.

Je me comprends.

La famille Legoulec est remontée dans sa Renault 4TL verte pomme, laissant la place aux grosses limaces oranges qui les avaient repérés depuis leur arrivée hier en soirée, et qui se sont faites une véritable excursion nocturne, en restant tapies près des gros mammifères, pour être aux premières loges à l’heure de la glane, s’assurer d’être en première place pour baver sur les miettes.

Elles ont eut bien fait, il y en avait plein.

Certaines ont même trouvé le buisson aux trésors fumants mais je passe sur les détails… d’accord ?

La Renault 4L est une bonne bagnole.

Elle n’a pas couté cher, et elle se rend aussi agréable sur la route qu’elle est pratique au port.

Même bien chargée, elle roule.

On dirait que rien ne peut l’arrêter.

A fond de 4, elle ne consomme presque rien et les bornes Michelin défilent.

Les Legoulec ont du bol, les enfants sont plutôt sages, on ne les entend presque pas, il faut dire que dans la nuit, ils n’ont pas beaucoup dormi à cause des bruits de la nature de l’autre coté de la toile de tente, et puis ils se sont empoisonnés de gaz d’échappement à Paris.

Pourtant, ça leur a plut la ville, ils se sont crevés à courir dans tous les sens et se sont couchés excités comme des puces.

Ils se sont quand même tapé la tour Eiffel par les escaliers, et puis pas comme des humains, non, plutôt comme des jeunes chiens en fait.

Montre trois marches, descend deux, monte cinq marches, descend quatre…

C’est comme ça que les Legoulec ont vu que Félix, le grand, était malade en altitude.

Il a bien vomi.

Heureusement, pas un membre de la famille n’était en dessous.

Il y avait bien des gens, mais ce n’étaient pas des gens qu’on connait, alors tant pis pour eux, ça leur fera un souvenir…

Félix à 15 ans.

C’est un bien bâtit qui sort à la pêche avec son père parce qu’il n’aime pas l’école.

Il s’est battu et a séquestré son professeur de français dans un placard à, balai, parce que l’imprudent diplômé, a voulu le forcer à parler une autre langue que celle de sa grand-mère maternelle.

Du coup, Félix a eut droit à la faveur de la mise à pied, et l’autorisation d’arrêter l’école plus tôt, s’il disait ou il avait caché le corps du sinistré.

Bonne affaire pour Gaétan qui, le lendemain, mettait le pied à la mer avec son lardon emballé dans un ciré des plus canari, direction le large, ou au moins, il servira a quelque chose plutôt que se s’user inutilement les fond de pantalon et les yeux sur les bancs le l’école laïque obligatoire et républicaine.

A force de tirer sur les filets et de remonter les casiers, Félix a pris les mêmes avants bras que son père.

Félix est solide.

Chez les Legoulec, on est solide de père en fils.

En ce moment, Félix joue avec ses poils.

Il en a deux au menton dont il est très fier, et un peu plus autour de son machin à l’élasticité épatante qui lui fait dire que tout ça, ça ne doit pas servir qu’a pisser dans ses bottes quand il a trop froid en mer.

Depuis quelques jours, son activité principale se situe sous sa ceinture ou il passe son temps à caresser le velours nouveau de son anatomie, ceci de manière totalement inconsciente me semble-je obligé de préciser ici bas.

Ces attouchements incessants, l’œil dans le vide, ont le chic de river le regard de sa petite sœur sur son mouvement perpétuel, dont elle ignore totalement le sens compte tenu de son âge, et de son frère qui n’en sais pas plus.

Le petit frère s’appelle Yoann comme je l’ai signalé plus haut.

Il a 11 ans.

Pour lui, les choses sont claires.

Il veut être président.

Président de quoi ?

Il n’a pas encore choisi mais c’est son objectif.

Président. (On en a vu d’autres)

Il arbore un air sérieux, peut être à cause de ses lunettes, et a un avis sur tout, tout le temps, et ses décisions sont irréversibles, tranchées parce que muries, donc irrévocables.

Il ne sait pas ce que cela veut dire, mais ces termes plein de bon sens entendus plusieurs fois à la radio de la cuisine, salle à manger, chambre des garçons, lui plaisent.

Il pense que comptes tenu et qu’a fortiori, qu’au vu de la conjoncture et que nonobstant… Les aprioris sont préjudiciables.

Yoann est un savoureux mélange du couple Legoulec.

« La tête bien sur les épaules, comme sa mère », dit Gaétan,

« Les pieds bien sur terre, comme son père », dit Gaëlle. Curieux pour un marin mais passons…

Madame trouve que la France c’est joli mais que ça manque de vague.

Monsieur trouve que la France c’est vague, un peu toujours pareil.

Les enfants voient la France à l’envers, par la vitre de la porte arrière.

Pour eux, la France c’est une terre qui s’en, va couverte de DS qui doublent.

Au début, ils jouaient aux plaques, mais comme c’est Liz qui gagnait tout le temps, ils ont fini par arrêter.

Maintenant, ils jouent aux gens en leur faisant coucou.

Les gens sont gentils, car ils répondent à leurs signes.

Liz écrase sa grosse face contre la glace, et remonte son nez en cochon tout en tirant sa langue rose, ce qui n’arrange rien, cependant, les gens rient.

C’est toujours ça.

Félix colle ses fesses dénudées à la vitre pour fixer les suiveurs de son œil unique.

Quand ils ont fini, la glace arrière ressemble à une arène romaine après un combat de gladiateurs gastéropodes.

Liz prend une de ses nattes pour tenter de nettoyer la substance dont est enduite la seule surface vitrée et qui permet de voir la France partir.

De temps en temps, on aperçoit un clocher derrière les collines, quelques toits de maisons, une ferme isolée, ici des vaches, parfois un tracteur…

Tout le monde s’émerveille à chaque vision.

Quelques champs sont couverts de fleurs, souvent jaunes sous le ciel gris et nuageux.

Pour les Legoulec, ça n’est pas grave.

Quand on est breton, gris, c’est la bonne couleur, alors, pas de problème.

C’est la première fois que les Legoulec quittent leur Bretagne natale, parce que le bateau, les enfants, la famille, le poisson, les clients… Mais cette fois ci, ils se sont dit « tant pis » et se sont forcé un peu.

Un mois et demi de vacances sur la Côte-d’Azur, ce n’est pas donné à tout le monde.

Des Cotes-d’Armor à la Côte-d’Azur, ils décident de s’arrêter en Côte-d’Or pour manger.

Ils prennent la route de Semur-en-Auxois pour Époisses.

Gaétan Legoulec adore les fromages qui puent et en partant il c’est fait une promesse qu’il va exaucer dans huit kilomètres, visiter la Mecque du fromage qui pue…

Il n’est pas non plus contre acheter quelques bonnes bouteilles de vin pour la route, et pour faire cadeau à son copain Emilio Saccarelli, qui, avec sa coupe rose, ne rechigne jamais pour un bon canon (il a but seul tout le chouchen du bateau).

Ils posent la Renault 4 TL sur la place du village, il y a un château et un gros pigeonnier.

De la voiture, sort la ribambelle de gamins qui, bien qu’élastiques, doivent faire quelques efforts et mouvements gymnastiques pour reprendre une apparence normale.

Il faut beau (pour la Bourgogne) et une bande de locaux vêtus de bleus, passent en grognant avec leurs drôles d’accents roulés.

Pardon Rrroulés.

- L’Meugnon d’Grignon, dit qu’il a vu trois gros rats gris dans un trou très creux…

- L’Guy, l’maquignon d’Marigny aurait roulé l’Fernand en y piquant sa beurouette…

- La Marie, blonde du Glaude aurait vêlé à l’aube.

Et s’en sont allés.

La visite de la fromagerie se fait sans encombre, Gaétan se mettrait bien a genoux pour faire tout le circuit.

Il se retient.

Toute la famille nage dans un paradis.

Les anges diffusent des effluves doucereux.

Le fromage se présente pudique, vêtu d’une feuille de vigne.

- Comme Adam, dira Gaëlle

Ils achètent quelques spécimens présentés dans leurs boites de peuplier gravé à chaud, et les chargent religieusement à l’arrière avec les gamins, puis ils se rendent à Semur pour la balade.

Gaétan est content, il y a des pavés.

Un tour en ville pour acheter les inévitables gougères de chez Coudert qui sont englouties avec gourmandise, puis ils filent à Alesia voir ce brave Vercingétorix appuyé sur son glaive comme si césar ne lui avait jamais piqué.

Pas de chance.

Quand ils arrivent, la statue n’est pas là.

Ils se renseignent.

- On l’a emmené pour pisser. Répond un gars en velours bleu, gilet de laine et bâton de vacher.

Les gamins escaladent le socle vide.

Ils sont contents.

Yoann pense que somme toute, la statue n’est pas présente et qu’a fortiori, au vu des propos de l’autochtone citoyen, il semblerait qu’on ait déboulonné l’arverne.

Toute la lumière devrait être faite sur cette affaire.

Yoann pense que, dans l’intérêt de la valorisation de nos symboles nationaux, il devrait être mit en place, et ceci de manière protocolaire fixée par cahier des charges, tous les moyens aux visiteurs venus de l’extérieur, afin que ceux-ci puissent bénéficier dans le cadre de leurs loisirs permis par le développement des congés payés, donc la possibilité offerte aux français de pérégriner en saison estivale, grâce à l’amélioration des voies de communication et des transports en commun, un cadre de mutualisation des intérêts touristiques repartis sur le territoire national dans l’objectif, a moyen terme, d’offrir une meilleure vison de la globalité des attractions et point d’intérêts archéologiques visant à une meilleures connaissance des liens régionaux et inter culturaux, mortier d’une république forte, fondées sur un sentiment d’identité commune, par une histoire riche et partagée.

Mais il garde ses réflexions pour lui.

Gaétan pense que, c’est quand même une vacherie de pas de bol d’avoir fait chauffer l’embrayage de la Renault 4 TL pour se retrouver comme des merlans oublies dans la calle, plantés comme des betteraves, devant un gros bloc de béton nu.

Gaëlle pense que ça fait quand même quelque chose d’être là, même si on est pas bien sur d’être là ou on croit être, et puis que si la statue n’est pas là, ce n’est pas grave parce que nous, les Legoulec de père en fils, et de mère en fille, on est là, et c’est déjà bien.

Elle a l’œil qui brille.

Félix se dit que, si nos deux gaulois bretons étaient là, surement qu’ils ne seraient pas content de savoir qu’une bande de francs colonisateurs se sont permis de reléguer le chef de toute la Gaule celtique dans une vespasienne.

Liz se demande comment les statues font pipi.

- Maman comment elles font les statues pour faire pipi ?

- Comme toi ma chérie.

Liz s’imagine la statue portée dans les bras de son papa très fort en essayant de ne pas en mettre sur sa jupe qui pend.

- Vous devriez aller à Flavigny, reprend l’homme en cachant bien les champignons qui sont dans son panier sous une bonne couche de feuilles. Ce n’est pas loin et il y a des anis pour les gamins (le s de anis est muet).

Certains d’aller à la rencontre d’un village ou l’attraction est l’élevage de baudets endémiques, nos joyeux touristes s’engagent sur la route qui serpente au milieu des champs et des prés.

Quand ils arrivent à Flavigny-sur-Ozerain, ils sont accueillis par l’odeur fortement anisée qui s’échappe de la fabrique de bonbons.

Les enfants deviennent d’un seul coup survoltés comme un cocaïnomane en Colombie, ceci fera qu’ils ne visiteront pas la fabrique, mais la première boutique qu’ils croiseront.

C’est dommage pour eux, ils auraient put voir les petits grains blancs tourner sans fin jusqu’au calibre voulu dans leurs grandes bétonnières à sucre.

Ils choisissent plutôt de rentrer dans un café aménagé dans une grange et se mettent à table.

Ils achètent un pâté complet, deux pains, et une topette pour Gaétan, du cidre pour Gaëlle et les enfants.

Liz joue avec les bonbons, et s’en enfonce un bien profond dans le nez.

Il faudra l’assistance de la serveuse, une femme à gros jarrets experte en la matière, pour lui extraire.

Gaétan force un peu sur les topettes et apprend une chanson bourguignonne que lui répète cent fois un vieux monsieur nez.

Fin bourré, le chef de famille n’est plus en mesure de reprendre le volant.

Tout juste est il bon à prendre ses pieds, et encore…

Un problème d’équilibrage de son sabot gauche le force à des détours inutiles.

Gaétan s’endors au pied de la TL et la famille monte la tente sur le parking à droite de la porte de la ville en face de la muraille.

Le lendemain, après un bon déjeuner au café au lait, fromage et pâté, un dernier tour dans le village et quelques kilos d’anis achetés en réserve, ils reprennent la route en direction de Beaune et Macon pour le vin.

Dans la voiture, l’Époisses a rempli l’espace de son invisible effluve, ce qui fait que les passagers sont constamment affamés.

- On aurait dut en prendre plus.

Gaétan a, à portée de la main, une bouteille de vin ouverte, et Gaëlle n’en finit plus de tartiner pour gaver son monde.

La Renault 4TL n’est déjà plus qu’un tas de miettes au relent de gros rouge et de fromage.

Les enfants continuent de voir la terre partir.

Entre deux bouchées, les chansons bretonnes se succèdent mêlés de rires et de cris de guerre.

Derrière, les petits anges ont ouvert une bouteille de chablis qu’ils font tourner entre eux.

Gaétan se dit qu’ils auraient put partir en vacances ensemble bien avant.

Il rote un bon coup et reboit une rasade au goulot.

Cette histoire de statue qui est descendue pour faire pipi inquiète Liz. Il y a des choses qu’elle ne comprend pas.

Elle s’enfonce des bonbons dans le nez et les expulsent comme lui a montré la serveuse.

Couvert de morve, ils sont encore meilleurs.

Yoann et Félix se soutiennent dans l’apprentissage des convallations, contrevallations, circonvallation, contrecirvallations, circontrevallation et créent toute une série de nouveaux mots pas encore inventés par le milieu scientifique, et qui pourraient faire faire au domaine réservé aux hommes à quatre pattes, un bon de géant pour expliquer les machins des méchants.

- De deux choses l’unes… entame Yoann en croquant dans sa tartine beurre demi-sel, Époisses, pain au levain, cheveux de sa mère… On ne refait pas l’histoire… mheuk, mheuk, mheuk (il mâche)…les conditions… mheuk, mheuk, mheuk… tout laisse à penser, cette histoire n’est pas si simple qu’il y parait… mheuk, mheuk, mheuk…il faudra être ferme, il nous faudrait… mheuk, mheuk, mheuk… diligenter une commission… mheuk, mheuk, mheuk…

Un ange passe.

La Renault 4 TL verte pomme attire le regard mou d’une vache à corne qui relève un sourcil maquillé d’une grosse tache noire autour de son œil gauche.

Elle lève sa queue et écrase un mulot inattentif sous un kilo et demi d’excréments fumants.

Liz est endormie, elle a la bouche grande ouverte explorée par une mouche qui lui goute la langue.

Gaëlle Legoulec continue à tartiner comme une machine pendant que les autres mâchent.

De temps en temps, elle s’envoie une bonne goulée de rouge « pour faire descendre ».

Autour d’eux, du marron, du vert, du jaune et du bleu.

Un grand trait noir et une bande blanche dansante au milieu comme une canne pour Gaétan qui voit double.

Il commence à avoir du mal à faire le point à cause des centaines d’insectes qui ont décidé de se suicider sur le pare brise ce jour là.

Il faut s’arrêter, c’est vital.

L’occasion d’une pause pipi obligatoire.

- Ça tombe bien, il y a un lac dit Gaétan.

- Ah ouhai ? un lac ? fait voir dit Félix.

- Là, là, devant, un lac, regarde !

- Oh !

- Tu le vois ?

- Oui je vois, oh !

- Et oui fils.

- Dis donc !

- Comme tu vois mon grand…

Gaétan est heureux.

Il sourit avec béatitude et sent sa joie de père en communication extra sensorielle avec son grand gars.

Ce lac, offert aux yeux bleus de son enfant, est le résultat d’une vie à quêter.

D’un seul coup, les arbres sont différents, la couleur de la roche, la musique du véhicule en mouvement, la belle Gaëlle auréolée de lumière qui tartine, Liz qui ronfle en dormant, les mheuk de Yoann qui mâche, le soleil qui caresse les vaguelettes du lac…

La voiture sent le fromage et l’haleine envinée, il pète, tout ça le transporte, et c’et beau.

Lac [lak] n. m. : Grande nappe d’eau douce (ou salée) à l’intérieur des terres, retenue naturellement (ou artificiellement) à niveau variable (ou fixe) permettant la gestion de l’élément afin d’en accroitre la force ou la valeur dans un dessein d’utilité (ou d’agrément).

Voir : La dame du lac, le lac des cygnes, le lac rose, un lac de sang, tomber dans le lac, le lac Léman ou de Genève.

Gaétan gare la voiture sur le bas coté.

Il sort et ouvre la porte arrière.

Les joyeuses progénitures sortent en criant en chœur.

Liz crache une mouche.

Un gros camion passe et fait trembler la frêle Renault 4TL fraichement délestée.

Chacun s’affaire à son, petit, moyen, grand, kit de reproduction personnel.

Gaëlle cherche un buisson avec Liz.

Les trois males sont côte-a-côte vus de dos.

L’image de ces ombres, en contre-jour, face à la grande étendue d’eau verte scintillante, envoyant chacun un jet d’urine de trois teintes dorées différentes, enrobées d’un rayon de soleil malicieux glissé entre les feuilles d’un platane séculaire qui frémit, est des plus poétiques.

Petite contribution de l’humain au doux équilibre azoté de Dame Nature, instinctives créatures sublimes, qui ajoutent à la grande mécanique, sa modeste part de liquide plein de sels minéraux dont sont riantes les espèces végétales, ils sont, acteurs de la pièce, reliés à l’élément vie au delà de leurs semelles plastiques.

- Pisser dans la nature, c’est comme marcher nu pieds, dit Gaétan.

- On aurait put pisser dans le lac non ? demande Félix.

- Ça dépend si tu veux te baigner mon grand…

- Ah ouhai ? on peut se baigner ?

- Bien sûr mon fils.

Gaétan regarde son grand au fond des yeux.

Il lit le bonheur.

Les filles sortent de leur fourré.

Les membres de la famille Legoulec courent vers le lac tout en jetant leurs vêtements.

Ils se prennent par la main et sautent ensemble comme un seul corps d’une créature nouvelle.

Ils mourront hydrocutés.

Fin le 12/12/2011


Quand on y pense cela nous fait bien rire

Quand on y pense cela nous fait bien rire

Un jour il n’y aura plus de guerre

Des millions de gens détiennent la vérité et disent qu’

Avec les moyens que nous possédons

Nous pouvons changer le monde

Le ciel est plein de colombes

La paix universelle est possible

C’est folie de croire que

Les marchands d’armes ont le pouvoir

Une chose est sure

Bientôt les peuples du monde marcheront main dans la main

Il est impensable d’imaginer que

C’est un rêve d’illuminés crédules

Il y a en l’homme un être de lumière et d’amour

Seuls les inconscients envisagent qu’

Avec des désastres démoniaques, des catastrophes en chaine

Nous pouvons engendrer

Des concordes universelles

Tous unis, nous lutterons contre

Les sociétés fascistes, les ordres obscurs

Ayez confiance en nous, en cette petite chose enfouie au plus profond de vous

La méchanceté et le vice arriveront à leur relégation

Nous ferons en sorte que plus jamais

La ruse et le racisme gouverneront avec force

Le temps du grand changement est là déjà mais il est invisible pour tous !

Les maitres nous guideront

Le jour où il n’y aura plus d’humains plein d’idéaux comme,

Les armées sanguinaires

Car elles seront dissoutes par le flot et

Les personnalités libres et généreuses

Le rêve de liberté né avec

Les champs de fleurs et de pensées

Recouvrirons une fois pour toute et pour toujours

Les chars de guerre qui

Seront détruits, gommés de la mémoire

Ceci se passera les premières minutes ou tous les humains

Ramasserons leurs âmes

Nous sommes patients, nous savons ou va la cause car nous

Hommes libres

Nous nous rendrons maitres des temps

Ceux qui nous soutiennent savent que

C’est pour demain

La chute d’une certaine vision du monde

Soutenus par les dictateurs

Les pouvoirs fascistes

Les soutient à nos ennemis

Ce sont eux qui tomberont les premiers

Politiciens et les religieux

Nous irons jusqu’aux responsables

À La fin, il faudra stopper tout une bonne fois pour que plus jamais ça

Le bris des conflits ce sera notre œuvre

Faisons notre possible pour favoriser

Que règne la paix

Il n’y a aucune raison

Que les choses que nous aimons changent

Dans l’intérêt du groupe et de notre planète

Ce n’est pas bon, il est inenvisageable

Que l’humain continue, génération après générations à se détruire

C’est notre travail de chaque instant

Le sens de notre existence à tous

Plus d’armes, plus de guerres

Agissons pour qu’il y a ait

Une grande entente mondiale entre les cultures et les religions

Il est inacceptable d’entendre parler d’

Encore plus de misère, de déséquilibre, d’exclusion

Tous les jours dans les medias

De tout ce qui se dit, les rumeurs, les conversations

Nous sommes responsables, car acteurs au premier plan, créateurs des événements

Disons le, n’ayons pas honte, il vaut mieux dire les choses vraiment pour que tous le monde le sache

Parce que nous avons le pouvoir

Parce que nous le voulons, parce que nous le pouvons si nous nous engageons vraiment

Nous ne faisons rien pour l’autre

Nous pouvons l’éradiquer

Si nous agissons en réseau

La misère et la pauvreté couvre le monde

Des millions d’enfants meurent de faim

Il n’y a pas cinquante chemins

L’argent

Il n’y a qu’une solution pour mener le monde

Allons-y

Vous voulez la vérité ?

Qui sommes-nous ?

Nous sommes ceux qui disent

Jetez vos uniformes en tas

Avec vos armes

Faites l’amour

Nous ne disons pas

La guerre est belle, il est beau de voir le sang couler

Nous disons bien haut pour tous

La victoire est pour demain

Pourquoi tenter de nous arrêter ?

L’histoire est en marche

La fin de ce monde est proche

L’ordre des choses est établi

Bientôt il n’y aura plus besoin de penser

A vos enfants, vos familles

Vous aurez peur, mais dites simplement

Je me rends à la raison

Un jour nous vous entendrons dire

Les guerres sont finies

Ne croyez pas que

La porte du temple de la guerre restera définitivement ouverte

Si cela vous dérange, si cela ne vous plait pas, Fermez-la

Le peu d’espoir et

Ce qu’il reste de la paix

Ce sera bien suffisant pour ce que nous voulons faire avec

Les peuples qui se lèveront

Ce sera le grand moment, l’instant attendu depuis des lustres

L’on entendra plus un hymne

Certains ont du mal à croire que

Le nouvel ordre mondial est en marche

Les grandes entreprises

Et ceux qui croient mener le jeu

Nous dictent la bonne façon de vivre, de consommer, de nous reproduire et de mourir

Les peuples du monde le veulent

Nous gagneront

La paix

Nous détruirons définitivement

Les ennemis de l’humain et le mensonge ancestral

Nous, tous, réunis en groupe, nous sommes une force en utilisant les

Droits de l’homme, la Paix

Il y a des techniques pour détruire les

Raisons manipulées par les medias

C’est facile de disposer de

Toutes les capacités que nous avons

Le faire maintenant, vous ne vous imaginez pas

Les forces sont a dispositions pour

Arracher vos œillères, ouvrir votre esprit

Écouter ceux qui vous dirons comment vous diriger

Il ne faudra pas

Décider le contraire de ce que vous voulez sachez que

Vous n’aurez pas d’autre choix que de bouger

Ne pensez pas

Vous êtes des marionnettes

Regardez vos fils

Levez les mains il vous faut sortir

Dégagé des liens qui vous attachent

Nous pouvons vous former pour être

Apte à dresser la liberté d’agir à votre guise

Ne croyez pas que vous êtes

Des moutons dans le troupeau mené par le berger

Sur le chemin de l’abattoir

Des futurs soldats des futures armées

Qui sont les productrices de terreur

Penser à vos filles, vos femmes

Tout n’est pas terminé pour nous

Il est encore temps de mener la danse

Dans la voie du juste

Ne pensez qu’à marcher droit

A la liberté, au libre choix

Aucun humain n’imagine qu’il a les moyens

De vivre libre qu’

Il est hors de question

Que les gens se soumettent

Nous exigeons que nos valeurs soient au dessus de tout

Il faut que tout ceci devienne loi

Les acquis, la liberté, les valeurs fondamentales, le droit de penser et d’agir librement.

Les décisions, les objectifs sont justes contre

Les totalitaires, les ordres, les religions et les confréries

Devant le nouvel édit

N’y aura pas d’autre solution que de baisser la tête

Une dernière fois


Une dernière fois

N’y aura pas d’autre solution que de baisser la tête

Devant le nouvel édit

Les totalitaires, les ordres, les religions et les confréries

Les décisions, les objectifs sont justes contre

Les acquis, la liberté, les valeurs fondamentales, le droit de penser et d’agir librement.

Il faut que tout ceci devienne loi

Nous exigeons que nos valeurs soient au dessus de tout

Que les gens se soumettent

Il est hors de question

De vivre libre qu’

Aucun humain n’imagine qu’il a les moyens

A la liberté, au libre choix

Ne pensez qu’à marcher droit

Dans la voie du juste

Il est encore temps de mener la danse

Tout n’est pas terminé pour nous

Penser à vos filles, vos femmes

Qui sont les productrices de terreur

Des futurs soldats des futures armées

Sur le chemin de l’abattoir

Des moutons dans le troupeau mené par le berger

Ne croyez pas que vous êtes

Apte à dresser la liberté d’agir à votre guise

Nous pouvons vous former pour être

Dégagé des liens qui vous attachent

Levez les mains il vous faut sortir

Regardez vos fils

Vous êtes des marionnettes

Ne pensez pas

Vous n’aurez pas d’autre choix que de bouger

Décider le contraire de ce que vous voulez sachez que

Il ne faudra pas

Écouter ceux qui vous vous dirons comment vous diriger

Arracher vos œillères, ouvrir votre esprit

Les forces sont a dispositions pour

Le faire maintenant, vous ne vous imaginez pas

Toutes les capacités que nous avons

C’est facile de disposer de

Raisons manipulées par les medias

Il y a des techniques pour détruire les

Droits de l’homme, la Paix

Nous, tous, réunis en groupe, nous sommes une force en utilisant les

Les ennemis de l’humain et le mensonge ancestral

Nous détruirons définitivement

La paix

Nous gagneront

Les peuples du monde le veulent

Nous dictent la bonne façon de vivre, de consommer, de nous reproduire et de mourir

Et ceux qui croient mener le jeu

Les grandes entreprises

Le nouvel ordre mondial est en marche

Certains ont du mal à croire que

L’on entendra plus un hymne

Ce sera le grand moment, l’instant attendu depuis des lustres

Les peuples qui se lèveront

Ce sera bien suffisant pour ce que nous voulons faire avec

Ce qu’il reste de la paix

Le peu d’espoir et

Si cela vous dérange, si cela ne vous plait pas, Fermez-la

La porte du temple de la guerre restera définitivement ouverte

Ne croyez pas que

Les guerres sont finies

Un jour nous vous entendrons dire

Je me rends à la raison

Vous aurez peur, mais dites simplement

A vos enfants, vos familles

Bientôt il n’y aura plus besoin de penser

L’ordre des choses est établi

La fin de ce monde est proche

L’histoire est en marche

Pourquoi tenter de nous arrêter ?

La victoire est pour demain

Nous disons bien haut pour tous

La guerre est belle, il est beau de voir le sang couler

Nous ne disons pas

Faites l’amour

Avec vos armes

Jetez vos uniformes en tas

Nous sommes ceux qui disent

Qui sommes-nous ?

Vous voulez la vérité ?

Allons-y

Il n’y a qu’une solution pour mener le monde

L’argent

Il n’y a pas cinquante chemins

Des millions d’enfants meurent de faim

La misère et la pauvreté couvre le monde

Si nous agissons en réseau

Nous pouvons l’éradiquer

Nous ne faisons rien pour l’autre

Parce que nous le voulons, parce que nous le pouvons si nous nous engageons vraiment

Parce que nous avons le pouvoir

Disons le, n’ayons pas honte, il vaut mieux dire les choses vraiment pour que tous le monde le sache

Nous sommes responsables, car acteurs au premier plan, créateurs des événements

De tout ce qui se dit, les rumeurs, les conversations

Tous les jours dans les medias

Encore plus de misère, de déséquilibre, d’exclusion

Il est inacceptable d’entendre parler d’

Une grande entente mondiale entre les cultures et les religions

Agissons pour qu’il y a ait

Plus d’armes, plus de guerres

Le sens de notre existence à tous

C’est notre travail de chaque instant

Que l’humain continue, génération après générations à se détruire

Ce n’est pas bon, il est inenvisageable

Dans l’intérêt du groupe et de notre planète

Que les choses que nous aimons changent

Il n’y a aucune raison

Que règne la paix

Faisons notre possible pour favoriser

Le bris des conflits ce sera notre œuvre

à La fin, il faudra stopper tout une bonne fois pour que plus jamais ça

Nous irons jusqu’aux responsables

Politiciens et les religieux

Ce sont eux qui tomberont les premiers

Les soutient à nos ennemis

Les pouvoirs fascistes

Soutenus par les dictateurs

La chute d’une certaine vision du monde

C’est pour demain

Ceux qui nous soutiennent savent que

Nous nous rendrons maitres des temps

Hommes libres

Nous sommes patients, nous savons ou va la cause car nous

Ramasserons leurs âmes

Ceci se passera les premières minutes ou tous les humains

Seront détruits, gommés de la mémoire

Les chars de guerre qui

Recouvrirons une fois pour toute et pour toujours

Les champs de fleurs et de pensées

Le rêve de liberté né avec

Les personnalités libres et généreuses

Car elles seront dissoutes par le flot et

Les armées sanguinaires

Les maitres nous guideront

Le jour où il n’y aura plus d’humains plein d’idéaux comme,

Le temps du grand changement est là déjà mais il est invisible pour tous !

La ruse et le racisme gouverneront avec force

Nous ferons en sorte que plus jamais

La méchanceté et le vice arriveront à leur relégation

Ayez confiance en nous, en cette petite chose enfouie au plus profond de vous

Les sociétés fascistes, les ordres obscurs

Tous unis, nous lutterons contre

Des concordes universelles

Nous pouvons engendrer

Avec des désastres démoniaques, des catastrophes en chaine

Seuls les inconscients envisagent qu’

Il y a en l’homme un être de lumière et d’amour

C’est un rêve d’illuminés crédules

Il est impensable d’imaginer que

Bientôt les peuples du monde marcheront main dans la main

Une chose est sure

Les marchands d’armes ont le pouvoir

C’est folie de croire que

La paix universelle est possible

Le ciel est plein de colombes

Nous pouvons changer le monde

Avec les moyens que nous possédons

Des millions de gens détiennent la vérité et disent qu’

Un jour il n’y aura plus de guerre

Quand on y pense cela nous fait bien rire


Fin de l’ouvrage.

Fin de l’ouvrage.

Non je déconne, tu m’as cru ?

Non je déconne, tu m’as cru ?

T’es encore plus paf que je croyais t’as pas vu qu’il y avait encore des pages collées au bout du book ?

T’as cru quoi ?

Qu’c’était des recettes de cuisine de madame Legros ?

Non.

Comme tu me vois, je ne vais pas te laisser comme ça, y a de la minute à paumer assis(e) dans ton RER pour rentrer dans ta cage à lapin.

En plus, je te promets dès lors, vingt et un morts toutes plus folklo les une que les autres, tu ne voudrais pas louper ça ma loutre ?

Alors accroche toi, ramène un peu ton sac entre tes jambes (imagine que c’est moi) parce qu’il y a un gars à ta droite qui te reluque suspect.

Bon, ça y est ? T’es bien ?

Pas trop mal au derche ?

Ah ! Une précision :

Toute ressemblance

Avec certains lieux ou personnages présentés ici

Et des personnes vivantes ou ayant vécu

Ne pourraient être que le fait d’une coïncidence.

L’auteur décline toute responsabilité à cet égard

Et rappelle qu’il s’agit ici d’une œuvre de pure fiction.

Je pense qu’il est de bon ton aussi de déconseiller la lecture de cette partie de l’œuvre à un public trop jeune.

Bon aller, go, on n’a pas que ça à faire.

L’histoire s’appelle :

METADONA GRATIS.

Moteur ! Action.

Moteur ! Action.

A première vue, on ne pouvait qu’éternuer.

Le type était planté dans un container de poivre moulu. Seules ses deux pattes dépassaient visibles au niveau des jarrets, comme les deux seules choses comestibles dans une assiette décorée de façon baroque, de ce genre de restaurant qui se sont faits ateliers du petit chimiste, réservés aux riches aventuriers de la fourchette comestible.

Pour ma part, n’ayant jamais été attiré par la bouffe de laboratoire, je restais indifférent à la scène bien que considérablement impressionné par l’œuvre destructrice de notre ennemi italien.

Voyez moi, ne voyez que moi qui suis donc là, superbe, inimitable supérieur hiérarchie queue, spectateur du genre humain du crime, succulent observateur du remue ménage sanguinolent d’un maitre de la zigouille, pendant que mes poussins s’agitent dans l’épice. (Jaune sur jaune)

Après que le voyeur ait fini de faire les photos pour le dossier, mes sous mains tirent comme des basques sur les guibolles du planté pour voir ce qu’il y a dessous (est il entier ou moulu ?).

A les voir s’exciter comme s’ils travaillaient dans le privé, les yeux rouges et la peau irritée par la poussière du brule poire, j’ai, l’instant d’une seconde, une pensée pour ceux qui vont saupoudrer l’ingrédient dans leurs potages, sans savoir que celui-ci a déjà été piétiné et couvert de morve réglementaire.

Il sera conditionné dans de jolies boites qui finiront exposées comme des trophées sur la cheminée de mémé.

Je fais un calcul rapide et note bien le nom du fabricant en me jurant de prévenir maman.

Enfin ! Le type est démoulé et on peut admirer sa jolie figure.

Le type est mort (c’était à prévoir) étouffé par la poudre à cacher les dégâts gastronomiques.

Il est tout gonflé, les yeux secs, la figure congestionnée comme un boxeur amateur après un rencontre malheureuse avec Mohamed Ali pendant qu’il fouillait dans la femme de ce dernier, ou dans un parking souterrain après avoir essayer de lui chouraver sa tire.

Totalement méconnaissable l’individu, sa mère, s’il en a encore une (la présence d’un nombril laisse supposer qu’il en eut une) n’aura pas la tristesse de l’embrasser une dernière fois sans éternuer.

En attendant ici, tout le monde pleure et a les yeux gonflés. Ils reniflent.

Les plus cons se frottent les yeux (78 %) il va y avoir affluence aux urgences et des plannings à refaire pour au moins trois mois.

Ils emballent l’épicé dans un sac direction les frigos de l’institut médico-légal, on en saura plus, plus tard.

Dans la foule réunie de sur payés par le gouvernement et assimilé, je reconnais ma Jeanouille les yeux rougis et les lèvres gonflées.

Un trait de bave d’au moins trois litres pend de sa bouche comme des lèvres d’Élisabeth Taylor après qu’elle ait remercié plus qu’il n’en faut je ne sais quel lapin qui lui aurait acheté le troisième plus gros diamant du monde.

Il tousse, il crache, tiens, il dégueule.

J’allais pour m’échapper de la zone infectée quand je suis tombé sur le légiste.

Le légiste, un petit homme tout en gras et en blanc était comme un fou, une folle plutôt.

Il faisait tourner ce qui lui servait d’yeux dans ce qui lui servait de tête et poussait des gémissements qui lui aurait fallut une super promo extra sur les sanex par deux mille et dix ans de prison ou de football pour expérimenter dans les douches l’effet hypoallergénique de la chose.

Le petit gros était content, ça lui changeait ses habitudes.

Il allait avoir l’occasion d’explorer une nouvelle face de son taf.

Gris était l’homme, gris était l’espace et les larmes abondantes, versées comme gratuites, marquaient son visage comme la sueur d’un fromage italien.

Attention, pas d’origine ! Non ! Gris, c’était la couleur de l’épice dans laquelle était planté le type mort et bien mort croyez moi.

Pourquoi j’en parle comme ça ?

La raison est simple, je le savais d’avance.

Je savais que ce type allait mourir et que c’est comme ça.

Je savais aussi une autre chose, c’est que ce n’était pas le dernier.

Juste avant lui il y avait Gino, un travesti d’origine algérienne né(e) à Oran et qui se prostituait vers l’école de plongée de Nice.

Son identité était secrète, on ne sait pas comment il s’appelait en vérité mais tout ses amis l’appelaient Orangina, car c’est un homme qui appréciait d’être secoué avant qu’on le décapsule.

On l’a retrouvé gonflé à l’air dans l’école de plongé, le spectacle valait son montant de galet.

L’occasion était intéressante de constater que la peau humaine est incroyablement malléable.

Bref.

Pour vous faire une confidence, je sais moi-même, que si je ne fait pas gaffe à mes petites affaires, le dernier pourrait bien être moi.

Le gars n’aura pas de nom.

D’ailleurs, dans cette histoire, personne n’aura de nom.

Je ne voudrais pas abuser du patronyme d’une famille qui n’a rien commit.

Donc, tant que je n’ai pas de preuve, on en reste là et puis ça change des Lydie Hosauleille, des Gérard Manvussah ou des André Cétouvaire.

Tant de gens qui ont déjà le malheur de porter un nom difficile, assisté de l’humour irrésistible de leurs cons géniteurs, et qui se retrouvent par-dessus tout, tueur à gage ou prostituées dans des romans de gare…

Soyons compréhensifs et n’enfonçons ni le clou, ni le bouchon un peu loin.

J’avais une amie camarade de classe quand j’étais enfant (car je fus enfant) qui s’appelait Axxx-Lxxxx Anus, ce qui donnait tout de même A-L. Anus :-( Cette anecdote est vraie car il y a des choses qui ne s’inventent pas.

Je coule ici un bronze en sa mémoire en pointant du doigt Claude Louis et Beatrice Ludivine, ses parents odieux et sans cœur.

J’espère que ma petite amie d’école a trouvé quelqu’un a qui passer l’anneau au doigt sinon qu’elle n’est pas fille-mère d’un petit Danton.

Je passerais aussi parce que je peux, sur la description du planté.

Je vous ai déjà donné un peu celle du légiste, je ne voudrais pas surcharger tant on sait que les premières lignes d’un texte sont essentielles pour payer le crédit de la Porsche.

Celle du légiste, je vous la ferais entière et en gros plan quand il sera mort et repartis uniformément en morceau d’exactement trois kilo cinq cent grammes chacun.

Pourquoi je dis ça ?

Blasé je suis, blasé je reste.

Si on était au treizième siècle, je serais un seigneur.

Je ne voudrais pas avoir l’air d’un mec qui tient des comptes mais nous en sommes déjà au vingt et …attend… attend je regarde, vint et troisième cadavre.

Vingt trois personnages ont déjà trouvé une mort terrible dans cette histoire et nous n’en sommes même pas rendus à la page 5.

Cette saloperie d’enquête est un réfrigérateur d’athanée à cœur ouvert.

C’est simple, tous ceux à qui je parle meurent.

Attention à vous.

Pourquoi on m’a refilé cette misère dans un dossier couleur terre posé sur un sous main couleur vert anglais ?

Je ne sais pas, mon flair légendaire et mes très hautes capacités peut-être. (2)

Le dossier est bien rempli maintenant. C’est devenu un carton (recelant, avant mes superbes papiers noircis au Bic et au graphisme inégalable de mes caractères manuscrits, 15 kilos de cocaïne et de bananes en provenance des iles Canaries).

L’histoire ? Ah oui, l’histoire, il est vrai que nous sommes réunis pour cela.

Je vous fait un chapitre parce que ça fait plus propret.


Chapitre.

Bien. Je vous fais un topo rapide manière que vous ne pensiez pas que je cherche à abuser de votre temps libre.

Tout a commencé il y a environs peu.

Le premier mort, on l’a trouvé à Beausoleil (France).

Non, pas Beausoleil la ville mais la station juste au dessus.

Le type était allongé comme pour la sieste, sauf que c’était sur l’autoroute un peu à la sortie de la station, pas très loin de l’entrée du tunnel.

Je dois signaler ici pour ceux qui l’ignorent et pour faire preuve d’honnêteté et de bonne foi qu’a cet endroit, la circulation est très rapide.

C’est la moitié d’une grande descente et les deux tunnels qui suivent sont bien alignés.

1. Xnne Xaure

2. Un peu de modestie ne nuit pas

De plus, les joyeux pilotes qui prennent le départ depuis la station ont intérêt à être dans le rythme de la course parce que ceux qui se sont tapés la montée depuis Nice jusqu'à La Turbie en direction de l’Italie sont plein de besoin de vitesse comme un dysentérique à besoin de papier.

Bref.

La moitié du fret transfrontalier européen était déjà passé sur le corps de l’allongé, disons pour aller plus vite, l’étalé, et ça faisait un dessin sur la chaussé comme une pate feuilleté passée au laminoir par un pâtissier toxicomane en besoin urgent de papier pour son pétard magique ou comme une limace de Gambie écrasée par un hippopotame du Niger (au choix)

Ça tombait bien, le type était malien, j’espère quand même qu’il n’a pas trop souffert, je crois que non en fait.

Un des pilotes de nos circuits de courses civiles que sont nos autoroutes nationales (privatisées par les bons soins de ceux qui sont chargés de veiller sur nos intérêts) a dut viser et jouer du frein à main comme à la foire à la bague, parce que notre brave Tombouctanais (dans l’ignorance j’invente) avait la tête bien rangée contre une borne d’arrêt d’urgence.

Je ne sais pas si le pilote était joueur de polo ou de criquet. Si oui, il devait être bien content d’avoir marqué son but.

En tout cas, le vainqueur ne s’est pas vanté, car ce n’est pas lui qui a soufflé dans le bigo pour ameuter les lanceurs de cuillère.

Car c’est bien avec ces petits instruments de table qu’il a fallut ramasser l’individu, vous aviez deviné j’en susurre.

(3) Je laisse à votre esprit éveillé le bon soin

Pour vous conter ma vie, car finalement, ici, l’important, c’est moi, le super flic, l’inimitable et le meilleur du monde (j’arrête ici vous avez cerné mon charismatique personnage), au moment ou le Toubouctonien se faisait fouler, je me grattais avec précaution l’entrejambe au Col de Turini.

J’avais en effet une irritation à l’intimité due à une cicatrice toute récente, et mon dirlo, toujours aux petits soins, m’avait conseillé le grand air et l’odeur des pins car, disait il, l’altitude des cols, c’est l’idéal pour curer sa pxxx (3).

Homme d’expérience s’il en est, longtemps attaché au service de De-Gaulle qui n’en avait cependant qu’une et pas aussi grande que ce qu’on dit dans les salons, puis à l’appareil d’état de Georges Pompidou, aux affaires africaines de Giscard, à la prostate du roi François et que ces terres a…

L’homme savait de qui il retournait.

Je me pliais donc aux exigences du grand chef et j’opinais à ses ordonnances.

On m’installa donc dans une chambre lambrissée garnie d’un lit une place et d’une table de nuit dans un hôtel fermé pour cause de A VENDRE.

J’avais donc a ma disposition exclusive et pour moi uniquement, une salle de restaurant vide et poussiéreuse, une cheminée éteinte, un bar vide, et une fille des bois propre, pour assurer ma cure au sommet du col où on s’autorise des fantaisies seulement deux jours par ans.

J’étais éteint et souffrant, les yeux posés sur l’écran de verre d’une boite à gaver le cerveau des dindons ou se déroulait une scène pathétique issue de l’encéphale épuisé d’un scénariste de feuilleton allemand destiné à l’exportation uniquement et doublé par l’amicale des doubleurs de série à pas cher.

Je ne vous raconterais pas la scène, c’était à hurler.

Si, tiens, je t’en fais un bout.

L’ambiance :

Musique à l’orgue électronique, lumière triste, saut à l’image, le décor : Dans le cabinet d’un lifter-liposuceur…

Aller c’est parti !

Frau Greta apprend, douze épisodes plus tôt (ils font un rappel des 44 épisodes précédents avant toutes choses, ainsi je puis vous contrer) que Klaus, l’homme qu’elle aime en secret mais qui l’ignore depuis 423 épisodes, serait pédéraste et qu’il flirterait avec le docteur Herbert.

Suce-pis-scieuse, elle dirige son œil bleu à travers la fente à clé pour savoir ce qui se passe en réalité dans le cabinet du charcutier pour vieille fripée.

Au moment ou les deux vont faire la pas de ce qui s’érige depuis 1320 épisodes, elle ouvre la lourde porte garnie de cuir et de clous en cuivre avec l’air salement bêtasse de la pouf qui a répété sa scène cent fois supposant cet instant comme étant le point culminant de sa carrière.

L’homme à l’orgue électronique se défonce les phalanges à enrober l’instant de pathétisme.

La fille bouge ses lèvres désynchronisées pour s’écrier un :

- « Oh non ! » L’outrée.

On sent que ce n’est pas la première prise et on voit un manchon de micro dans le reflet de la grande glace au mur.

On sent aussi que le graveur de conneries pour pré-ménopausées séquestrées au logis par messieurs cent milles bières a dut abandonner pour :

  1. Se pendre ou se plomber.
  2. Se dire que la précision allemande n’est de toute façon plus ce qu’elle était.
  3. Se coller devant « femmes désespérées » pour savoir la suite à donner.
  4. Pointer au bistrot devant un verre de cinq litres.

Rayer la mention inutile.

Une chose est sure, le monteur à fait ce qu’il a put.

Remarquez que pour autant qu’on exige la qualité pour une Mercedes ou une Porsche (deux fois le nom Porsche…Ah non, trois… je mérite un porte clé…) autant on se fiche de la qualité des productions Outre-Rhin, ceci nous rassurant sur notre propre capacités à créer des hors d’œuvres.

Voila pour ça.

Donc, moi, moi, moi…

Je suis là en train de compter comme depuis une quarantaine d’années les glandes apparentes du destin de l’humanité dont j’ai toujours grand plaisir a admirer la forme parfaite, le volume généreux et la qualité des services rendus, quand mon activateur de cancer se met à vibrer comme le godemichet d’une demoiselle esseulée.

J’ai mit mon casse burne sur vibreur parce que la musique en boite, tu vois, c’est bien s’il y a des filles.

Sinon, je dois dire que la cinquième de Queuedehors (1) qui résonne dans la poche revolver, ou la chevauchée des valkyries chantée par la bite de mon voisin de table, ça me donne plutôt des idées de gerbe.

(1) Biteauvent - Beethoven Pff!

Le pire voyez, cher lecteur attentif, lectrice attentive, c’est quand le gars, inconnu ou ami, ceci n’a pas d’importance ici bien que je préférasse un ami, te passe de force son petit mobile, sous prétexte que tu as éteint le tient pour être peinard, et qu’il t’oblige à parler dedans, après que ce dernier (le téléphone) ait eut des mois pour s’imprégner des relents de vieux foutre et de pertes urinaires collés sur la poche de son slip kangourou.

Ceci nous laisse à penser, mais je ne suis pas là pour parler de vous.

Et si nous revenions à l’affaire telle qu’elle se présenteux ? (Je déteste cet ordinateur et encore plus le gars qui a inventé le correcteur d’orthographe qui souligne rouge)

Cette façon de souligner me fait penser à Meunier (j’omets le monsieur) maitre d’école de mon CM1 et de mon CM2 à l’école de (je tais ici le mon de la ville), devant l’église.

Un homme qui ne pouvait s’empêcher de peloter les jeunes filles qu’on avait confié sous sa responsabilité et qui étaient terrorisées par le violeur de soutien gorge.

Cet homme est toujours dans la rue et je crois pouvoir affirmer qu’il n’a jamais eut de problème avec la juste ice.

Un jour, je m’occuperais de son cas à lui aussi mais pas pour l’instant.

Continue à dormir tranquille Meunier…

Je décroche donc mon mobile en caressant de mon doigt agile (grand spécialiste des jouissances féminine, Véritable GPS du Super Point G) la touche verte de ce dernier.

On m’informe de l’autre coté de l’onde cancérigène, qu’un bel hélicoptère rouge et blanc frappé du logo d’une chic société monégasque, va venir élever ma petite personne au dessus des simples rampants (que vous êtes) pour que je puisse observer par mes yeux vus, l’étendue de la chose.

C’était le premier de la liste, j’aurais dut comprendre tout de suite que cette fois, ce serait différent et que j’aurais eut mieux fait de prendre mes affaires restées dans ma chambre au col, mais que voulez vous, même le meilleur limier ne peut pas tout prévoir, grâce à ceci, moi aussi je reste un humain

Je suis sur l’autoroute fermée.

A la hauteur de la Turbie, la tirelire a détourné le flux qui circule dorénavant sur une voie unique de l’autre coté, et une armée de policiers, pompiers, gendarmes, gars du SAMU (pourquoi ?) et des bonhommes d’ES.COT.A sont affairés à balayer le goudron.

Pourquoi ?

Le principe sans doute me dis-je en premier d’abord, et enfin je pense à la carotte que l’on nomme astreinte, prime, de prime, comme on entend dire somme-time (oui, je parle anglais).

Il est évident que dans son état (si je puis dire) il me parait incontestable que tous ces fonctionnaires sont venus ici par curiosité mais aussi pour certains certainement pour la prime de sortie.

Cependant ils y vont et ne rechignent pas sur l’heure et forts.

Le balais de tout ces pères de famille en bleu, blanc, rouge, les fesses en l’air à la Cardinot ou à la Bleisch, agenouillés comme à la belle Mecque avec des balayettes et des pincettes, des pochettes plastiques, priant un dieu invisible tout en rotant tout de même un peu écœurés de savoir que ça, c’était un être de chair et de pensée est a graver dans les annales.

.

.

.

(Trois lignes vides pour montrer combien j’ai longuement hésité entre un n ou deux)

Très sérieusement parce qu’on ne rigole pas tous les jours.

Le chef du tronçon surtaxé de l’autoroute m’explique :

- Il est primordial (il aime les mots forts) fondamental, concernant la grave responsabilité qu’est celle de l’entreprise gestionnaire, qu’une attention majeure sinon capitale soit portée à la netteté de la chaussée. Il est crucial de dégager efficacement le moindre signe de chair à cause des bêtes volantes et rampantes. Il faut impérativement éviter que des êtres vivants de la catégorie par exemple des charognards, tel le renard ou des mouettes, gypaètes, circaètes ou autres, se prennent d’affection pour la piste et viennent picorer les restes ou lécher le goudron.

- Car le revêtement est toxique ? demande-je.

- Non, non corrige l’homme en gilet orange, ça pourrait faire un autre accident.

L’homme à raison,

Ah ! Le bon sens du sens humain quand il est bon !

Un routier trop sensible, une souricette aventureuse ou affamée, un coup de volant mal habile et c’est la villa 1037 dans le Nice-Matin, ou le département entier rayé de la carte de France (Y compris le petit pays, mais pays quand même, de Monaco situé en contrée basse) par la rencontre inopinée entre les engrais « PLUVAIRE » et les savons « KIMOUSS », les « GRANDES SUCRERIES DU SUD DE LA FRANCE LIBRE » et les raffineries « J.E.T. AHNMHERII », ça ne s’invente pas.

L’équarrissage, une fois le sentier payant karcherisé à la Buda-peste-oise, reprend la route de la soif.

Moi non, je reste là et je mate la tête du black.

Il a l’air moins noir curieusement.

Aidé d’un coton tige stérile, je fouille dans ses orifices (il lui en reste tout de même 5) et dans son nez je trouve ?

Je trouve ?

Oui !

De la cocaïne !

Il a l’air surpris, un sourire mystérieux sur les lèvres du genre Mona Lisa comme si tout s’était passé très vite et sans douleur… Chtak-chtak !

Il est mort content, en pleine montée ça fait plaisir à voir.

Le légiste referme son panier (pas à salade, à tête) et se le colle sous le bras. Il part rejoindre les pompiers et les miettes.

Pourquoi je suis là ?

Pourquoi on m’a fait descendre de ma montagne ?

Pas parce qu’on m’a collé à la circu. Non, non !

Que nenni mon ami, niet Henriette, zéro Karl, du tout Dugenoux, tu t’fourres petit, tu t`es trompé Babar, gamelle Marcelle, planté José !

Je suis là parce que le coco plein de coco je le connais !

Et oui ! Voila mon gars !

Enfin j’le connais, on n’est pas intimes, je c’est qui c’est, ce n’est pas mon ami ce mec, non, non, ce serait plutôt le genre ami de personne en fait, et je plains personne.

Un loulou qui combine avec des gens vraiment pas bien, un trafiquant de tout et de tout !

D’où que oie quille que je dis que ça ?

Chatre pitre.


Châtreries

Nous nous sommes rencontrés voila presque vingt jours dans un de ces club qui font l’intérêt de cette profonde et pathétique Espadingue.

Dans un de ces endroits avec pignon sur rue qui font une raison pour certains de mettre les pieds dans ce mauvais coin du monde.

Aidé de quelques peu corrompus de la police de ce … pays (je crois qu’on dit comme ça) qui nous servaient d’accompagnement.

- Et de traducteur ?

- No, no, hablo perfectamente el idioma de los buros.

Nous nous étions déplacé, mon vieux complice Jeanouille et moi-même, pour mettre sur pied une forte réception de poudre d’espagnolette venue tout droit des pays libérés du colonialisme de ces derniers (double sens) par les routes mystérieuses pratiquées par les marchands de petite mort.

Le club était genre grand et luxueux avec une enseigne plus grosse que celle d’un Karouf ou d’un Decalkons (vous savez ces enseignes qui gangrènent les entrées de nos villes).

L’enseigne représentait une bipède d’espèce humaine vêtue de rien et d’une rose rouge plantée entre son entre jambe. La chose portait le nom évocateur de

« Culito Calientito Cabaret Club Bar Discoteca Spa Sauna Piscina”.

On nous avait recommandé vivement ce lieu de culture et de divertissement comme un inévitable rond point sur les routes de la culture de l’amusement débauché et de la luxure spagnolasse.

L’endroit était comme à la télé.

Fauteuil pour trois, plastique qui brille, filles en silicone et musique toute droite sortie d’usine.

Il y avait une quinzaine de clients avachis sur des banquettes de velours ignifugées qui consommaient tous du whisky tiré d’une bouteille posée sur la table avec, servis dans des carafes, la potion miracle du professeur Pimberton, l’idéal pour faire disparaitre votre victime ou briller les cuivres et du jus d’orange frais, de Balence surement.

Sur la piste de danse flashée et animée de projections colorées, la marchandise s’étalait tout en cuisses et en seins.

On aurait cru un catalogue Pire un Porc.

Chinoises en déshabillé de soie,

Russes super blondes vêtues seulement d’une toque de fourrure d’animal mort,

Cubaines aux lèvres…aux lèvres,

Des dominicaines à faire bander un moine,

Une fausse américaine aux gencives proéminentes,

Des espagnolinettes épilées et lavées,

Des genres italiens, Mama mia !

Des un peu arabes qui se dévoilaient, des slaves, des asiatiques, indiennes, africaines façon Grace Jones…

On se croyait sur internet, c’était presque trop beau pour être vrai.

Je triquais comme un pervers, je leur aurais bien promis un diner aux chandelles et ma grosse bite ou, comme dirait Bebel :

- « Mademoiselle ! Ce soir, deux couverts à l’auberge de la motte… »

Seulement, seulement…à suivre…

On (je dis on des fois ça fait plaisir aux collègues - On est susceptible dans notre confrérie), On donc (sinon les gens râlent ils disent que je ne parle que de moi) On (Les gens sont irritables et minutieux) On (pas capables de tenir un stylo mais toujours près pour la première ligne) On donc, et puis merde à la fin !

JE m’installe au bar et JE commande un Martini-Gin parce que JE veux et je vous chie dessus !

Le serveur me sert une demi-bouteille de martini versée dans une demi bouteille de gin noyant un glaçon assez gros pour faire recouler le Titanic, le tout dans un verre en plastique (ce n’est donc pas une verre CQFD) aussi volumineux que les récipients pour obeses dégénérés américains qui se gavent de sandwichs à crédit sans bouger leurs « Incredible » (je vous avait dit, je parle anglais) gros culs de leur bagnoles caricaturesques responsables à chaque kilomètre de la mort d’un enfant africain, amérindien, asiatique ou sud-américain, affamé par les grands groupes fascistes maitres du pays, et qui arrachent le grain de riz de leurs bouches affamées pour le distiller et le transformer en essence.

Je reste un peu con devant mon abreuvoir à veau.

Pendants ce temps, les pollos (poulet en espaniche) sont déjà sur les rangs et dégueulent leurs vulgarités à l’enseigne des jeunes demoiselles artistes de leur états.

Trop habitués à la corruption, ils refusent de payer.

Et là, d’un seul coup, le temps ralenti, la musique semble s’estomper.

J’entends le boum-boum de mon cœur et mon corps se met à vibrer au son de mon palpitant qui part en vrille.

Là mon gars, auréolée de lumière, semblant portée par une énergie sortie du sol, apparait la bombe sexuelle du siècle, une fille que t’y crois pas, la grâce même, le genre de nana qui peuvent, sur un battement de cil, remettre en cause les plus grandes fortunes du moyen orient.

Tu vois Lady die ?

Et bien tout le contraire

Super grande, brune, cheveux longs genre pub pour shampooing, un visage ovale typé un peu malgache, les yeux violets qui envoient autant de couleurs qu’ils peuvent en recevoir, un cou à faire rêver un guillotineur, des lèvres pulpeuses recouverte d’une abondante couche de graisse de baleine morte couleur sang, un nez fin presque trop parfait et des oreilles si mignonnes qu’on aurait envie d’en couper une pour la garder dans son porte-carte.

Dessous, une paire de loches à faire pâlir une tourangelle, un ventre plat mais plat, et des jambes d’au moins deux mètre cinquante mises bout à bout supportant un cul mon n’veu que même s’il n’y avait pas de jambe au bout on pourrait toujours s’arranger.

Il faut reconnaitre que tout de même, la nature fait parfois bien les choses.

En plus elle portait le numéro huit, mon chiffre favori car il possède deux entrées.

Je m’enfile trente centilitres du cocktail James Bonde pour éteindre le feu en moi et me remettre de mes émotions.

N’oublions pas que nous sommes toujours dans une ambiance temps ralenti et cœur boum-boum.

Je vous dis ça parce que ça y est, on quitte tout ça et on revient dans un déroulement normal des événements qui nous intéressent. (La fille vient vers moi comme aimantée et je ne peux pas la faire parler au ralenti, ça gâcherait tout)

Ça y est, la fille est vers moi, en plus elle sent bon.

- Vous buvez quelque chose mademoiselle ? (oui je sais, pas très original)

- ¡Ouah ! ¡Ola guapo ! Tu es français ?

Oui je répond et tout de suite elle me dit que je suis beau, qu’elle est roumaine, qu’elle adore la France, Paris, la tour Eiffel, Amélie Poulain, l’omelette, le vin et mes yeux.

Elle me dit qu’elle aimerait du champagne parce que ça la rend folle, et que je suis bien sapé, puis elle me parle du soleil sur sa peau, et qu’elle adore la couleur de mes cheveux, que la chaleur c’est bon comme le sexe, qu’elle aime s’alanguir les cuisses ouvertes parce qu’elle a horreur des marques de bronzage, et que le son de ma voix la berce.

Elle laisse glisser la bretelle de son bustier 40% coton et 60% acrylique sur le bas de son épaule droite.

D’un geste, je lui remet en place, elle frissonne et ses lèvres tremblent un peu, elle mi-ferme les yeux comme si elle venait de passer la meilleure seconde de sa vie, puis elle plante ses yeux au fond des miens, avec sa main posée sur le haut de ma cuisse tout en jouant de la cerise confite entre ses lèvres brillantes.

Ensuite ?

Elle coupe la cerise en deux avec ses dents email diamants, et de deux doigts manucurés, elle en saisit la moitié qu’elle me glisse entre les lèvres.

Que voulez vous que je fasse hein ?

Que feriez-vous fait à ma place ?

Je ne vais pas la cracher cette demi cerise confite !

Pauvre petite qui partage son seul repas avec moi.

Non, je gode la cerise et je m’envoie une autre dose de mon cocktail pour la faire descendre.

Il faut quand même que vous sachiez que j’ai horreur de ces petites boules pleines de sucre et de colorants.

Je, enfin, nous, elle aborde le fond, le vif du sujet, en me proposant d’aller dans un endroit plus calme, qu’elle a tout ce qu’il faut dans sa chambrette, et que c’est à deux pas.

Je crois entendre le chant « ais confiance » du livre de la jungle.

Voyant que mes collèges espinguinards ont déjà quitté la place pour aller limer, je me laisse envouter par la siroumaine (délicieux jeu de mot créé par moi en mixant les mots sirène et roumaine) et nous nous éclipsons vers ses appartements.

Rideaux en voile saumon, lumière tamisée, grand écran avec lecteur DVD et une collection tout à fait honorable de films pornographiques, allant de l’érotique suggestif aux démonstrations chirurgicales de l’acte de reproduction.

Un bar en acajou bien achalandé et un morceau de Sade dans les enceintes Ak… (Oh j’ai failli donner la marque comme dans les S.A.S.)

Elle me dit :

- Sert moi un cognac Léo De Lag…

Merde ! Pourquoi ?

Sort de là, traitre à la littérature !

Esprit vendu au capital !

Je re ok ?!

Un bar en acajou bien achalandé et un morceau de Sade dans les enceintes.

Sade la chanteuse, pas le Marquis, hein ?

Il y a un lit rond grand comme un terrain de football.

Dans un coin, une cabine de douche en verre poli, c'est-à-dire transparent, pour pouvoir profiter des ablutions et des doigts de la demoiselle qui naviguent librement sur (dans) son corps de rêve.

Je n’ose pas lui demander comment elle en est arrivée là. Une belle fille comme ça, c’est quand même gâcher de la voir dans un endroit comme ça.

D’accord, je brise le rêve, mais ce rêve s’appelle un bordel et la fille une prostituée, une marchandise, un être à vendre au kilo ou a la pièce, une pauvre enfant égarée sur les chemins de la tromperie et de l’argent promis par quelques mafieux bien installés avec pignon sur rue, pour exploiter le malheur ou la crédulité de pauvres innocentes venues là pour chercher la vie, la dignité, un travail de serveuse ou d’hôtesse, un avenir meilleur.

Tout ceci avec la complicité d’un état européen qui vient avec ses grands airs, un morceau de tortilla entre les dents et une trace de sangria sur sa pochette en soie (volée à un touriste à Garcelone) de son veston, tacher les tapis de notre belle union du sang pas encore sec des pauvres herbivores qu’ils saignent comme des projets leader ou inter reg.

Ce pays de fou, nés crétins.

N’allez pas croire que j’avance des choses comme ça de manière gratuite, cela fait deux ans que je les étudie de près, de trop près.

Toutes les phrases que je dis sont réfléchies et bien.

Regardez ces « gens » qui font de fêtes ou a chaque fois ils savent d’avance qu’il va y a voir des morts, généralement un petit vieux grabataire ou malade, ou une décervelée à la bière qui se fait encorner à sec.

Ils ne parlent qu’une seule langue, la leur, le bastillant, une langue de bois.

Sincèrement est ce qu’il ne faut pas être complètement furieux pour élever un animal (par exemple leur célèbre tueur « Raton ») avec la conscience que ce dernier va arracher une vie innocente ?

N’est ce pas un meurtre avec préméditation ?

Pire, à chaque sortie d’animal dans la foule, les crétins, medias compris (car il faut voir leurs chaines de télé) attendent le mort de la saison.

Ainsi, tous heureux, ils peuvent pleurer sur leur pathétique culture de la médiocrité et d’un fatum tiré par les cheveux et trainé sur cent mètres par un ongulé.

Le pays on l’on vient voir la misère dans son élément, devenu le bordel de l’Europe, la plaque tournante du crime organisé, le panier de crabe des cancers mafieux, les esclavagistes cueilleurs de fruits et légumes bradés au marché des subventionnés, une bande de débiles des plateaux, des gens qui ne savent parler qu’en sifflant et criant, devenus maitres dans l’art d’empoisonner le monde, via toutes sortes de combines politico-policières qui bourrent le nez de nos contemporains de poudre, les poches de nos enfants de hachich, les oreilles des déglingués de techno…

Le, je crois et qu’importe si c’est faux, seul pays d’Europe, peut être du monde, ou l’on donne aux adolescents à l’école des cours de masturbation, et ou les sex-shops font l’étalage de leurs marchandises dans les salles de classe ou l’on oblige des enfants de 15 ans à manipuler des sex-toys !

A croire qu’on veut qu’au plus tôt il développent un maximum de vice pour ajouter au nombre de leurs prisonnier, (l’Espadingue est le pays d’Europe avec le plus grand nombre de prisonniers par habitants) pour viols ou troubles de la conception des rapports humains, peut être pour former de vraies générations de détraqués sexuels, de prostituées, d’actrice porno, ou simplement habituer le peuple abêtit et soumit à rester dans son lit et se satisfaire de ce que la nature à donné (souvent moins que ce que voudrait le porteur)

Ce ... pays que, comme vous avez compris j’exècre, ou le seul plaisir que je ressens à y être aujourd’hui pendant que je vous écris est celui de me dire que tout les jours je chie sur l’Espadingue, qu’elle soit casque, bandamouse, chatteàl’âne… cela m’est égal.

Ce petit coin puant ou l’on trouve plus de kilomètres de constructions répugnantes qui ont transformé quelques belles plages d’Europe en un tas d’immondice digne d’elle-même, et de béton, sous prétexte de développement (et ta sœur elle fait partie de la mafia ?) en bâtissant à tour de bras des logements aujourd’hui vides destinés à servir de dortoir estivants aux anglais, allemands, peuples du nord et malheureusement français, qui viennent ici décharger leurs réserves de foutre dans des filles à louer et vomir dans la rue puisque c’est autorisé.

Cet endroit du monde, qui ressemble à un pied-bot, d’où rentrent par tous les ports ce qui est sans aucun doute la première richesse du pays, la mort de vos enfants et de la civilisation éveillée en plaquette ou en gélule.

Cette con-patrie qui, incapable de gérer ses dissensions territoriales enferme un peuple Casque dans des prisons insalubres… NB : Attention, je ne soutiens en aucun cas l’action terroriste, tuer l’innocent est mal, quelque soit la cause, mais flinguer des flics colons, oui, le premier ministre d’un dictateur, pour moi, pas de prob.

Ces mêmes prisons ou l’on utilise des logiciels copiés sur les ordinateurs sans aucun respects des droit de propriété ! Je l’ai vu de mes yeux qu’on ne vienne pas me chanter le contraire.

Ce pays ferme les yeux sur les exactions des militaires qui massacrent sans vergogne le peuple sahraoui, victimes abandonnées des grands mots de monsieur Chausseur et de sa bande de pompeur de subventions.

Leurs partis politiques se noient dans des guerres de partis pour savoir qui pourra continuer à se gaver du sang de notre réunion d’intérêt.

Pendant ce temps, leur « roi » héritier du fascisme pur, se présente non rasé aux réunions officielles (peut être non lavé) sa phrase qui restera dans l’histoire est « porque no te caía » (Pourquoi ne fermes tu pas ta gueule ?).

Voila j’arrête ici, ça va mieux, je suis un peu plus calme.

Cependant, j’y reviendrai peut être plus tard.

Toutefois, je vous sens désabusé.

Mais oui, je suis comme ça moi.

Il y a des choses que je n’aime pas, c’est ainsi, je le dit.

Et si ça ne plait pas…

J’EMMERDE !

Dans le monde, rien ne va, rien ne me plait et je ne me roulerait pas dans la médiocrité comme un chien dans une merde de renard, sous prétexte que tout le monde le fait ,et qu’il faut se nourrir des rêves que l’on trouve à la télé, au ciné, dans les bouches trop blanches des conteurs de fables et des voleurs de voix, et même automatiquement distribués par la machine dans nos boites aux lettres.

Mon sexe est assez long merci, non je ne veux pas de viagra.

Les urnes sont pleines de la bêtise du peuple, le peuple est plein de bière, de rêves de loto et de réussite facile.

Le monde d’aujourd’hui est plein de gadget et de choses jolies et bien colorées tout ceci fait penser à un parc pour surveiller des enfants débiles

Chacun tapote comme un bonobo de laboratoire, s’extasie sur son téléphone à la con, rêve de conduire on ne sait quelle bagnole de luxe, d’avoir la même montre que le petit fils de refugié qu’une bande de facho décervelés a posé sur la plus haute marche du pouvoir, et qui, déshonorant la fonction n’a trouvé de mieux que de nous coller à la place de Nadette (qui n’était déjà pas ce que l’on fait de mieux –par exemple le business des pièces ) et de Tatie Danielle, une fille dont on peut voir le cul sur internet.

Quand on voit ça, quand je vois ça, moi, moi qui vous raconte mes histoires de flic au service de la nation de mon pays, moi qui suis né en France de parents français issus de ce qui fut l’embryon d’une des plus vieilles terre de ce beau pays… J’ai honte.

Voila la France, voila…

Des milliers d’années pour en arriver là, des grèves, des révolutions, des guerres, des avancées sociales pour rien.

Rasons les monuments aux morts, rayons les noms de nos grands hommes, brulons les livres d’histoires et les discours de Jaurès, la France est morte, assassinée par un enfant de l’immigration, tuée par celui la même dont elle aurait dut être fière.

Enfant au nom d’ailleurs, nourri au sein maternel de notre belle nation, celui qui, bien qu’étranger de sang, elle a accueilli, protégé, élevé, et en qui elle a mit son espoir, tenté d’y inculquer ses valeurs, celui qui, avide d’être ce qu’il ne sera jamais, a voulu, pour combler sa tare, saigner sa mère pour s’abreuver de sa substance comme un vampire prend la vie de sa victime.

Il a, planté ses grandes dents dans l’âme de notre beau pays et aspiré ses valeurs, son aura, pour les rendre à la sortie, à sa façon fumante.

Le christ disait « Tout ce qui rentre en l’homme est pur, tout ce qui en sort est impur ».

L’être s’est repu du sang versé par nos pères et a rendu ce système, qui n’était bien sûr pas parfait, mais qui fonctionnait fondé sur le respect des hommes et de la fonction, et sur l’intégration.

Il a tout vomi comme un ivrogne sa vinasse, dans le caniveau des immondes, en un système générateur d’exclusion, de discrimination, d’injustice.

Français, toi qui rêvait d’un président incompétent, insultant, démagogique et raciste, pourquoi ne l’as tu pas élu Français ?

Il y a vraiment des choses que je ne comprendrais décidemment jamais et il m’en arrive parfois à penser que tout devrait s’arrêter demain.

Voyez comme l’esprit divague.

Je suis là dans cette chambre de luxe, avec Miss plus belle du monde et je m’égare je m’interroge sur mon vrai rôle dans cette société qui ne me correspond pas, je n’ai pas été élevé comme cela.

A mon époque, il y avait des cours d’éducation civique a l’école, aujourd’hui, j’ai l’impression que tout ce que l’on m’a appris en classe était faux.

Cette fille me fait penser à notre civilisation, elle en est en quelque sorte la synthèse.

C’est une belle fille, bien nourrie avec toutes les bénédictions de la vie, enfermée dans un club mafieux pour qui elle vend son âme et son corps, selon le client, selon l’événement.

La fille vient de sortir de la douche.

Elle est enroulée dans une grande serviette éponge et ses cheveux descendent en cascade d’ébène sur ses épaules dénudées.

Une goutte glisse depuis son front jusqu’au bord de son œil, puis entame la grande descente au bord de son nez pour mourir sur ses lèvres démaquillées.

On dirait que son âme pleure.

- Qu’est ce que tu as ? me dit-elle, tu as l’air bizarre.

Je ne tiens pas forcement à m’expliquer, je dis que ce n’est rien et que je pensais à autre chose.

Elle s’assoit à coté de moi et ouvre un petit coffre d’où elle sort une boite en bois de thuya.

De là, elle extirpe une autre boite en inox dans laquelle se trouve une sélection de tout ce que l’on peut imaginer comme produits chimiques pour faire planer le désespéré.

Autant cette fille a put me plaire quand je l’ai vu apparaitre, autant maintenant je n’ai plus envie d’être là.

De plus, je ne suis pas venu jusqu’ici pour la bagatelle, les produits sur gondole, je les préfère à Venise, ici, dans ce super marché du cul, j’ai la nausée.

Il faut pourtant que je cause à cette minette car, selon mes sources (deux ans à courir le pays du saucisson d’âne pour glaner ça), c’est ici, dans ce lit, que M. (le malien) vient rependre ses mauvaises secrétions d’homme qui lui aussi a quitté son pays pour ajouter la merde à la merde.

Il y a pour moi de nombreux types d’hommes.

Il y en a deux facilement identifiables.

L’homme endormi qui traverse sa vie dans l’erreur et l’homme éveillé qui voit l’erreur traverser sa vie.

Au premier on peut pardonner car il s’est endormi (ce peut être un accident).

Au second on peut pardonner car nul n’est à l’abri d’une erreur.

Il y a, par-dessous ces hommes, une autre, des autres quantités de sous-humains.

Une pour commencer.

L’homme endormi qui voit passer, comme des rêves qui s’effacent, des erreurs traverser sa vie.

Celui-ci est dangereux.

Inconscient de la portée de ses actes, il cause de grands dégâts dont il n’a pas conscience.

Croyant que rien n’est rien, il ne vit que pour son sommeil.

Il peut, sans jamais être lesté du poids de sa conscience, ordonner ou exécuter des taches.

Il vit jusqu'à mourir car il est né pour cela, sans autre vision que celle de ses yeux embrumés de sommeil.

Il cherche à tasser son oreiller et à s’échapper dans les fantasmes de ses petits songes de petit endormi de la vie.

Ça, c’est le con moyen, vous en avez forcement un près de vous, car il est la grande majorité.

Ça ne s’engage pas, sauf si on colle des affiches sur les murs pour aller crever au Chemin-des-dames.

Il ne tentera rien pour améliorer son quotidien et fait le chiffre d’affaire du bistrot du coin.

Ça ne soutiendra pas son voisin dans la peine, ça croit que le gars qui habite en face n’existe pas.

C’est l’automate qui voit ses enfants sécher l’école et se payer des fringues hors de prix sans se demander d’où vient l’argent.

C’est l’être sans cœur qui voit tous les jours sa femme s’enlaidir du manque d’amour, celui qu’on voit au bar endormir sa vie à coup de Picon bière ou de pastis, le fonctionnaire lahnda qui pointe en regardant sa montre, l’ouvrier qui gâche, le serveur qui ne sourit pas, le gars qui reste assit la clope (ou le joint pour les plus jeunes) au bec à regarder l’ombre des choses en attendant de rentrer pour attendre que le soleil revienne, jusqu'à mourir pétrifié dans sa passivité et son victimalisme entretenu par l’engrais de son inutilité.

Celui là, il vote aussi.

Rarement pour.

Celui là, il vote contre.

Les noirs, les arabes, les juifs, les femmes, les chômeurs, les jeunes, les rouges les roses, l’action, l’histoire, l’intérêt national…

Lapin dans son clapier, veau bien rangé pour sa place à l’abattoir, il est le légume de la soupe populaire versé aux oreilles des ignares par des medias abêtissants et des politiciens équarisseurs.

Celui là, il en faut, elle en veut l’ogresse sociale !

Il va au stade, à la guerre, il va arpenter les rayons des temples de la consommation, il contracte son crédit, fait la relève, pense peut ou pas, en tout cas ne pense pas trop loin, pas trop haut, et si jamais cela lui arrive, il ne le dira pas, trop peureux des tortionnaires à couteaux tirés au sommet le l’état corrompu qui n’auront aucun sentiment à lui couper la langue s’il la tire.

Il a fallut des années pour le concevoir.

Aujourd’hui il est là en majorité, pur produit de l’après guerre, celui là, il a fait la révovolulution, il c’est rempli de sexe, de drogue, de rock’n’roll, il a disséminé le sida sur la terre à force de partouser, décidant que dieu est un con et que les règles sociales installées depuis cinq milles ans étaient mortes avec la bombe de papa Tom.

Celui là, il a tiré sa charrette comme un âne décervelé, sans regarder ou menait sa route.

Aujourd’hui, celui veut sa retraite, ses avantages il est parvenu par un système construit sur la glace, au milieu du lac.

Celui là, aujourd’hui trop vieux, il ne peut plus avancer, alors il baisse les yeux, vaincu, et il s’aperçoit seulement maintenant que le frottement de ses sabots a fait fondre la glace, qu’il a vécu dans l’illusion, qu’il a fabriqué son rêve tous les jours un peu plus, alors, plein de son égoïsme d’idiot manipulé, d’enfant cru gâté, il donne du talon en souhaitant que la glace se brise et qu’avec lui tout s’écroule.

Les enfants gâtés font les parents gâteux.

On a ce que l’on mérite et ce que l’on hérite, c’est ça.

Merci messieurs dames, il ne fallait pas vous déranger pour rien.

Ce sont eux qui ont conduit la société dans l’égout dans lequel elle se trouve aujourd’hui, et ce sont eux même qui jettent sur elle un regard haineux, pensant résoudre leurs méfaits à grands coups de charge hongroise ou de nettoyeur haute pression, d’antidépresseur, de crédit a la consommation qui ne fait qu’appauvrir encore plus le pays et générer de l’inflation, entrainant sa jeunesse à sa suite dans la grande chute, se raccrochant à ses enfants pour mieux les exploiter, n’ayant plus comme seul moyen, pour réchauffer leurs corps sans vie, que de couper l’arbre qui porte les fruits, pour en bruler l’essence sur le bucher sacrificiel de leurs dieux païens et opportunistes qu’ils nomment bourses.

- Tu veux du viagra ?


Foutre pitre !

- Hein quoi ?

- Tu veux du viagra ?

- Non je bande encore comme dirait Brassens.

- Qui ça ?

- Un chansonnier, un poète.

- Connait pas.

- Ce n’est pas grave, comme tous les gens de sa génération, il a emporté ses idéaux avec lui. Dis donc, tu as tout ce qu’il faut dans ta boite magique.

- Oh, ce n’est pas à moi.

- Oui ça je m’en doute, avec tout ce qu’il y a ici, tu as largement de quoi te construire une maison dans ta Roumanie natale.

- T’es bizarre comme type… Tu ne te déshabille pas ?

- Non, je suis comme dans un musée, je regarde mais je ne touche pas.

- Tu ne veux pas d’amour ?

- Ça n’est pas ça l’amour.

- Tu es triste ?

- Oui un peu. Et toi ?

La fille reste figée, personne n’a dut lui demander ça depuis longtemps. Tiens, son visage change.

Elle est encore plus belle comme ça.

- Pourquoi tu es méchant ? Elle me demande.

- Je ne suis pas méchant, je réponds.

- Si, c’est méchant ta façon de parler.

- Tu crois ?

- Oui.

- Viens là.

Je mets sa tête sur mon épaule et je lui caresse la joue elle sent le jasmin et le shampooing.

- Depuis quand tu es ici ?

- Trois mois je crois.

- Comment ça tu crois ?

- Je ne sais plus, les jours passent identiques… Tu ne veux pas de moi ?

- Non, pas ici, pas comme ça.

- Tu veux retourner au club ?

- Non.

- Alors pourquoi tu es ici ?

- Pour causer.

- Qui es-tu ? Qu’est ce que tu veux ?

La fille s’est levée.

Elle a peur.

On dirait que je tiens un couteau taché de sang dans les mains.

Je la vois qui tremble et qui perd toute mesure.

Je dégaine mon passeport rouge, couleur liberté.

- Tu aimerais le même avec ta photo ?

-

- Écoute, si tu viens t’asseoir à coté de moi et que tu me chuchote des choses à l’oreille, je peux te sortir de là, te porter avec moi en France. Nouvelle identité et sécurité. Ça n’est pas l’idéal mais c’est toujours mieux que ça.

- Et l’argent ?

- Ah oui, j’oubliais l’argent… l’argent. C’est selon la qualité du chuchot. Tu te fais combien ici ?

- A peu près quatre vingt euros par jours.

- C’est peu.

- C’est peu ? Mais tu délires toi, quatre vingt euros par jours, dans mon pays on gagne quatre vingt euros par mois !

- Et ton argent ? tu l’as avec toi ?

- Non c’est le patron qui le garde pour nous.

- Et c’est qui ton patron ?

- Je ne sais pas, un homme très influent, un Albanais je crois.

- Bon, ça n’est pas grave. Si c’est une question d’argent, on trouvera toujours le moyen de s’arranger.

- Vingt milles.

- Quoi ?

- Vingt milles, je veux vingt milles euros en petites coupures et un passeport français. T’es quoi en fait ? Un policier ? Un agent secret ?

- Non, je travaille pour une organisation, mais je ne peux pas t’expliquer ça, ça ne me regarde pas.

- Et qu’est ce que tu veux savoir ?

- Je veux savoir qui est M, ce qu’il fait, quand il vient, ou il va.

- M est gentil, il vient toutes les semaines. Anitié, ça veut dire bonjour en malien, c’est joli, c’est comme ça qu’il m’appelle. Anitié, c’est joli…

- Oui et il fait quoi M. ?

- Il conduit une camionnette, c’est lui qui livre les produits là (elle me désigne les stupéfiants). Il prend aussi l’argent de ça au gérant, et puis il repart à Vintimille, c’est un postier quoi, ça n’est pas un mauvais garçon.

- Il vient quel jour d’habitude ?

- Demain vers quinze, il est ponctuel, il gare son Vito sous la fenêtre là (elle me désigne la place marquée direction sous son balcon), et il rentre par la terrasse. C’est un mec très méfiant, toujours sur le qui-vive.

- Combien de temps il reste avec toi ?

- Oh… Peut être une demi heure, une heure maximum, il baise puis il mange. Pour le reste ça dépend des autres.

- C’est qui « les autres » ?

- Les motards de la Barda devil qui lui ouvre la route jusqu'à Sarcelone.

- Il se fait ouvrir la route par les flics ?

- Ben oui, ça n’est pas le seul tu sais, ici c’est l’Espadingue, le pays des trafiquants, une main sur le cœur et l’autre dans la poche.

- Dis donc, tu as l’air d’en savoir plein toi…

- Oui pas mal, ce genre de gars adore se vanter. Surtout avec moi, j’ai un client qui passe deux tonnes de hachich par semaines, toutes les semaines. Il part d’Aleçaïras jusqu’à Lyon avec ses deux tonnes, sans problèmes. C’est coutumier, la routine, le mec se fait trente milles euros par voyage, ça fait de l’argent hein ? Et tu sais ce qu’il risque ?

- Non.

- Trois ans et demi de prison ! Ce n’est rien, rien du tout. Au deuxième voyage, il a déjà gagné plus qu’un travailleur normal en deux ans et c’est quasiment sans risque. Mais M. c’est différent, lui il transporte du lourd, sept ans minimum je crois, cinq cent kilos de cocaïne, mais lui, personne ne peut le toucher ici, à moins qu’il ait un accident de la circulation, il est surprotégé, il est comme à la maison, les flics lui mangent dans la main parce que son patron, c’est le patron des lieux de plaisir en Espadingue. L’Espadingue, c’est le paradis des trafiquants, c’est exprès je crois, il n’y a qu’a regarder leur législation et quand ils sortent de tôle, les trafiquants ont même droit au chômage carcéral, dix huit mois !

- Dis donc tu as l’air de vraiment bien t’y connaitre !

- Plus que toi pour ici c’est sur, si tu savais tout ce que l’on m’a raconté !... Dis moi, on n’embauche pas dans ta maison ?

- Ça peut…ça peut… ça dépendra de ton travail sur M.

- Tu sais, je déteste mon travail ici.

- Je ne m’en doute pas.

J’abandonne Anitié après avoir jeté deux grammes de cocaïne dans les toilettes, froissé et craché dans les draps jetables qui couvraient son lit.

La conversation m’a couté cinq cent euros, mais je devine un peu ce qui nous attend.

Il me faut, a partir de là, concocter une façon de cueillir M.

Son Vito doit surement être du dernier modèle et de couleur blanche, bourré d’alarmes et peut être d’un système pour le faire péter en cas d’effraction.

Pas question, si j’ai bien compris, d’utiliser les services des policiers du coin qui ont l’air aussi pourri que les corps des citoyens jetés en fosses communes aux quatre coins du … pays.

Je n’ai confiance en personne.

Je m’introduirais demain vers quatorze heures dans la chambre de la demoiselle, et j’espère bien surprendre mon coco pendant sa partie de jambes en l’air.

Une fois retourné à l’hôtel, je trouve Jeanouille endormi devant la télé dans la chambre d’hôtel réservée à une clientèle gay uniquement (on dit Gay Friendly) que nous avons loué dès notre arrivée.

Quitte à être au pays des enculés, autant prendre pleine part à la chose.

Dans la boite à image, l’ancien maitre de Fralaga, trainé dans une prison et devant la justice (ah, ah) pardon, chaque fois que je dis ce mot, ici, je ne peux pas m’empêcher de rire.

Bien, hum, l’ancien maire de Fralaga explique à quel point il est innocent et que tous les malheurs qui lui tombent sur la tête sont de la faute d’une grosse chanteuse de flamenco et de tous ses amis qui sont en fait mauvais et sentent de la bouche.

J’éteints le désinformateur public et réveille mon camarade assoupit.

- Alors, demande-t-il comme s’il doutait de moi.

- Demain quinze heures au Culito Calentito et puis on embauche une nouvelle, une roumaine.

- T’es trop sentimental mon con.

- Arrête de m’appeler comme ça.

- Oh ! Pardon, je ne voulais pas blesser vos chastes oreilles !

- Ce n’est pas la question, et puis habille toi, tu n’as plus vingt ans, le nudisme c’est quand on a le corps pour ça. Toi, c’est trop tard.

- C’était pour être dans l’ambiance, le patron est venu me mater deux fois par la fenêtre.

- Et ça t’as plu ?

- Oui plutôt.

- Il faut vraiment qu’on se casse de ce pays avant que tu ne te mettes définitivement à la couleur locale.

- Tiens ! regarde, il repasse, beau mec non ?

- Rhabille-toi !

Je suis cerné par les fous !
Demain, 14 h 00.

Je suis dans la chambre d’Anitié et j’attends.

Elle semble prendre un malin plaisir à me voir passif sur son lit.

Elle gondole son corps de déesse comme une jument en chaleur et le laisse spectateur de son intimité.

Cette fille n’a pas froid aux yeux, au cul non plus d’ailleurs.

Agitée comme une puce, elle ne tient pas en place.

Elle s’assoit, arrange ses voiles pour faire paraitre une cuisse, un sein, sa toison passée au sabot nº2.

Elle se relève, se baisse au sol pour ramasser la boucle d’oreille qu’elle a volontairement faite choir à mes pieds et remonte le long de mes jambes jusqu'à mon multiplicateur de cellules en se hissant avec les dents et cherchant une prise avec sa langue.

Je lui dis qu’elle va tacher mon jean avec ses stations.

Elle rit.

Nous ne parlons pas, peu.

Je lui ai donné les consignes qui sont simples :

Elle n’a rien à faire de plus que d’habitude.

Elle me demande si je l’aime, je lui réponds que non bien sur.

Elle me demande si je lui plais et je lui réponds qu’évidement elle me plait, il faudrait être pédé ou eunuque pour ne pas réagir devant son anatomie (Personnellement je pense qu’il vaut mieux être pédé qu’eunuque).

Elle vérifie d’une main franche qui connait le chemin et a l’air satisfaite de ce qu’elle y trouve.

Elle sent la femelle en chaleur et mon système hormonal répond aux appels de fertilité.

Gardons notre calme. Soyons cool, l’esprit éveillé, tout le sang dans la tête, les choses qui vont suivre vont être délicates.

Il va falloir agir avec rapidité, calme et professionnalisme et peut être ultra violence.

Mieux vaut s’attendre au pire.

J’ai, d’expérience, connu des coups qui partent en guerre civile en moins d’une seconde.

Je me suis déjà retrouvé dans des réunions d’amis de mauvaise fortune ou, après moins de cinq secondes de vacarme, une trentaine de cadavres étaient étalés un peu partout alors que quelques secondes plus tôt on en était à demander « Qui veut des chips ? ».

Cette petite Anitié ne sait sans doute pas qu’elle profite ici de ses dernières minutes de vie.

Dans son intérêt, je m’abstiendrais de l’informer, heureux les imbéciles…

Dehors, la Jeanouille fait le guet, ça lui va bien.

Il est étendu sur un fauteuil transatlantique au bord de la piscine du club et, d’où il est, il aperçoit entre deux ifs la place marquée direction et un bout de la fenêtre de la chambre ou nous sommes.

Vous y êtes ?

Officiellement pour les poulets sauce locale, nous n’avons plus rien à faire en péninsule.

Je leur ai servi le mensonge officiel :

- « Le pays est magnifique, les gens sont tellement gentils, c’est un tel bonheur d’être dans cet endroit… Ce serait dommage de partir comme ça, nous souhaitons profiter encore un peu de votre hospitalité… Non, non, nous n’avons besoin de rien… Oui, oui, nous avons gouté le touron… Non c’est gentil mais je ne digère pas les mariscos… Oui il nous reste assez de cocaïne pour finir le mois… Bien sûr si nous avons besoin de plus je passerais par toi, on se connait maintenant… Ouhai aller salut… Toi-même ah, ah !

Je me suis trouvé une jolie place…

Je suis allongé sur le dos en dessous du lit de force.

Je ménage est bien fait, je dirais même impeccable.

Pas un seul mouton ou préservatif usagé.

La moquette est moelleuse et de dessous du lit est capitonné.

On dirait que c’est prévu pour les usages de la profession. Allez savoir avec ces gens là…

Il est 15 heures.

En silence, j’attends Anitié qui est partie au club ou elle a l’habitude d’attendre son client.

Dès que la voiture entre sur le parking, elle se montre à la vitrine et, quand il s’engage vers la place, elle s’engage vers la sienne.

Ici je chochotte :

Ça y est, elle vient d’entrer et se dirige ver la porte vitrée.

Elle l’ouvre.

M est derrière, il rentre.

Sans un mot, il la plaque sur le lit.

Je vois les pieds de la fille et j’entends le souffle de M.

On dirait qu’il a couru un cent mètres.

J’entends des bruits de baisers et des sons de vêtements qui se froissent.

Une chaussure s’envole.

Anitié gémit.

Une autre chaussure.

M. à l’air pressé ou passionné.

Maintenant c’est sa chemise qui est au sol.

Son crocodile me regarde en souriant.

La chambre est remplie de gémissements et de râles.

La fille s’étend en de grands soupires.

Simule-t-elle ou y prend-elle vraiment du plaisir ?

Le malien vient d’envoyer valser son pantalon en boule sur un fauteuil.

Il est prêt à cueillir.

Il n’a pas l’air armé.

Les deux sont en plein acte de reproduction par pénétration de la verge en érection à l’intérieur du vagin de la femelle préalablement lubrifié et dilaté par l’excitation ou les préliminaires.

M. fait toutes sortes de bruits d’animaux.

Anitié pousse des mini-cris de satisfaction.

J’entends le son des mains qui glisse sur la peau et le bruit de l’air qui pénètre ou s’échappe de l’appareil génital de notre complice dans la place.

Ça y est, il lui parle, c’est qu’il doit être bien à point.

Par cette galipette, il se détend afin de repousser l’instant fatidique ou la réalité se retrouve engluée de semences.

Il lui dit qu’elle est belle, qu’elle est chaude, lui demande si elle aime comme ça.

Elle gémit pour ad-mettre.

Il lui dit qu’il a passé la semaine à penser à elle, qu’il devient fou d’elle, de son corps, de ses yeux, son sexe.

Il lui dit qu’il aime lui lécher les seins.

Les souffles s’accélèrent et les sons que l’entend sont sans ambigüité, M. à passé la cinquième turbo.

C’est le moment pour moi de sortir de ma cachette.

Là je ne chuchote plus et je sors du lit comme un polichinelle de sa boite.

Je crie !

- On ne bouge pas !

C’est bien ce que j’entendais, M. est dans la fille.

Il a deux belles fesses toutes noires qui brillent.

Il est couvert de transpiration, son dos est musclé, ses cuisses bien faites.

Il a de petits mollets.

Sa tête fait un tour de 130º et il me bloque de ses deux gros yeux tout blancs.

Il a du rouge mort plein les lèvres et les joues.

C’est un beau spécimen dans l’ensemble.

Un corps statuaire à la musculature subtile.

Je le pointe avec mon distributeur à pruneau et je le sens mal à l’aise.

- Maintenant mon bonhomme, (je dis), tu vas te lever bien tranquillement et sans gestes brusques.

- Hè, mais toi toubab, tu es français là ! il me lance. Qu’est ce que tu fais en Espagasse ?

- Je suis venu juste pour chercher ton beau petit cul, alors maintenant tu sors de la dedans et vite fait avant que je t’encule au 35 millimètres, et surtout tu fermes ta gueule !

Nb : Bien sur, cette façon de parler n’est pas du meilleur gout, mais nous, les flics, nous avons un certain standing à respecter, la vulgarité est un de nos privilèges professionnels, c’est pourquoi nous n’hésitons jamais à en user, nous ne sommes pas des concierges aux clés d’or comprenez vous ?

Le mec se lève.

Rapidement, Anitié se couvre pudiquement de son peignoir resté sur le lit.

Le gus est debout devant moi avec son gros bidule qui bave et qui danse en mettant des gouttes ici ou là.

Encore sous le coup de l’excitation, l’engin, car il faut bien appeler la chose par son nom, me pointe comme une accusatrice.

Le gars à la trouille, ça se voit au dessin de ses abdominaux et à ses testicules qui cherchent à se refugier plus au nord.

Il respire vite et ses poumons sifflent.

Il a une tête qui mérite une photo.

Je crois qu’il ne sait pas encore tout à fait bien ce qui lui arrive.

C’est bon pour moi, je dois profiter de la faille.

- Maintenant grosse tige, tu va t’allonger sur le ventre et sans geste brusque ou tu bouffes du 46.

Anitié sanglote, gémit à présent qu’a sonné l’heure.

Elle s’est transformée en sainte Vierge au pied de la croix.

La chambre est pleine d’AAAHHH ! Et des reniflements de locomotive qu’elle produit avec son joli nez.

Elle devrait faire attention à ne pas se faire faner les végétations.

C’est une bonne actrice.

Le malien est coopératif et s’allonge sur le ventre au sol, sa bite fait la demi longueur de sa cuisse, quel machin ! Dis donc, elle a une sacrée capacité d’accueil la fille.

C’est finalement plus facile que prévu.

- Gare à toi je dis, tu ne bouges pas, je t’ai en joue.

Je lui ai collé le canon du flingue ou tu peux imaginer.

Le mec doit flipper à mort.

Je sors mes pincettes et…

Grand blanc ! …

Des sons brumeux ! …

Un truc froid sur mon front.

De la lumière et une odeur bizarre. …

Putain ! C’est quoi cette odeur ?

Un animal crevé ?

On m'a jeté dans une décharge ?

Une station d’épuration ?

J’ouvre les yeux et, à deux centimètres de mon visage, là, Jeanouille me regarde.

- Tu pues, lui fais-je remarquer.

- Quoi ?

- Qu’est ce que tu as bouffé ? tu pues comme une hyène !

- Je ne sais pas.

La Jeanouille met sa main devant sa bouche et sent l’air qui sort quand il expire.

- Rien, dit-il.

- Qu’est ce qui c’est passé ?

- Le malien t’a séché !

- Mince il est où ?

- Là.

- Là où ?

- Là par terre regarde.

Je me lève, non, je me mets à quatre pattes.

Une douleur abominable, abdominale, allons y, abdominable déchire mon bas ventre.

J’ai les parties en feu.

Oh, mon trésor, mon doux trésor…

Anitié m’explique que le malien a fait un numéro d’acrobatie genre capoeira, qu’il s’est vrillé en un quart de seconde et a envoyé voler ses jambes dans tout les sens.

J’observe le gaillard.

Il est ficelé dans les draps jetables déchirés et mes pincettes sont à ses chevilles.

À ses poignets, il a de jolies menottes roses avec de la fourrure synthétique.

Il est inconscient et un filet de sang séché à coulé de son crane sur la moquette saumon.

- M…oh…ort ? je demande soufrant

- Non sur pause, me réponds Jeanouille

- Ah… en…suite ?

Anitié m’explique que

FLASH BACK

FLASH BACK

J’ai mangé une salade de pieds.

Quelques coups dans la tête distribués à la vitesse de la lumière, le ventre, une belle quantité dans le bas ventre qui a fait « crac » six fois.

- Mais, « crac, CRAC ! » insiste-t-elle.

En deux coups de pieds, le gars m'a sonné ensuite il c’est acharné sur moi pour le plaisir pense t’elle.

Elle dit qu’ensuite j’ai émit un grand râle de mourant.

Le malien m’a pissé dessus en disant des mots de chez lui vers Wiyebangou.

- En voila un qui nous fera plus chier, a-t-il reprit avec la langue de Flaubert. Puis il a ramassé ses sapes.

- Qu’est ce que tu fais à demandé Anitié.

- On se casse vite fait il a répondu.

- On ? elle a dit.

- Je ne peux pas te laisser là, il lui a dit les yeux dans les yeux en lui tenant la tête dans les mains. Tu vas avoir des ennuis tu comprends ? Viens avec moi je te placerais en Italie chez un gars que je connais. Allez habille toi on se taille.

- Tu m’emmènes ? Elle dit encore comme incrédule

- Tu ne veux pas, il dit l’autre avec sa tête de fugitif.

- Si, si, elle répond la fille, impératrice…

Le malien se rhabille.

Anitié attrape dans un tiroir un petit appareil qui envoie une décharge électrique à sécher un éléphant au galop.

Elle lui colle le truc sur l’anuque et le garni de première fait un saut de truite en rivière (ou de cape en lac) puis s’écrase à terre inconscient.

Elle lui menotte les chevilles par sécurité et prend dans le petit kit du parfait masochiste qu’elle a dans une armoire, une paire de menottes en fourrure de chez « Accroche toi mon Dédé que pour les crocheter celles là …» qui coutent plus cher que des vraies.

Par soucis de bien faire, elle lui écrase une lampe en plâtre façon marbre rose sur la tête.

Elle déchire les draps et ficelle son gibier puis appelle Jeanouille discrètement.

RETOUR EN TEMPS LINEAIRE

- Tu crois qu’il s’épile ? Demande Jeanouille.

- Hein ?

- Regarde moi ce spécimen, c’est naturel cette juste répartition des poils ou le mec s’épile ?

- T’en as de bonne toi !

Jeanouille se met a quatre pattes et inspecte la peau du malien.

Si celui-ci reprend connaissance, il peut lui pulvériser le nez d’un coup de genou.

Il se relève intact et satisfait.

- Il s’épile j’en était sur, quel beau mec, il avait raison Nino, c’est bien d’être noir !

- Bon, quand tu auras fini de t’extasier sur mon tueur, on pourra peut être passer à la suite.

- Pourquoi il y a une suite ?

- Bien sûr tu crois quoi ? On va Oh !...Ah… !

Je suis tombé par terre, c’est la faute à vol-terre, le sexe en feu, les trippes en bouillie.

Le malien m’a pulvérisé le bas-ventre.

Je regarde.

A la place de mes deux solitaires de luxe et de mon tuyau de plomb, j’’ai une curiosité de la nature, un truc de t’y crois pas, un produit genre venu de l’espace et déposé en matière de test par des hommes bleus veinés de blanc.

A la place de ma généreuse compagne, j’ai une aubergine par la forme et par la couleur.

Je suis tout de même assez surpris par la capacité cachée de mon membre honorifique à se dilater.

Elle m’avait caché ça la grosse coquine.

Il faudrait que je fasse une photo, ça me ferait un souvenir ou un truc à se faire payer des pots à l’œil par les collègues ou les grandes gueules des différents comptoirs, repartis un peu partout dans le monde.

Comment ai-je la force d’envisager l’avenir moi qui ne suis pas même en mesure (façon de parler) d’envisager mon présent ?

Cependant il faut, car il y a des lecteurs qui attendent l’index humidifié pour tourner la page.

Nous avons sur le parking une voiture pleine de drogue et les convoyeurs qui ne vont pas tarder à rappliquer.

Je ne suis pas en condition pour quoi que ce soit et je n’ai aucune confiance dans la Jeanouille.

J’observe Anitié.

Elle m’observe aussi.

- Pourquoi tu as sonné le gars ?

- Il voulait me déplacer.

- T’emmener avec lui ?

- Oui mais pour me placer en Italie.

- Et ?

- Je ne suis pas un objet, une machine à sous, tu m’as fait une promesse, je te crois plus que lui… Je travaille pour toi n’est ce `pas ?

- Dans la vie, rien n’est sur.

- Hè ! Tu ne peux pas me planter là ! Je me suis bien mouillée pour toi (façon de parler) tu dois respecter ta parole !

- Bon, ça va, tu sais conduire ?

- Tu me prends pour une incapable ?

- Non et baisse le ton petite.

- Pardon.

- Ça va.

- Excuse-moi.

- Non, il n’y a pas d’excuses, on n’est pas à la maison. Bien, tu vas conduire la voiture du malien. Nous, on va te suivre avec notre voiture. On se retrouve au pays du fromage sur l’aire du Village Catalan. De là, on avisera. Aller, habille toi maintenant, prend deux affaires et on se casse.

- Et lui ?

- Lui ? On va le charger dans le Vito.


Suistre

On, ils, car moi je suis hors service, chargent le corps inerte de l’assassin dans la bagnole au milieu des paquets de drogue.

Anitié qui est déjà montée dans la caisse et qui a bonne mémoire, sait comment désamorcer le système explosif dissimulé dans l’habitacle et relié à des pains dans la caisse arrière, j’en étais, aïe…, sûr.

En deux coups de cuillère à pot, elle envoie ses mains sous le tableau de bord, enclenche l’embrayage du pied gauche et appuie sur un bouton de l’autoradio tout en déclenchant un bouton placé sur la colonne de direction.

Elle dégouline.

La Jeanouille aussi mais pas pour la même raison, il se tient à l’abri.

Le malien est lourd, on ne dirait pas comme ça, peut être parce qu’il est inconscient et qu’il est tout mou.

Ils ont été obligé de le porter puis de le trainer sur la fin ce qui ne l’a pas arrangé.

Il est tombé deux fois, et a du gravier blanc planté dans sa chair.

Il est tout égratigné et saigne abondamment.

J’espère qu’il va tenir le coup le temps qu’on quitte le pays.

Les loosers arrivent, fier comme des bars-tabacs, ils sont respectables et brillants sous leurs uniformes de fachos.

Je pense à Melville qui décrit un lieu près de cet endroit comme la limite du monde et je le crois.

Je pense aussi à cette phrase dans Moby-Dick.

Je vous la livre comme elle vient.

« Le pêché qui paye le prix du passage peut voyager librement partout et sans passeport alors que la vertu qui est pauvre est arrêtée à toutes les frontières »

C’est vrai, c’est joli, c’est si actuel…

Anitié grimpe à la place du chauffeur et démarre.

J’entends la boite qui craque.

Cette fille ne sait pas conduire !

Trop tard.

Après quelques mauvaises manœuvres, elle arrive tout de même à se mettre dans le sens de la marche.

Ça y est, ils sont partis.

Le silence…

Les corrompus n’ont pas eut l’air de s’étonner que ce soit elle qui conduise.

Je suppose qu’ils font le boulot qu’on leur a confié sans en savoir plus que ça.

Jeanouille à la délicatesse de partir chercher notre voiture. C’est gentil de sa part, car de la mienne, je ne suis pas capable de faire plus que cinq pas à la fois.

C’est sensible la qualité.

Notre voiture est un 4x4x Toyota HJ61 châssis long, il y a donc de la place.

Je m’allonge sur le siège du mort …hum…

Je souffre le martyr.

Jeanouille me propose un massage, je l’envoie bouler de l’autre coté de l’univers.

Nous sommes sur l’autoroute, je sombre dans l’inconscience chaude du fœtus.


Transe en France

Nous sommes rendus à l’aire de repos du « Village Catalan ».

Vi-ve la France de la pa-tri-i.e.

Le jour de gloire est ar-rivé !

Toutefois je crois me noyer.

La Jeanouille m’asperge de Perrier, vidant sans limite de cout la boisson gazeuse sur ma tète et mon corps.

Le siège de la voiture est trempé et moi aussi.

C’est la nuit.

L’horloge digitale vendue avec la voiture m’indique 4h38.

J’ai froid.

Ma gorge est sèche et gonflée, j’ai un gout de sang dans mes poumons, j’ai mal au dos, aux cuisses, au ventre, à l’ouette.

Chaque respiration consciente est un calvaire.

- On où ?

- En France sur un parking

- Anit..ié ?

- Là.

Il pointe son doigt en direction de la vitre du passager.

Elle est toujours aussi belle malgré ses gros cernes qui marquent son visage.

Elle est toute blanche, épuisée mais heureuse.

- Men…teuse !

- Moi ? dit-elle avec angélisme, marquisée.

- Pas condui…re.

- Si, regarde, je suis là, j’ai appris en route, ça y est je sais conduire !

- Or et pute huée.

- J’aurais put, mais regarde, je ne me suis pas tuée, alors détend toi… chéri.

Je veux me redresser mais je souffre comme un saint (pour ne par répéter le martyr).

Est-ce qu’on peut gangrener par là ?

Je n’ose pas regarder les dégâts. Pourtant il le faut.

Je baisse les yeux et j’aperçois un truc énorme caché sous un pull over.

On m’a déboutonné et mis la chose à l’air libre.

Je soulève le pull et HORREUR !

J’ai un haut de cœur, il faut que je vomisse.

Mon pantalon est en lambeau.

Jeanouille m’a ciselé l’emballage parce qu’il a observé que je gonflais dangereusement.

Je suis noir des genoux au nombril, non pas noir, violet foncé.

Mes cuisses ont la taille rugbymen et mes oh !

Mes…

Non je vous épargne.

Bref, j’ai mal, je suis mal, je ne suis plus mâle.

L’angoisse m’étreint, suis-je pré-mort ?

Depuis que nous avons quitté Fralaga, je n’ai pas repris connaissance.

Je n’ai pas but, mangé et l’idée qu’il faudra a un moment donné que je me serve de mon appareil pour ne pas mourir empoisonné par mon urée me glace.

Je frisonne.

Grand blanc.


Plafond moucheté de noir,

Odeur de Dakin,

Quelque chose pique mon bras,

Je sombre.


Froid.

Il y a des gens autour de moi, je les ressens.

Juste des présences.

Quelque chose traverse mon moi.

Je suis conscient-inconscient.

Des phrases étranges, des sons inconnus, parfois une odeur.

Le temps ?


J’ai chaud !

J’étouffe !

Je sens que je fuis, et puis des voix lointaines…

On murmure.

Je sens qu’on me touche.

Je ne suis pas c’est sûr.

La violence d’un coup porté.

J’ai peur, je fuis.


Oh !

Il y a quelque chose qui me retient comme si j’avais une laisse.

Je suis un chiot.

Il y a quelqu’un qui crie.

Devant moi, une spirale noire,

Un puits ni vertical, ni horizontal, non messieurs dames, ce n’est pas un tunnel, j’en suis certain.

J’ai l’impression d’être un acarien aspiré dans le tube sans fin d’un grand aspirateur sans sac, une particule balourdée dans le tunnel à particule du « L H C » du CERN. Je vois des sons, des couleurs, mais ils vont trop lentement pour moi qui les double comme Alain en son temps.

Il y a une force inconnue qui m’attire et une voix qui dit « non on le perd » qui dit « non » qui dit « non »…

Je sombre.


Il y a des voix,

Tout est noir.

J’ai l’impression de tourner la tête mais je ne vois rien.

On me parle.

Je ne comprends pas cette langue.

Je suis debout et je marche, ce lieu m’est inconnu, garanti, il y a un grand pré vert,

Moi qui vomit sur la campagne, je suis servit.

J'espère qu'il n'y a pas des bouseux par dessus le marché.

Il y a des fleurs, c'est d'une banalité, et un soleil avec une drôle de couleur, je ne saurais dire pourquoi.

Si, je sais,

ce soleil est une falsification.

- USURPATEURS !

Il y a une présence,

Merde un péquenaud.

Je tourne la tête.

S’il me cherche, je lui pète le nez avec un de mes coups-de-boule secrets.

- Qui ?

- Qui ?

Je crie parce que je ne vois personne.

Je crie,

On me touche l’épaule, cependant peau de zob, y a nakach !

Ça y est j’ai vraiment la frousse,

Je m’enfonce dans le sol,

Je tremble comme une pucelle devant un Tampax.

Je tombe oh !

J’ai peur et j’ai froid.

Je sombre.


J’entends.

- Tant qu’il ne voudra pas.

Tout se fond, une odeur de gaz, de javel,

Une odeur de mort.


J’entends.

- Voyez, là il remonte.

Je sombre,

J’ai froid et chaud en même temps, c’est intéressant.

J’entends.

- Rien n’est perdu, il peut…

- Des années…

L’éditeur dit :

- Ce n’est pas possible ces procédés !

Je ne céderais pas.

Je vois un homme habillé en noir qui me sourit de ses dents jaunes,

Ce n’est pas possible d’être aussi moche.

Il me tend une main amicale couverte d’un gant blanc.

Je sombre.


Quelque chose me viole, on viole mon âme, je suis pesé, jaugé, jugé…

On me manipule.

- Dégage tes mains fils de chienne !

On veut prendre un morceau de moi.

- Je sodomise ta mère sur un parking de supermarché fils de batard !

Je ne suis plus.

J’ouvre un œil loin de mon corps et je me regarde.

Il y a Anitié, Janouille, un homme inconnu de ma personne.

Nous sommes dans une chambre, j’en sors.

La chambre se trouve dans une grande maison très chic cachée au milieu d’un paquet d’arbres.

Il y a un parc et il fait soleil jaune.

J’ai chaud (en quelque sorte) et envie de partir, laisser là, mais non, on me retient,

Je suis un chiot, je tire sur ma laisse pour me dégager, je vois des pieds, des longues jambes, une culotte, oh il faut qu’la baise !

- Tiens, tiens !

Je ne suis pas plus haut que son pied mais je m’acharne.

- Tiens, tiens, tiens salope !

Aïe ! Elle m’a shooté la conasse ! Attend tu va voir !

- J’vais t’mordre sale pute !

Je tire sur la laisse.

Pan ! Second coup de pied !

- Ah ouhai ? Tiens, tu va voir toi.

Je tire en bougeant ma tête.

Ça y est je suis dégagé !

- Allez tous vous faire foutre !

Je cours.

- Oh une voiture. Aïe !

J’ai mal, j’ai peur, j’aboie, j’ai peur, j’aboie.

Je suis assit sur un lit, redressé je hurle une fois et me tait hagard et un peu honteux.

Une armée d’infirmière et de médecins entrent dans la chambre.

Je vis, je vois, je suis.

Le bonheur des autres fait plaisir à voir.

J’ai l’impression d’être un carton de bingo gagnant.

J’articule une phrase incompréhensible.

- Perpignan dors, me réponds Jeanouille.

Je m’exécute.


Est-ce que je dors ? Oui, non.

Régulièrement j’entrouvre les yeux.

Je vérifie la matérialité optique du monde qui m’entoure, si vous voulez savoir.

Je referme les yeux.

Suis-je satisfait ?

Peut être.

Je vois passer la nuit et l’aube.

Le matin, je suis bien là quand une infirmière pomponnée conne une vieille maquerelle entre dans ma chambre.

Elle me lâche une banalité apprise par cœur dans un manuel, et m’annonce avec un sourire obligatoire que j’ai le droit de manger solide.

Elle sort.

Cinq minutes plus tard, l’homme que j’ai vu près de moi hier arrive.

C’est le médecin fier de lui.

Il soulève le drap et observe les champs opératoires.

- On va vous enlever tout ça ! déclare t’il, ça ne sert plus a rien.

Je crains le pire.

En fait de tout ça, il ne parle pas du 01 de mon numéro de sécurité sociale mais d’un lot de tube, sonde, poches, qui entrent et sortent de mon corps.

- Ça va faire un peu mal, assure t’il, comme si on allait vous faire une prise de sang, se croit il obligé de mettre par-dessus.

Une grosse en blanc et cheveux jaunes filasse, déboule dans la chambre avec une table roulante sur la quelle est religieusement rangée la boite à outil de monsieur mon plombier.

Les instruments brillent sous la lumière froide des néons.

En quelques minutes, ils ont dégagé la plomberie dont j’étais affublé.

Un peu mal ?

Super mal ouhai !

J’avais facile trois mètres de tuyaux jetables enfilés un peu partout « pour drainer » dit l’autre licencié.

- On a sauvé la bête ! Me dit-il en quittant la chambre en ricanant comme un con.

La Jeanouille fait son entrée.

Il est vêtu d’un pantalon en cuir noir moulant et d’une veste en toile cirée orange vif.

Anitié est collée à ses baskets.

Il m’explique quoi et où.

J’ai arrêté de respirer à la station d’autoroute et Anitié m’a ressuscité.

Cette fille m’a déjà sauvé la vie deux fois.

Jeanouille a utilisé la ligne d’urgence de notre réseau et expliqué à notre super-rieur la provenance et la qualité de mon mal.

Moins d’un quart d’heure plus tard, j’étais emporté par un hélicoptère militaire à Perpignan.

Je suis dans la chambre « Bokassa » dans une clinique spécialisée dans le chef d’état exilé.

J’ai subit quatre opérations médicales, et j’ai perdu la moitié de mon foie dans la bataille.

Rien n’est grave parait-il, le foie, ce n’est pas comme les dents, ça repousse.

Cliniquement mort cinq fois, je suis entré dans la rubrique des miraculés.

J’ai passé dix huit jours dans le coma mais maintenant tout va bien.

Dans quelques jours, il n’y paraitra plus.

Une ambulance attend, nous allons déménager mon être.

Mon chef suprême me conseille la montagne et du repos.

- Le malien ? Dis-je.

- Dans la chambre d’à coté à la morphine et au glucose.

- Vivant ?

- Oui, oui, bien vivant.

- Bien.


Je panse donc je suis eût.

Je panse donc je suis eût.

J’explique la suite des événements tels que je les vois.

On m’écoute religieusement.

- Ce que je veux, c’est qu’on mette la marchandise…Où est la voiture ?

- Au parking souterrain de la clinique, bâchée d’une couverture aluminium isolante.

Bien, tout peut donc se passer comme je le souhaite.

Ce que je veux, c’est qu’on vide la voiture de sa marchandise et qu’on y charge le malien.

La voiture sera garée sur le parking du marché de Vintimille.

Sûr que les patrons de ce monsieur doivent se demander pourquoi le quidam n’a pas montré son nez.

Ils doivent certainement rechercher le véhicule.

- Le mieux, dis-je est d’entrer dans Vintimille vendredi vers la fin du marché et de profiter de la cohue pour disparaitre dans la foule.

Je pense, donc je suis que les trafiquants vont mettre deux ou trois jours avant de s’apercevoir que leur bagnole est plantée en plein centre ville.

- Vous allez les planquer depuis un hôtel avec vue sur la place. Je veux un déballage technologique. Mouchard, GPS, micros-cachés, cameras dans la ville et au moins trois équipes de suiveurs. Il faut savoir qui sont les gens qui viennent ramasser la voiture, et qui sont les réceptionneurs. Le mieux serait même…

- C’est fait.

- Quoi ?

- On a planté une balise GPS et un micro haute fréquence dans le malien.

- Bravo !

- J’étais sûr que tu monterais le coup comme ça. Tout est prêt, on a même une voiture sur une place de parking à Vintimille et une chambre réservée nous attend, seulement j’ai mit quatre équipes de suiveurs.

- Ce n’est pas grave.

- On attendait plus que toi.

- Que je vive ?

- Ou que tu meures, il te restait deux jours en fait.

- C’est bon, vous avez bien réagit.

Voyez comme je suis un grand professionnel.

- Voici la nouvelle, le directeur l’a embauché avec papiers et carte de crédit, elle fait Vintimille avec nous et après elle part sur autre chose.

- Félicitation petite

- Merci elle dit, elle rougit, c’est charmant.

- Bon, tu déjeunes bien, me dit Jeanouille, et on s’en va.

- Pas avant qu’il ait fait pipi ! dit la grosse jaune en entrant sans frapper.

- Hein ?

- Vous ne sortirez pas d’ici tant que vous n’aurez pas fait pipi, c’est la règle !

Une sorte de livre d’or ?


Tre

J’ai mangé, ça a fait bizarre à mon corps.

Après vingt jours.

C’est la révolution !

A travers la peau de mon ventre, on peut entendre le peuple en colère qui part à l’assaut du colon.

L’estomac est talonné et les sucs votent à main levée c’est tout a fait surprenant, si, si.

Je vous raconte mon déjeuner parce qu’on a le temps.

D’abord, un grand bol de thé au lait avec deux grandes tartines de bleu d’auvergne sur du pain grillé.

Un vrai régal, c’est moi qui ai composé le menu.

J’avais le choix et un chef étoilé attaché aux services de cet hôpital de campagne.

C’eut été dommage de me priver.

Ensuite j’ai avalé une délicieuse salade de roquette aux croutons aillé accompagnée de pâté de chevreuil sur du pain noir.

Ensuite des toasts de pain de mie complet et du saumon fumé de Norvège légèrement citronné.

Pour finir, un munster bien fait sur lit de pommes de terre chaudes et jambon d’Aoste, un avocat vinaigrette, et une pêche.

C’est si bon de manger, il faut avoir mourut pour savourer les plaisirs de la vie.

Désormais et j’en fais ici la promesse par écrit, je ne petit-déjeunerais plus que comme on mange.

Du vrai du solide.

Du fromage, du pâté, des terrines !


Re

Vers treize heures, j’avais signé le livre d’or et on m’emmenait dans une Mercédès ambulance, direction le sud-est de notre beau et grand pays de France.

AH !

La Jeanouille et Anitié suivaient le convoi.

Anitié dans le Vito, et Jeanouille dans son 4x4.

Le malien était dans une autre ambulance entre Anitié et moi.

Jeanouille couvrait les arrières comme à son habitude.

A grands coups de pin-pon, nous traversâmes la France du 110 à 180, semant nos images sur toutes les boites à flash du bas hexagone.

A dix huit heures, nous étions à Nice.

Nous nous refugiâmes sur la colline de Cimiez ou l’organisation possède une résidence de prestige avec personnel, payé par vous.

Un illustre médecin du corps vint porter son attention sur mon organe.

Vêtu d’un smoking noir, brillant comme si ciré, et d’une moumoute légèrement désaxée, il exprima sa satisfaction dans des OH ! Exagérés.

- C’est magnifique, tout va pour le mieux, m’assurât-il. Dans quelques jours, il n’y paraitra plus.

Il me fit prendre deux cachets qui m’ouvrirent les portes d’un paradis chimique bienveillant et cotonneux.

Lui filait à l’opéra.

Nous étions mercredi.

Jeudi matin à l’aube, nous partions à l’ascension du Col de Turini où je devais terminer ma convalescence.

Le dimanche, j’arpentais l’autoroute comme je vous ai dit plus haut.

Que c’est il passé de vendredi à dimanche ?

Chut !

Secret professionnel !

Non, je déconne, allons y.


Chapitre réponse à la question que nous nous posons tous, angoissés…Que c’est il passé de vendredi à dimanche ?

Comme prévu, le Vito fut (du verbe foire) garé vendredi vers quinze heure sur le parking de la place du marché de Vintimille. (Célèbre pour ses faux et ses copies plus vraies que nature et beaucoup moins cher).

Vendredi soir, rien.

Anitié et Jeanouille sont sortis au ristaurante « Marco Polo » per mangare la pasta y el pesce del giorno.

Gelatti è caffé limoncello.

Samedi, pas plus, repas au « Pasta et Basta ». Pas mal il parait.

C’est dans la nuit de samedi à dimanche que l’érection de mon plan c’est mise en branle.

Une bande de jeunes toxicomanes avait décidé, bien dommage pour eux, de piquer le Vito.

Tout est sur film.

Celui-ci devait être le point de mire des truands, car les jeunes délinquants n’ont pas eut le temps de grand-chose.

Sur l’écran, on les voit tomber comme des mouches.

En moins de cinq minutes, les trois cadavres sont chargés dans une camionnette Fiat et le Vito s’en va.

- Question : Où ?

- Réponse : A Grimaldi.

Petite bourgade bourgeoise et frontalière dominant la méditerranée.

Grimaldi vous accueille dans son écrin de verdure et de pins parasols.

Ses bâtiments riches en histoire sont les témoins immobiles des bateaux qui croisent à l’horizon depuis des siècles.

Du haut de son piton, vous découvrirez tous les charmes de la riviera italienne et de la Côte-d’Azur.

Baptisée au nom d’une célèbre famille régnante, Grimaldi est, pour le commun des mortels, un rêve inaccessible.

Quant au camion Fiat, il s’enfonce dans une petite vallée jusqu'à un bled du nom d’Apricale, où les malheureux aventuriers pré-voleurs de voiture, finiront certainement en engrais quelconque pour oliviers cailletiers ou en repas pour cochon.

Leur destin ne nous intéresse pas en fait.

Cette petite précision pour vous dire que les équipes ont bien fait leur travail et suivit les événements à la minute.

L’enregistrement sonore par le micro dans le malien est super !

Il est déchargé du Vito.

Il doit être porté car on entend les souffles des hommes de mains.

Ça fait un moment qu’il n’a pas mangé solide, plus deux jours complets dans le Vito, pour lui, les temps sont durs.

On perçoit qu’un médecin l’ausculte et le mot

- « Domenica, domenica »

Revient très régulièrement dans la conversation, accompagné de

- « Capo, Monte-Carlo, autostrada ».

Le dimanche matin, le corps est transporté dans une Mercédès gros modèle.

Je dis le corps et pas le malien parce qu’il n’est plus qu’un corps.

On devine, sur les bandes, que quelqu’un l’interroge, mais il ne répond pas.

Le chauffeur est hors-service.

Vers onze heurs, la Mercédès est sur le parking du bas de la station essence de l’aire de Beausoleil.

Elle a fait demi-tour juste avant le péage de La Turbie et repris l’autoroute dans l’autre sens.

Sur les quelques clichés aériens dont je disposerais plus tard, on voit une Porsche Cayenne, deux X5 ,un Q7 et la Mercédès, évidement.

Malheureusement, pas de son à cause peut être des interférences de la principauté ou des pompes électroniques de la station.

Le rendez-vous dure une quinzaine de minutes.

Le résultat ?

Un mec en bouillie sur le goudron mais ça vous le sachiez déjà.

On n’a pas retrouvé de trace du système d’écoute ni de la balise.

Voila comment je me retrouve sur l’autoroute.

Voici comment j’ai laissé mes affaires au Col de Turini.

ICI TERMINE LA PHASE 1 DE CETTE HISTOIRE

ICI COMMENCE LA PHASE 2 DE CETTE HSITORE

ICI COMMENCE LA PHASE 2 DE CETTE HSITORE

Pas chitre pour un rial

- Qu’est ce que tu penses ? Me demande Jeanouille.

- Il nous faut les photos aériennes pour voir si on peut deviner le numéro des plaques de Monaco. Il y a toujours une équipe au village de Grimaldi ?

- Oui, les deux gros.

- Bon, ça va. On a une voiture nous ?

- Tu crois que je suis venu à pieds ?

- Tu crois que le malien a parlé ?

- Surement, avec un demi kilo de cocaïne dans le corps, ça a bien dut l’activer cinq minutes. En tout cas, il a l’air mort de quelqu’un de bien vivant.

- C’est ce que je me disais mais d’une autre façon.

- Bon on fait quoi ?

- La balise, elle cause ?

- Non.

- Retour à la case départ.

- Fralaga ?

- Non, il nous faut les photos aériennes.

- L’appareil s’est posé à Mandelieu-la-Napoule.

- On y va.

- Et ta… ?

- Ça va merci. Aller, fonce !

Je sors de la boite, normalement, à gants, mais en fait, cartes, bières, sandwich rassit, préservatifs, poubelle, un gyrophare plein de sauce kebab, et le colle sur le toit du 4x4.

Il nous faut rouler jusqu’à Menton pour faire demi tour.

Quarante minutes plus tard, nous sommes à Mandelieu.

- Tu devrais changer de voiture, je dis.

- Pourquoi ? Elle est si sale que ça ?

- Non, elle est lente. On devrait opter pour une Porsche (et mon porte clé ?) j’ai l’impression qu’on va manger des bornes. Si tu veux mon avis, celle là, elle ne tiendra pas le coup. Tu conduis trop et trop vite, il vaudrait mieux une voiture de fonction.

Jeanouille s’enfonce dans un silence de mauvais plein de reproches envoyés télépathiquement.

On dirait que je viens de condamner sa mère au bagne.

Les gens sont bizarres avec leurs bagnoles, on dirait des gamins.

Pour leurs bagnoles, les gens sont prêt à se coller un crédit à vie et à bouffer des pates jusqu'à ce que mort s’ensuive, tout ça pour un objet de déplacement qui fini planté dans un platane.

Tu pourrais maudire leur sœur que ça ne leur ferait rien, mais la bagnole.

Ah, la bagnole !

Ça, touche pas à mon pot !

J’ai les photos dans la main.

On devine les plaques frappées au blason de la principauté.

Je me renseigne.

Elles ont toutes été louées par une société basée à San-Marino.

Nous voilà plongés dans les brumes.

La société s’appelle CamCorn Corporation Import, spécialisée dans les fruits frais.

L’enquête nous révèle que la société est transitaire de la moitié du fret fruit exotique de la cote ouest africaine et d’Amérique du sud.

Elle a des bureaux à Manille, Tokyo, Dakar, Fralaga, Gênes, Marseille, Monaco évidement… plus d’autres petites sociétés dans presque tous les ports du monde.

Il a fallut presque une semaine, mais nous avons bien dégagé la piste, et réunit quelques indices.

Entre-z-autres, on sait maintenant que le malien était plein de produit dopant.

C’est sur, il a parlé.

On a retrouvé la balise GPS et le micro qui étaient dans son corps dans une poubelle de la station essence.

A l’étude dentaire du zigoto, nous avons retrouvé son dentiste et son adresse, désormais son identité nous est connue.

Maintenant il nous faut attraper la méduse sans se faire piquer.

Nous savons que le malien était marié et qu’il avait deux enfants.

Sa maison est à Biarritz.

Je me dis que la veuve doit bien avoir deux trucs à nous raconter.

Depuis le Vistaero Palace ou nous nous sommes installés toute cette semaine, je, nous nous rendons à Monaco louer un hélicoptère.

A Nice nous prenons un avion pour Marseille ou un autre avion nous dépose à Biarritz. … enfin, à coté.

Il est tard et je dois faire ma visite semaine pour mon appareil.

Au téléphone, j’ai mon directeur qui me félicite et m’insulte, me traite de tous les noms et me prévient que si je continue à prendre ma santé à la légère, il va agir en conséquence, que le plus important dans la vie, c’est la santé et blabla blabla.

J’ai l’impression d’entendre ma mère.

Tiens ?

Ma mère.

Ça fait un bail que je ne lui ai pas donné de nouvelles.

Je dois réparer ça.

A son tour, elle me hurle des insanités a l’oreille, elle me demande si ça m’amuse de jouer avec son cœur, qu’elle a acheté tous les journaux qu’elle a trouvé, y compris ceux de province pour lire ma mort en noir sur blanc, et qu’elle a fusillé son séjour en Égypte en attendant qu’on lui apporte ma dépouille.

Je ne peux lui dire qu’elle était proche de la vérité et j’encaisse sans broncher.

Elle me maudit une dernière fois et me raccroche au nez.

Merci la famille.

Je pense à mon père, mort au service et j’ai des scrupules.

On ne pense j’aimais assez aux vivants.

Cette brave femme qu’est ma mère (Maminoune comme nous disons entre nous), je me mets à sa place.

Elle aurait bien voulu me voir à l’EDF ou à la Poste.

Elle aurait préféré savoir que son fils était sur sa tournée quotidienne à aller couper le jus à de pauvres gens au bord du gouffre, social et familial.

Elle aurait préféré savoir que je me ferais complice du système, en apportant des lettres de relance ou des courrier recommandés accusés de réception, pour prévenir madame Ledu, 86 ans, que sa retraire est suspendue pour cause de fraude suspectée, et qu’elle doit reversée à sa caisse, au plus tôt dans quinze jours, les vingt sept ans d’annuités qui lui ont été versée par erreur, sous peine de se voir saisir par maitre Charauñe.

Bien sur j’aurais put faire ça, lutter contre des innocents, mais que voulez vous, si l’on faisait toujours ce que veut sa mère, tous les hommes seraient danseuses au Lido, quand à moi je ne serais rien, et encore moi le super flic héro des nombreux livres à écrire dont je serais le personnage maitre.

N’est ce pas ?

A Biarritz, nous nous installons chez Eugénie bien que le style m’écrase.

Nous louons une chambre double avec salon très, en pire.

Le même soir, car l’heure tourne, nous sortons grignoter en ville dans un restaurant simple mais copieux et pas cher.

Autour de nous, une clientèle nombreuse, joyeuse et bruyante s’amuse.

C’est normal, nous sommes samedi, c’est le jour ou les gens sont heureux, c’est noté sur les plannings.

Cinquante deux jours de joie plus noël et jours de l’an, quelques fêtes par ci, un anniversaire par la et le peuple peut disposer à sa guise de quelques 70 jours de joies officielles ou il peut laisser son allégresse de vivre déborder comme une casserole de lait sur le feu, se réjouir, et les restaurateurs faire leurs caisses et vider leurs frigos.

(Leurs frigidaires comme disait DéGeulle)

Il faut bien que tout le monde vive.


Et hop !

Quoi ?

J’aime Biarritz, ça me fait plaisir d’être là quand même.

C’est joli, propre, ça sent l’iode et les gens sont vêtus élégamment.

Pour moi, Biarritz, c’est comme un film. C’est un lieu hors du temps.

Il y a Deauville aussi et… attend je cherche, non. Ça y est. Pour le reste, j’ai le sentiment que c’est foutu, non pas foutu mais dans le courant, accroché au wagon du train fou.

J’aime le petit port autonome qu’on croirait sorti de magasin de jouets pour enfants trop gâtés.

J’aime le rocher de la vierge les jours de tempête, j’aime les surfeurs qui infusent comme des sachets de tisane en attendant « La Vague » qui ne viendra sans doute jamais tant au sud.

J’aime l’ambiance malsaine du casino et j’adore !

J’adore le jacuzzi à l’eau chaude et la piscine à l’eau salée de la piscine municipale.

Je raffole des belles demeures perchées et inaccessibles à monsieur et madame personne sauf s’il y trouve un emploi de gardien ou de gouvernante.

Il y a, à Biarritz, une ambiance de ville sous cloche de verre.

Tout est beau, joli, pensé, ciré, verni, la patine du vieux neuf, les mémés à chien, les bicyclettes, le vent qui arrache les pancartes et les feux de signalisation, une pluie qui vient, régulière comme un arrosage déclenché par un système automatique et divin comme si l’autre, là haut, voulait entretenir son carré de jardin privatif.

Après mon séjour à Turini, Biarritz me remet dans le bain, l’ordre des choses a repris un sens de marche qui me plait.

Ne va pas croire que je n’aime pas le Col de Turini, non, c’est joli, c’est vert, mais bon dieu, qu’est ce qu’on se fait chier !

Je ne suis pas Miloud le fanatique releveur de fougère a la recherche de champignons comestibles pendant que cinquante gamin du centre de vacances dont j’ai la responsabilité son livrés aux mains inexpérimentées d’un stagiaire.

Les champignons qui poussent, qui crient « mangez-moi ! » »,

Qui crachent leurs spores dans l’air… Mouaif, pas pour moi.

Je déteste la nature, c’est un fait, c’est parce que je suis né en ville surement, ces choses là, c’est dans le sang, le nid, c’est le nid, je ne suis pas contre la nature, elle est là, on fait avec mais il y a une limite au raisonnable.

Je ne suis pas assez animal pour aller me planter au milieu des sapins à cents, peut être milles mètres d’altitude.

Gstaad peut-être… ?

En tout cas pas tout seul, pas dans un hôtel désert, et pas hors saison…

C’est sur, ce genre d’endroit, c’est le top du top pour se reposer ou pour se pendre…

Entendre le vent jouer avec les volets, embarquer une tôle ondulée mal fixée, s’engouffrer dans la cheminée éteinte accompagné par les hurlements à la mort d’un chien de chasse perdu par son maitre, une voiture qui passe toute les deux heures, et le reste du temps, le silence déprimant ou la télé, ciao !

Encore si j’avais eut France Inter mais zéro radio et pas de bagnole.

A boire et a manger et puis crève sur ton col mon gars, le dirlo à des idées des fois !

Les trois jours les plus longs de ma vie, dit moi si je t’emmerde.

- Non, non.

- Qu’est ce que je viens de dire ?

- Dis-moi si je t’emmerde.

- Et avant ?

- Tu veux un café ?

- Pourquoi tu ne dis pas ?

- Jeune homme deux cafés s’il vous plait.

- Tu ne m’écoutais pas.

- Si, si.

- Alors, je disais quoi ?

- Mff oua gnou.

- Tu veux qu’je raye tout ce que j’ai dit plus haut ? Que je te rembourse le prix du papier ?

- Non, non.

- Ben alors, il faut écouter l’ami.

- On fait quoi demain ? Merci jeune homme…bien mignon…

- Mais qu’est ce qui t’arrives mon pote ? T’as perdu la boule depuis Fralaga ? Je te trouve tellement différent, qu’est ce que tu as ?

- Rien, je n’ai rien.

- Si, dis-moi, je sens bien que ça ne va pas, qu’est ce qui te prend ?

- Je suis vieux.

- Quoi ? Mais t’as quarante berges, t’est pas vieux !

- Si, je suis vieux. Regarde-moi. J’ai du bide, je perds mes cheveux, j’ai des rides, tu verrais ma gueule au réveil… Il me manque quatre dents, j’ai mal au dos, ça y est je suis un vieux con. Je regarde ma vie et je vois quoi ? Rien. De la bouse, j’ai tout loupé, je ne suis qu’un faire valoir, un nul voila.

- Tu ne devrais pas parler comme ça.

- En plus je parle mal tu vois…

- Ce n’est pas ce que je voulais dire.

- Tu l’as dit, c’est trop tard et puis ce nom que tu m’as donné, la Jeanouille, ça veut dire quoi ?

- C’est un petit nom, c’est gentil…

- Non ce n’est pas gentil, c’est idiot, grotesque et dévalorisant.

- Tu veux qu’on change ?

-

- Pourquoi tu ne me réponds pas ?

-

- Tu veux que je chante ton personnage c’est ça ? Je peux, tu sais, c’est facile. Bon le lecteur va peut-être râler un peu mais il s’y fera. Tu veux quoi ? Vingt cinq ans ça va ? Blond ? Athlétique, sourire ravageur, diplômé sorti premier de sa promotion, juif fils de banquier ?

- Tu ferais ça ?

- Si tu veux…

- Oui je veux.

- Bon et le prénom, Moïse, ça va ? Momo c’est bien non ?

- Non ça fait arabe.

- Tu commences déjà ?

- Non, non pardon. Menachem je peux ?

- Ça fait un peu engagé.

- Oui c’est vrai… bon… Heu, David.

- Dada ?

- Pourquoi est ce que tu veux à tout prix me mettre un diminutif ?

- Pour être gentil.

- Non, je m’en fous, pas de diminutif.

- D’accord Davidou.

- Bon comment on fait maintenant ?

- Il faut que tu sortes du restaurant et tu te jettes sous la première voiture qui passe, mais proprement, ne me crée pas un problème avec un personnage qui a deux corps.

- T’es sur de toi ?

- Bien sur, tu n’as pas confiance en moi ?

- Si.

- Aller go, ton café va refroidir.

La Janouille sort du resto et se balance sous une bagnole, ça fait un bruit du tonnerre et tous les clients se jettent aux fenêtres, certains dégainent leurs téléphones pour immortaliser l’instant, David en profite pour reprendre sa place à table.

- Alors ? T’est content ?

- Mittornischt zorgen.

- En français tu peux ?

- Oui. Ça peut aller merci.

- Bien, autre chose pendant qu’on y est ?

- Heu oui…

- Quoi ?

- Je peux avoir une fille ce soir ?

- Bien sur, tiens, la voila qui arrive.

Une minette fabriquée sur mesure entre dans le restaurant et tire une chaise d’autorité de la table voisine.

Elle se colle entre nous deux et n’a d’yeux que pour mon bel assistant.

Elle est châtain clair les cheveux mi-longs détachés et est joliment maquillée.

Elle dévore David de son regard bleu nuit.

- Pardonnez mon intrusion, dit-elle, mais je vous regarde depuis tout à l’heure et j’avais peur que vous partiez sans moi. Je suis Caroline et je…

- Bon, les amis, je vous laisse. Bonne soirée Davidou, Caroline, enchanté. N’oubliez pas, il doit être disponible à neuf heures d’accord ? Tiens, David, la clé.

Je rentre à l’hôtel et doit louer une autre chambre.

Le concierge a dut mal a comprendre que je bouleverse mon installation mais le client est roi.

Il est de nuit, peut être un peu niais.

Au bout d’un quart d’heure j’ai une clé.

Ma nouvelle chambre est encore mieux que l’ancienne.

Je fais monter une bouteille de Don Pérignon vendue à un prix ahurissant, et une coupe de fruit dans la chambre de David.

Je m’effondre dans mon lit loué et disparait, carte à la main, explorer sans boussole le pays des réalités abstraites.

A demain.


Demain.

A neuf heures nous sortons de l’hôtel.

Une voiture de maitre nous attend à la porte du Palace.

Je congédie le chauffeur car j’ai horreur de ces gens là et je prends le volant, c’est moi qui paye, merde.

La tire est une Jaguar, ça change un peu.

Tout est cuir, bois précieux et le moteur est enragé.

C’est un vrai plaisir de glisser dans les rues de la ville avec une personne sur dix qui se retourne sur notre passage.

Je dois vous annoncer une chose… Non mais regardez moi ces cons de piétons !

- Hey ducon ! Ta mère t’a pondu avec un pare-choc ? Tu cherche quoi ? un fauteuil roulant ?

Ils sont cons ces piétons sans décorner.

Bon, je dois vous avouer une chose, j’ai de la chance.

Je suis acteur et auteur.

Je mène ma barque, avez-vous vu comme je décide d’une chose et d’une autre ?

Je suis tout puissant.

Je mène ma vie comme bon me semble. Je décide.

De l’autre coté du stylo, il y a un gras avec une vie monastique qui gratte mes aventures sur son cahier à spirale et moi, tranquille mon bonhomme, je fais le beau dans les rues propres de Biarritz au volant d’une voiture de haut luxe puisqu’elle n’en existe qu’en un seul exemplaire dans le monde et que je suis en train de la conduire alors ?

Ça vous la coupe hein ?

Évidement, de temps en temps, je prends une balle dans la peau, j’ai un accident, je me fais casser la tête ou les c. mais je m’en sors toujours avec talent et pas de cicatrice parce que le héro, c’est moi tu vois ?

Et sans moi, pas d’histoire, voila le truc, c’est ce qui fait ma force.

Je ne suis pas un connard moyen moi, vous saisissez ?

Je suis le héro de l’histoire, the top of the keuf, le nec plus h, capiche petit ?

Je dors dans des palaces et je ne conduit que des voitures de luxe parce que je suis sorti d’une tête, je n’existe pas vraiment, sinon ce ne serait pas possible, mais qu’importe ! Je ne demande pas mieux, moi je suis content et c’est ça la classe.

J’ai des amis personnages, qui eux, rencontrent la misère, la mort au coin du chemin, une maladie incurable, le veuvage et la mutilation physique.

Pas moi.

Ceci ne m’arriveras pas, d’ailleurs regardez, je lâche les mains du volant au virage et que se passe t’il ?

La voiture tourne toute seule parce que ça ne servirait pas l’histoire un accident de la circulation à la con vous comprenez ?

Mais assez parlé des ficelles du métier, revenons au sujet qui nous intéresse.

La veuve noire.

Elle est longue et fine, à peine vêtue et ses ongles sont long de long, au moins trois centimètres.

Elle a une bague à chaque doigt avec un diamant de taille respectable au majeur de la main droite.

Sa demeure, car c’en est une, est du type maison inscrite à l'inventaire des résidences historiques du département des Pyrénées-Atlantiques avec la piscine qui va avec, les haies de buis taillés en formes géométriques, et un parc immense garni de balancelles et de tourniquets pour les enfants absents.

Nous entrons dans le château de madame par quelques marches qui nous conduisent sous un grand porche. J’apprends que les enfants son chez les scouts en séjour découverte des fonctions corporelles dans les landes.

Je l’informe de la mort de son mari alors que nous pénétrons dans un salon magnifique meublé d’objets de collection typés ethniques.

Elle me dit qu’elle s’en doutait car il n’est pas rentré depuis vingt six jours.

Elle est totalement insensible à l’événement qui vient de la changer de statut social.

J’apprends qu’ils sont fâchés depuis plusieurs mois, depuis qu’elle a découvert ses activités.

Elle semble satisfaite d’être libérée de son mari qui en fait ne l’était plus vraiment.

Je souhaiterai visiter leur chambre, elle me dit qu’il n’y en a pas et qu’il s’est installé dans une maisonnette depuis leur dispute.

Elle m’explique que, vis-à-vis des enfants, ils ont décidé de garder les apparences.

Elle me conduit à ce qu’elle nomme la maisonnette et ce que je nomme maison tout court.

Dans la chambre de monsieur, je vois, posé sur le lit, une mini-poche de cuir de deux centimètres sur deux (visiblement cousue à la main), d’où une fine lanière de cuir jaillit.

Elle m’explique que c’est un gri-gri qu’un marabout de Gao lui a fait et que M. le portait toujours sur lui.

Celui-ci était sensé faite de M. un immortel.

- Pourquoi l’as il laissé sur le lit, je demande.

- Nous nous sommes disputés et il m’a demandé si je voulais qu’il meure m’explique madame. J’ai dit oui continue t’elle, alors il a arraché son gri-gri, il l’a jeté sur le lit et il est parti.

Curieuse histoire.

J’observe la petite amulette qui a l’air bien inoffensive et pourtant…

Nous demandons l’autorisation à la veuve de retourner l’endroit.

Elle nous demande si nous sommes flics, je réponds non, c’est tout.

Elle accepte.

Que trouve-t-on dans la chambre du mort ?

De l’argent bien sur, un gros paquet.

A vue d’œil, je dirais, un million ou un million et demi bien rangés en jolis paquets d’euros bien violets et dans le sommier.

Nous trouvons un carton rempli de tickets d’autoroute, au moins cinquante paires de chaussures usagées, une valise pleine de lunettes de soleil genre pas chères, la collection complète de la boutique Lacoste du coin, chemise tee-shirts que l'on nomme chemisette en bon français, pantalon, chaussettes, caleçon, pulls, et une boite a chaussure pleines de notes manuscrites datées et un cahier format 21x15.

Le malien écrivait ses mémoires.

Noms, numéros de téléphones adresses personnelles et professionnelles, quantités, trajet, adresse de départ et d’arrivée, tout y est, on dirait un rapport des stups.

Je lis que c’est un jeu, le malien joue.

Son but ?

Gagner contre la race blanche en empoisonnant le peuple de colons qui a détruit sa famille et pillé son pays.

Une phrase : « Parce qu’il nous ont brisé sous le pied de leur chaussures de colons, je les ferait marcher nu pied et les tuerai avec leurs drogues ».

Dans le fouillis de papier, il y a un paquet d’infos qui pourraient bien nous servir plus tard.

Je trouve, dans un placard de la cuisine qui n’a jamais servi, un paquet de sacs poubelle.

J’en prends un et j’enfourne toutes nos découvertes dedans, manuscrit, photo, boite à fiche…

Je regarde sous les piles de linge, dans les tiroirs, dessous, derrière les masques tribaux qui constituent la seule décoration murale de la chambre, rien.

Nous sortons.

La veuve nous a préparé du café.

Je l’informe du paquet de fric dans le sommier et lui conseille d’enterrer ça sous ses bégonias, de prendre ses gosses, et de se payer deux ou trois ans de vacances de l’autre coté du monde.

Elle me demande ce qu’il y a dans le sac que je trimballe, je réponds

- Rien du tout, c’est une illusion d’optique.

Nous nous enfilons les cafés et nous nous préparons à partir

Pourquoi ?

La femme nous dit merci et elle nous embrasse.


Après.

Nous voilà avec un beau paquet de fiches explosives.

Noms de chefs d’entreprises (et pas du caca) de ministres d’une vingtaine de pays dans le monde, d’organisations terroristes, de mercenaires, de laboratoires pharmaceutiques…

De qui faire vriller l’appareil diplomatique mondial.

Mais on ne peut pas, je ne peux pas.

Malheureusement ce n’est pas possible, les équilibres sont fragiles et les immunités garanties par constitutions.

Plus je feuillette et plus je me rends comptes que le monde est pourri par l’argent, les armes, la drogue et la corruption.

Je dois reconnaitre que tout le monde est dans le bain.

Je dois de toute urgence en référer au cerveau de l’organisation.

On ne se promène pas dans la rue avec 20 kilos de césium 137 sans prendre quelques précautions…

Je bigophone au chef suprême et lui explique, à mots couverts, que chaud-bouillant, nous devons nous voir au plus vite.

Ou je suis ?

Biarritz, je réponds.

Il me dit qu’un avion va venir me chercher, que je me rende à l’aéroport militaire le plus proche.

J’y vais laissant, David sur place.

Là, arrivé à l’aéroport militaire le plus proche, je vois un mirage 2000 qui fait chauffer sa turbine.

On me demande si je suis bien qui je dois être.

Je dis oui.

Après m’avoir fait enfiler une combinaison de vol et posé un casque sur la tête (évidement où vouliez vous qu’on me le mette ?), je grimpe à une échelle un peu rouillée et me glisse dans l’espace restreint destiné aux passagers dans le cockpit.

Le sac poubelle n’a pas quitté ma main et je l’ai posé sur mes genoux.

Je me harnache et l’avion se place sur la piste.

Il pousse, pousse, pousse, et s’arrache du plancher des vaches dans un bruit d’enfer.

Le pilote m’informe qu’il va pousser un peu, ce qu’il fait dès la phrase terminée.

Je sens les muscles de mon visage qui sont tirés vers l’arrière et mon cœur qui cesse de battre.

En bas, il doit y avoir des fenêtres qui vibrent.

Un quart d’heure plus tard, je suis au Bourget et j’ai mal aux oreilles et aux yeux.

Ma gorge est comprimée et j’ai du mal à bouger mes membres.

Le pilote rigole.

Je crois que je vais vomir, ce que je.

Le super-chef m’attend.

Je monte à l’arrière du véhicule.

Il me tend une boite de pastille à la menthe et à l’eucalyptus.

Je tends mon sac poubelle et il y envoie la main au hasard.

De ce geste, il extrait une fiche.

Je ne sais pas ce qu’il y lit mais ça ne le fait pas rigoler.

Il tire une tronche, que déjà qu’il n’est pas beau, là, il est vraiment moche et vient de se prendre vingt ans d’un coup.

Pour lui, c’est dur.

Il se gratte le front avec son index, du sang jaillit, non vraiment ce n’est pas son jour.

Il me regarde en se demandant, je le sens, s’il doit m’abattre maintenant ou me faire confiance.

La mort rode dans l’habitacle.

- Qui d’autre que vous a connaissance de ces fiches ?

- Vous monsieur, je réponds.

Je ne tiens pas à designer David car, je le sens, le monde vacille sur sa base.

Le Très reste très silencieux, ça, ce n’est pas bon croyez mon expérience de vieux routard.

La voiture roule, anonymement dans les rues de Paris.

Si le silence est d’or, nous sommes au fond de la mine.

- Celui qui a écrit ça ?

- Mort

- Bien, très bien. Le malien ?

- Le même monsieur.

- Bon.

-

Encore dix minutes de silence complet.

Je vois l’œil gauche de mon chef qui s’affaisse et ses narines qui frétillent, signe de forte activité cérébrale.

Il me regarde.

- Pourquoi nous ? demande-t-il.

- Allez savoir, je réponds.

- Qu’est ce qu’on fait reprend il

- C’est pour ça que je voulais vous voir vous je dis.

Il soupire.

Dans sa bouche, il doit jouer avec sa capsule de cyanure, j’en suis presque sûr à voir les mouvements de sa langue danser derrières ses vieilles joues effondrées.

- Bon. Il nous faut traiter ça…tout ça…

Ses yeux se perdent dans l’infini.

Il plonge à nouveau sa main dans le sac et sort une fiche cartonnée au hasard et regarde.

Il soupire et la replace sans commentaires.

Nous nous enfonçons sous terre au propre comme au figuré.

Notre voiture vient de rentrer dans un tunnel en bord de seine et ralentit.

Nous sommes maintenant garés sur une voie d’urgence devant une grande porte marquée « Ne pas encombrer ».

La porte s’ouvre et nous la franchissons.

Elle mène sur une petite voie éclairée par des néons.

La grosse porte se referme derrière nous pendant que nous glissons, silencieux et invisibles dans les couloirs secrets de la capitale.

Il y a juste l’espace disponible pour notre véhicule.

Nous roulons une dizaine de minutes puis notre chauffeur stoppe devant une porte sans poignée qui est peinte des mots « Zone Militaire - Entrée Interdite – Danger de mort ».

Nous sortons de la voiture qui s’en va.

La porte Militaire s’ouvre dans un bruit hydraulique et nous pénétrons dans un couloir qu’entrave une demi-douzaine de sas en verre séparés chacun d’une dizaine de mètres.

Enfin, nous pénétrons dans un espace d’une centaine de mètres de long sur cinquante de large au plafond à dix mètres.

Ici, des boxes en verre et des ordinateurs.

Devant, une vingtaine d’hommes en costumes stricts, tous identiques, compulsent, saisissent, mettent à jour, ordonnent.

C’est le cœur de l’organisation m’explique mon patron.

Son bureau est au premier étage.

Nous y montons par un escalier en inox lustré.

En haut, on domine comme à la tribune d’une arène.

Pour peu on se prendrait pour dieu ou un césar romain.

Le boss appuie sur un bouton, et demande à une cellule enfouie de l’être dans lequel je suis, de se présenter au saint des saints.

L’homme arrive, froid, blanc, imperturbable.

Dieu tout puissant désigne le sac poubelle.

Le patron tire une fiche, la regarde et la tend à l’homme qui lit.

Sa mâchoire inferieur se décroche et tombe sur son col amidonné.

- Vous connaissez ? demande le patron.

- Monsieur, mais c’est le…c’est…

- Oui, c’est lui. Bien. Vous allez me classer tout ça. Faites moi un organigramme, vérifiez bien chaque fiche avant de saisir, je ne veux pas de co[q]uille. Secret absolu, vous travaillerez seul et dans ce bureau. Aucune information ne doit filtrer. Allez, au boulot.

Le boss a retrouvé son autorité et son grade comme si tout était normal.

Il invective, désigne sur son bureau un ordinateur portable et le fauteuil.

- Quant à nous, sortons, me dit-il.

Sortons, quel grand mot !

Moi qui pensais respirer l’air pollué de la capitale, que non.

Nous sortons pour nous enfermer.

Nous sommes maintenant dans un bel appartement.

Contre les murs, des écrans nous donnent l’illusion de l’extérieur.

Des éclairages sortis des murs envoient une lumière qui pourrait paraitre naturelle si elles n’avaient pas ce petit quelque chose de froid des néons.

Mon chef me fait signe de poser mon siège sur un gros canapé en simili cuir vert.

De là, j’ai la vue sur un aquarium, ou des petits prisonniers multicolores vivent sans crainte des prédateurs de l’océan indien d’où ils ont été arrachés.

Un mort flotte à la surface.

Le patron attrape une petite épuisette dans laquelle il recueille le corps mort de l’animal.

Avec la pointe de son stylo, il appuie sur le corps sans vie du poisson.

- Parfois, ils font semblant de mourir pour mieux s’échapper, mais on ne me l’a fait pas à moi.

Le cadavre fait un vol plané jusqu'à la corbeille en papier.

- Cette source est fiable ?

- Aucune idée, je crois pourtant.

- Mmm…

- Serais-ce indiscret de vous demander votre sentiment, avance-je à tâtons.

- Mmm… Vous connaissez Pandore, la boite ?

- Oui.

- Si vous aviez été à la place de cette curieuse femme, vous auriez ouvert la boite ?

- Si on me l’avait demandé, oui bien sur.

- Sachant ce qu’elle contenait ?

- Sans doute.

- Et de votre propre chef ?

- Peut être, je ne sais pas, pourquoi ?

- Parce que cette boite à chaussure, c’est la boite de Pandore et si ce que j’y ai lu est vrai… Je ne sais pas… Je suis partagé, j’aimerais mais… Avons-nous l’autorité pour agir ? Que sommes-nous en vérité ? Avons-nous mandat ? Vous savez, il est plus convainquant, je veux dire, j’ai la sensation que notre but, c’est chercher, traquer ce que l’on peut. Trouver, c’est la pire des choses, ce que vous avez trouvé c’est… Autant chasser un éléphant avec un lance-pierre. Nous risquons nos têtes. Votre découverte, si elle se révèle fiable, c’est la pire chose qui m’est arrivé de toute ma vie. Vous vous rendez compte ? Qu’est ce qu’on va faire de tout ça ?

Depuis un écran de contrôle fiché dans un des murs, je peux voir l’homme qui travaille sur l’inventaire des fiches dans le bureau du chef, il a une drôle de tête, est-ce la camera ou l’être qui se déforme ?

- Et lui, reprend le tout puissant responsable de notre très secrète organisation. Avec tout ce qu’il est en train de lire, qu’est ce que je vais bien pouvoir faire de lui maintenant ? Avec tout ce qu’il est en train de lire… Qu’est ce que je dois en faire ? L’envoyer dans un sous marin au Groenland ? Sur la lune ? Hors de question qu’il ressorte de ce bureau, qu’il parle à qui que ce soit… Merde ! Merde et re-merde ! Vous n’auriez jamais dut trouver ces papiers ! Il me hurle.

Je reste comme une plante verte, empoté.

- Vous nous avez mit dans une belle merde avec vos singeries, il reprend. Qu’est ce que vous cherchez ? Vous êtes un agent double ? Un anarchiste ? Vous avez décrété la fin du monde ?

- Ne dramatisons pas.

- Ne dramatisons pas ? Ne dramatisons pas ? Mais vous avez quoi dans la tête ? Est-ce que vous vous rendez compte ? Je ne peux même pas en référer à qui que ce soit. Qu’est ce que je fais hein ? On oublie ?

- C’est vous qui voyez…

- Un trou noir, ces fiches, cette boite, c’est un trou noir capable de gober notre système !

- Rien ne nous oblige à attaquer les têtes, on peut agir à la base non.

- Oui on peut, c’est ce que l’on doit faire, ne toucher que la base et pas un seul cheveu des têtes !

- Vous ne vous doutiez pas que tous ces trafics servaient des intérêts supérieurs ?

Là je le sèche.

Il ne sait pas quoi répondre.

Bien sûr qu’il le sait mais il ne veut pas regarder les choses en face, trop intéressé à brasser du vent, il refuse de savoir quel grain est mené au moulin et pour le compte de qui.

Il appuie sur un bouton et parle.

- Combien de temps vous faudra t’il pour finir ? demande t’il a l’homme qui travaille dans son bureau.

- Deux jours ou trois, monsieur

- Bien. Vous êtes consigné dans mon bureau, on vous portera la nourriture, Vous voyez la porte blanche ?

- Oui monsieur.

- C’est un appartement, tant que vous n’aurez pas fini, je ne veux pas voir votre nez dehors entendu ?

- A vos ordres monsieur.

- Bien continuez. Quant à vous, me dit il, vous restez ici tant qu’il n’a pas fini. Faites moi des projets et un rapport détaillé, vous avez au moins deux jours pour me faire ça.

Et il sort.

Il y a des jours ou j’en viens à me demander ce qui m’a poussé à entrer dans ce bouillon.

Épuisé par les mach, prisonnier, car je crois que je peux dire ça, je m’allonge sur un canapé et je m’endors.


Re les trois jours les plus longs de ma vie.

Un appartement anonyme, plongé dans cette lumière molle qui me rends fou et sur les écrans, ersatz de liberté, la même vue en boucle.

La télé, bien sur, la télé…

Le seul bon point, c’est la nourriture, variée et fraiche, alors j’ai mangé et pondu mon rapport ainsi qu’une douzaine de plan d’attaques pour envisager la suite, bien que je n’ai pas tous les éléments en jeu.

J’ai envisagé la chose sous trois fois quatre points depuis les quatre coins du monde (qui est rond) pour trois types de stupéfiants différents.

Héroïne et cocaïne, hachich et petites gélules en tout genre.

La liste est établie mais je n’ai pas le droit de la lire.

Quant au gars qui s’en est occupé, je ne sais pas ce qui s’est passé avec lui…

Toujours est il que je suis dans le bureau dans lequel il a travaillé et que je suis debout devant mon chef assit.

Il a une croute sur le front et lit mon rapport et mes projets.

Il est silencieux et studieux.

Du bout de son stylo en or, il suit ligne par lignes mes secrétions neuronales, ça dure, ça dure.

Finalement au bout de deux plombes, il pose mes papiers sur son sous mains.

- Assoyez-vous, me dit-il. Voila ce que vous allez faire. Vous allez prospecter depuis Tanger jusqu'à Bamako et me faire une belle commande de drogue comme prévu initialement, sauf que cette fois-ci, vous allez me faire ça proprement (Je ne comprends pas ce qu’il veut dire).

Budget illimité, rajoute-t-il comme si nous avions des budgets limités… Nous vous avons préparé toutes sortes de papiers, voyons… Guy Cétoy, Breton de Brest, les africains adorent les bretons. Voici la liste de contact que nous vous avons préparé tirée de la boite magique, quelques miettes de votre ami malien. (Le malien n’est pas mon ami mais je me retiens de le dire)

Entrez en contact avec ces gens, dit il en me tendant la liste. On verra bien ce que ça va donner, dépensez sans compter. Puisque tous les chemins mènent à Rome, on va se la jouer course d’orientation. Vous quittez la France, nous vous avons préparé un beau 4x4 Toyota GX que vous êtes sensé chercher à vendre en Afrique. Les trafiquants de voiture étant souvent aussi les trafiquants de drogue, cela facilitera vos contacts.

Bon, dès maintenant vous êtes un trafiquant de drogue c’est bien entendu ?

Je réponds oui, que dire ?

Le patron est content de la réponse donc, bon petit chien à son maitre, je suis content avec lui.

S’il avait eut un susucre, je suis presque sûr qu’il me l’aurait fait gober avec une tape amicale sur la tête.

Bien évidement, je n’agite pas ma grosse queue sous ses yeux et ne pisse pas sur un pied de son bureau pour marquer ma fidélité incorruptible.

Non.

Nous nous serrons conformément la main et il me montre un couloir de sortie. Je marche, je marche…

Je ne peux pas me tromper, je navigue dans un couloir unique ou coulissent des portes devant et dernière moi.

Au bout de cinq ou six minutes, il ne reste qu’une porte que dois ouvrir moi-même pour me retrouver sous la pyramide du Louvres.

Oh !

Un homme vêtu en gardien est là, une pochette en papier kraft dans la main.

Il me la tend.

Dedans, passeport, papier du véhicule, carnet de vaccination, carte de sécurité sociale, ceci cela… Billet de bateau Sète-Tanger en classe confort à bord du Biladi et une carte vase internationale.

Le GX est à la place B6 du niveau 1.

Je monte dans le 4x4 et je sors du parking.

Je prends la route.

Puisque nous sommes maintenant seuls, je vais vous faire une confidence.

Attend, je me gare… Voila.

Bon, pour tout vous dire, il y a deux choses dont j’ai horreur dans la vie.

1. La première, qu’on se foute de ma gueule et

2. La seconde, qu’on me prenne pour un con voyez ?

Et là, maintenant, au moment ou je vous parle, j’ai le sentiment fort que le vieux m’a « pris pour un jambon » comme on dit à Bézier.

A quoi bon faire une enquête si nous connaissons déjà les têtes à couper.

A brasser de l’air ?

J’ai dans l’idée que l’autre m’envoie au bout du monde pour m’occuper un peu, tandis qu’il va faire en sorte avec ses copains les pourris de changer la règle du jeu.

Je ne me fais pas d’illusion, mon instinct me dit, et mon instinct a souvent raison, que le vieux salop vient de retourner sa veste comme un présidentiable.

Il y a, chez les hommes arrivés au plus haut de leurs carrières, une odeur de souffre et de naphtaline.

Le souffre, relent des têtes qu’ils ont dut bruler pour arriver les premiers en haut du volcan et la naphtaline parce qu’il n’y a que ceux qui agitent sans secouer (comme dirait James) qui peuvent un jour rêver de cueillir les noix de cocos au sommet des grands arbres.

Je ne serais pas surpris que le gaillard qui a saisit les fiches sous la pyramide du pharaon soit sous peu, porté disparu en mer ou zigouillé par une bande de pas rasés en Afghanistan.

Que l’on ne vienne pas me chanter que le cerveau de notre système, que je suppute désormais pourri jusqu'à la moelle, n’a pas été voir ses chefs, puisque c’est bien leurs noms je j’ai vu dans le sac poubelle (finalement la place qu’ils méritent).

J’imagine bien le vieux Ramsès les trois jours passés, aller leur exprimer ses craintes pour l’avenir.

Je me dis seulement, pourquoi est ce qu’ils ne m’ont pas dessoudé alors qu’ils en avaient l’occasion ?

Voila à froid ce qui se passe dans mon cerveau de un peu plus d’un kilo et demi placé dans mon crane d’environ 6 kilos d’os sans son locataire.

Bon, je repars parce qu’un camion de livraison semble attendre pour prendre ma place.

J’ai quarante huit heures pour arriver à Sète.

Je dois filer à Biarritz pour voir David.

Avant je m’arrête à un distri-banque que je vide car je suis bien sur que l’on va filer ma carte.

Je dois aussi passer chez un poto avant qui va mettre la balise que mes chers collègues ont dut coller dans ma voiture, je ne fait pas d’illusion.

Nous allons coller le mouchard dans un véhicule anonyme et l’envoyer promener sur la nationale le temps que je règle quelques affaires.

C’est bon, ça nous fait l’occasion de rencontrer un nouveau personnage.

Le personnage s’appelle Gédéon Sigepadenoux.

Je ne peux résister à la promesse d’éviter les noms idiots, j’espère que vous ne m’en voudrez pas.

Présentation du personnage :

Un mètre soixante cinq assis, un mètre cinquante trois debout.

Épais comme une paye de smicard payée en billets de cinq cent, de la peau pour cacher ses os d’ostéoporotique, une tête comme mort avec des culs de bouteille pour lui servir de lunettes.

Un truc bizarre au milieu de la face qui soutient ses lunettes et qu’il désigne comme son nez, les lèvres couleur peau, mais des oreilles mon ami, deux !

Ce mec est toujours coiffé façon momie mexicaine et habillé pour ne pas être nu comme chantait Sardou.

« Voilée pour ne pas être nue, habillée pour ne pas être nues, voici les femmes de ma chanson » (Youyouyouyouyou ! c’est un cri !)

Excusez moi je m’égare.

Revenons à notre gringalet aux doigts d’or.

Car s’il est vrai qu’il est vilain et qu’il sent, il a cependant un don incroyable.

En fait deux.

Le premier, et non des moindres, il sait rouler des cigarettes avec ses doigts de pieds ce qui n’est pas évident, essayez.

Le second, il sait tout faire avec des leds, des transistors, des relais, des trucs et des bidules.

Quant à moi, observez mon ignorance et jugez.

Ce gars vous transforme une radio à galène en…

Quoi ? On dit poste ?

Ah... Bien… Un poste à galène donc, en scanner haute fréquence, le rasoir de papy Eping en avion renifleur.

(Bien qu’il ne soit pas responsable de l’escroquerie)

J’arrive chez lui.

Là je vous impose un dialogue, subissez.

Le décor. Dans une cage d’escalier, une porte.

Je sonne.

- Ding-dong, dit la sonnette.

J’attends.

Rien.

- Ding-dong, ding-dong, ding-dong, ding-dong, ding-dong, ding-dong…

J’ai horreur d’attendre.

J’entends des pas trainés sur un linoleum usagé, situé dans un immeuble d’habitation, que Gédéon partage avec environ quatre milles personnes, qui font le fond de commerce d’un certain type de politicart (sans crédit) qui, ne sachant proposer de réponses concrètes à la misère humaine, préfèrent venir cracher à la gueule des pauvres gens couvets par les cameras d’une télévisions démagogues (et de mes gogues) et complices, plutôt que de s’engager quelque soit le coût, à faire tomber ces choses honteuses construites provisoirement dans les années soixante, pour loger nos nouveaux esclaves, Oh pardon, non, pour loger les peuples venus se nourrir au sein de la mère patrie en pointant à l’usine ou en ramassant les poubelles des blancs, pour les remplacer par les endroits humains et ergonomiques, générateurs de liens sociaux et de respect.

- Bien sûr, me direz vous, mais tout le monde ne peut pas habiter à Neuilly,

- Bien sûr, ré éponge, mais personne de Neuilly ne viendrait habiter ici

La porte s’ouvre, Wash l’odeur !

- Oh Chalut ! il me dit.

-

Observez que je n’écrit pas mon nom. Jamais, bien que la normale voudrait qu’il ouvre la porte en disant :

- Oh César ! ou Oh, Lucien !, ou I John !, si c’avait été une production littéraire anglo-saxonne. S’il faut élire. Ici, nous n’élisons pas.

Tiens d’ailleurs, à ce propos me vient une réflexion qui n’a rien à voir et pourtant.

Avez-vous remarqué que nous, français, sommes de grands fautifs dans notre langue ?

Non ?

Laissez-moi-vous donner un exemple simple.

On dit le palais de l’Élysée, c’est une erreur que tout les français font.

Le président est au palais de l’Élysée.

La phrase parait juste, pourtant elle est fausse.

On devrait dire :

Le président est au palais de l’élu.

La chambre des députés se sont réunis en con s’il y a bulle au palais bourre bon.

Bref, l’autre dit Chalut parce qu’il a des corn-flakes dans la bouche.

- Antre me dit il.

Ce garçon n’est pas très fort en français, ce qui curieusement, est souvent le car des matheux.

- Ta fin ?

- Non pas encore, il reste vingt pages.

- Queue meuh veau lot n’heure ?

- J’ai besoin d’un petit service rapide.

- Abonde… sec oie ?

- Voila, je pense que j’ai un mouchard dans ma voiture. J’aimerais que tu vérifie ça pour moi.

- Tas de lard Jean ?

- Bien sur, tu crois que je te prends pour un altruiste ?

- Deux choux bais errent... Rhonf, rhonf, rhonf… (là il rie) Aile et Beaune Ain ?

- Oui, très drôle, vois, je me pisse dessus, je réponds, froid comme B.

Je repends

- Tu veux nous la jouer Roucas jusqu’à la nuit ou je peux te confier le travail.

- Faux patte énervée.

- Je ne m’énerve pas Madame de Sévigné, seulement, je suis un peu pressé tu vois ?

- Da corps, je te con prend, le boue l’eau… Je fis ni mais c’est real est thon mou charre ile vassaux thé halle lape houx bel.

- Ben non justement, il faudrait faire précieux, genre greffe d’organe, j’ai besoin d’un mulet pour le transporter jusqu'à Sète, puis une fois là-bas, il faudra le remonter sur le 4x4.

- Étuve œuf queue j’ail ascète ?

- Oui.

- Pus teint, savate coup thé in masque !

- Max.

- Houx haie !

- Combien ?

- Un pack et d’eaux est yeux !

- Vas y crache, combien tu veux ?

- Saint Queue mit le bal.

- Ça marche

- Si ce…

- Trop tard.

- Au quai, hoquet… dix mois intrus que…

- Oui ?

- Tune croix pack ceux ce raie plu fa cil scie Jean menait la bagne ola sept dit requête ment ?

- Et comment je me déplace moi ? En train ?

- Tuf est gars feu es jeu peut euh, pas ces la mi-haine.

- T’as une bagnole toi ?

- Au feu cour ce, tuc roi que oie ?

- C’est quoi comme tire ? Parce que attention, j’ai un standing à respecter, je ne me balade pas en poubelle moi, il y a des lecteurs qui me lisent tu vois.

- Roue je à vais qu’un Che valle.

- Quoi ?

- Tu verre ai tâte êtes.

- T’as une Ferrari toi ?

- Sut-re l’aise à faire Von Faure, ile faux bi hein que je mais te mont pot gnon qu’elle queue pare.

- Je peux voir la bête avant de décider ?

- Houe haie, à temps jeu fit ni mont dés jeux nez.

- Grouille !

- Haut là, tes prés ses.

- Oui, je sens que le lecteur s’épuise. Ce genre de procédé c’est drôle au début mais c’est vite fatiguant tu vois ?

- Oui, je t’entends bien mon ami, permet moi une poignée de minutes et descendons à l’écurie.

- Mais tu parles normal !

- Haut pare don !

Au bout d’un quart d’heure à regarder mâcher Gédéon et une discussion que je vous épargne (voyez comme je suis bon), nous arrivons à l’écurie comme il l’appelle.

Un box en fait, une boite à bagnole qui se présente anonyme et banale, à la peinture bleue écaillée.

Gédéon sort une clé et l’incère avec difficulté dans la serrure grippée.

Il fait basculer la porte minable ce qui laisse apparaitre le monstre endormi.

Il actionne un interrupteur et un néon crépite longuement avant de diffuser une lumière blanche et triste.

Je dois vous faire un topo sur la bagnole parce que ce serait dommage pour les artistes qui se sont épuisés sur ses lignes, son moteur, la garniture intérieure.

Le chef d’œuvre est une Testarossa ce qui veux tout dire.

Pas bégueule, j’accepte d’échanger le GX contre la raison d’être des pompistes du monde libre.

Après un rapide contrôle des niveaux (une voiture reste une voiture quelque soient le chiffre maximum qu’indique le compteur de vitesse) je démarre l’animal et laisse le moteur ronronner.

C’est beau, on dirait du Wagner.

Nous nous réglons avec Gédéon.

Rendez vous dans un jour et demi sur le quai du port de Sète pour l’embarquement de dix huit heures.

1. Je prends la route pour Biarritz.

2. Ça y est je suis arrivé à destination.

Je dois dire que comme j’ai ma carte de l’organisation, je ne me suis pas gêné pour faire fondre le bitume.

Gédéon a même trafiqué un système pour les péages automatique et les brouilleurs de radars, les portes de la France se sont ouvertes devant moi comme celles du Vatican devant n’importe quel pape tant que son nom a été tiré du chapeau.

Je dois dire que je n’ai pas croisé Chips.

De toute façon, s’il avait réussit à me poursuivre avec sa mobylette, mieux, si les super cops de France avaient réussi à me rattraper avec leur Subaru gonflée sans la pulvériser, ça leur aurait fait de l’exercice et pour moi l’occasion de leur payer un canon dans une aire de repos.

A une moyenne de deux cent à deux cent cinquante kilomètres à l’heure, les distances sont considérément raccourcies voyez ?

Voila pourquoi 1.2.

J’ai tracé ma route en moins de temps qu’il n’en faut pour monsieur L (Lahnda) pour effectuer son trajet domicile-travail.

Je suis chez Eugénie pour retrouver David qui doit se demander ou je suis depuis trois jours sans nouvelle.

Je le vois d’ici, les ongles en sang par trop de stress.

Je le trouve au lit avec Caroline, la chambre sent le fauve et la foune brulée.

- Je t’attendais me dit il.

- Je vois ça rétorque-je.

- Je ne te remercierais jamais assez il reprend.

- Mazltov je dis, y a pas de mal.

Je referme la porte parce qu’on ne va pas se taper trois pages de remerciements.

Non, je rouvre la porte et je dis :

- Je t’attends au bar, prend ton temps et ton pied, rendez vous dans une heure car nous filons en goguette.

Je dis goguette pour la gaudriole et pour le plaisir d’utiliser un mot un peu vétuste et de bon aloi (que nul n’est sensé ignorer).

Je trouve qu’il est bon de dépoussiérer des idiomes de temps en temps.

Après avoir bu un guignolet kirsch, je m’installe dans une bergère et je m’interroge sur la désuétude de certaines expressions.

Ces pensées corroborent mes affligements aux manques verbaux et paraboliques de mes divagations introspectives.

Nonobstant le corolaire dogmatique et la volubilité turifère de mes songes.

J’ai l’occasion, de profiter, durant la temporalité des trois milles secondes que je me suis auto dispensé, d’un laps de temps ample pour m’abstraire de toutes considérations chrono-événementielles et je métaphorise en termes surannés l’incongruité de mon identité organo-fictive.

Mes incartades spatio-temporelles telles que les désormais devenus célèbres 1.2, peuvent laisser le liseur coi, j’y consens.

Il faut, afin de favoriser une identification au niveau du vous, que je temporise mon propos, et qu’enfin, la fusion s’opère dans une osmose realo-symbiotique, ceci dans l’intérêt du soi en tant qu’usager d’un objet à destination récréative qu’est le roman de gare, mais aussi dans la vigilance accrue que ne soit franchie le cap post-désynchronique des impressions sur vélin.

J’entends bien que nous divaguons en pleine abstraction ludico-naïve saupoudrée d’héroïsme quasi fantasmo-herculéen.

Il est évident qu’en tant que clé de voute néo-littéraire, je suis harnaché par l’obligation de me fourvoyer dans un magma d’élucubrations supra-constructives, afin de doter mon personnage de l’habituelle aura héroïco-inaccessible, une sorte de Hénault construit par le stylo, et symbolisé dans cette histoire par l’omniprésence de ma verge brandie.

Mon boulier se présente comme un écu de peau déhoussé en usage d’égide.

Il exprime mes principaux atouts faunesques c’est évident.

Ce n’est pas tout croyez le, si vous observez bien, vous verrez en son centre, mon blason car je dois paraitre noble car supérieur il va s’en dire.

Tout à la fois seigneur et troubadour, je chante mes louanges et je me décris.

Combien de nos contemporains ont exacerbé leurs egos en auto projection du moi inconscient dans leurs Frankenstein cellulosiques ?

Combien sont-ils à avoir auto-éjaculé par le crayon des petits eux, détectives, agents secrets ou Play boys, réalisant leurs désirs secrets selon leurs solitaires masturbations intellectuelles pour servir d’exutoire au refouloir d’une vie passée à la caisse d’une grande surface ou d’un guichet de poste. Hein ?

Combien ?

Contons-nous !

Je dis un, ensuite ?

Serais-je le seul ?

Quoi ?

Qu’oudis -je ?

Qu’ouïs-je ?

Morts vous dires ?

Mais c’est impossible !

Hier encore je les lisais.

Que faire maintenant que la vérité m’éclate devant les yeux ?

Dois-je m’auto exécuter d’une olivette gobée de travers ou d’un infarctus dût au dérèglement de mon oreillette droite ?

Continus-je ?

Puis-je croire en l’intérêt du récit à l’heure ou tous les grands sont figés dans leur cadavérique ultime position ?

« La comtesse mourit à cinq heures ».

Fin ?

Non messieurs !

Non messieurs !



Je lève ici l’étendard du nouvelliste ébloui par sa propre folie et je charge seul, chevauchant mon destrier contre les moulins à parole et les dragons de papier.



Je m’épuiserais en vains verbes, conjonctions, doivent elles être de coordinations, adjectives et sujettes.



Mais où est donc Ornicar ?

Car il faut des héros !

Il en faut ?

Oui !

J’en suis !

On ne pourra pas dire que les arbres sont déchirés par les dents des machines humaines pour rien.

Je veillerais à ce que la postérité conserve une raison aux déboisements sauvages des forêts séculaires poumons de notre caillou flottant dans l’éther



Industrie du papier !

Éditeurs !

Ne mettez pas la clé sous le paillasson, j’arrive !



Tirez devant moi le tapis rougeâtre de vos doigts ensanglantés par la pratique de votre art !



Ensemble, faisons front, gardons la tête froide, suivez mon panache blanc !

Je cours vers vous, je cours…

Ensemble nous sauverons l’art, j’exception culturelle française, je…



Eh Oh, réveille-toi ! Dit la voix. Tu rêves tout haut !

- Bayard à moi ! je crie.



Aussitôt, je sens que la clientèle nombreuse aisée et médusée du palace biarrot tourne vers moi un regard digne de celui du numéro 1 à l’Austel Ritz. (1)

(1) Ici je vous dois une explication car les choses sont un peut tirées par le cheval.

Napoléon premier à Austerlitz. Eugénie étant la femme du numéro trois.

Merci de votre compréhension.

















J’arrive en plein 11 septembre !



L’idée était d’aller visiter la veuve pour tenter de recouper les quelques informations gravées dans mon cerveau hors de prix (je ne suis d’ailleurs pas vendeur).



Je voulais aussi, par la même, fouiller plus à fond le logis du malien.



Bien sûr, j’avais déjà bien poussé mes investigations jusque dans le sommier, mais l’idée m’était venue qu’il pouvait bien y en avoir encore à découvrir derrière les voliges, ou peut être dans le plafond, voir sous le plancher.



Après une petite pose chez le quincailler du coin, endroit que se disputent aussi les cafetiers, les restaurants, et les épiciers sans oublier évidement les sanisettes s’il est petit, je débarque avec pied de biche, pics de mineurs et David vêtu d’un bleu de travail, bien motivé à jouer le chercheur sans scrupule du bien d’autrui.

Inutiles préparatifs, la maison brule !



Oui, oui, la maison brûle, fume en fait.



Je suis stupéfait devant le spectacle de la demeure de madame la joyeuse veuve.



La maison n’est plus que cendres et odeur de plastique.

Le noir de son squelette tranche avec le vert de la pelouse.

Par quelle vilainerie cette turne à perdu son t ?



J’éprouve un indicible besoin d’aller pisser puis de questionner les voisins.



Une grosse dame, vêtue d’une robe de chambre en éponge de couleur bleu passé, m’ouvre la porte de son logis.

Elle porte de gros bigoudis dans sa chevelure devenue rare surmontant une vraie belle tête de championne du monde d’alcoolisme en salle.



Madame est parisienne, retraitée du commerce.

Elle porte des charentaises décorées de motifs bariolés, ne représentant rien d’autre que des motifs bariolés, teintés de traces de chocolat ou de café.

La grosse dame sent un peu fort malgré les nombreuses bagues qui garnissent ses doigts boudinés.

Elle me propose un café.

Pas pour moi, mais par respect pour la carte que je lui colle sous son gros pif veiné.

Même pour quelqu’un qui ne sait pas lire, les trois bandes sont assez significatives.

La vieille peau est d’une gentillesse dégoulinante.

Je lui demande quoi.

Elle me répond que :

- T’as qu’a voir, j’étais pieuté quand y a eut un ramdam de tous les diab’. Au début, j’croyais cauchemarder à cause que j’avais trop infusé d’jaune mais que nib’ c’est l’odeur qui m’a mit l’pou dans l’oreille. J’m’a l’vé comme que si j’avais l’feu au derche, pis qu’en plus ça r’niflait l’cramé. C’est pas d’habitude j’me lève vite a cause de mes paluches qui prennent plus l’sang et mes pattes qui répondent mal, mais c’te fois j’ai put qu’voir, c’était bien la case de la négresse qui cramait.



En sommes, elle ne sait rien.

La seule chose qu’elle me déblatère, c’est qu’elle a trouvé curieux qu’il n’y ait pas de pompiers.

Elle me raconte dans sa langue que la baraque a eut le temps de bien s’enflammer avant de s’écrouler et que personne, ni pin-pon, ni pin-pon-pin ne s’est manifesté pour tenter de circoncire le drame.

Ceci m’étonne, je lui demande si elle est sûre et elle me mire catégorie :

- « Si c’est pour conjecturer de mes élocution, il ne fallait pas châtier à mon ouverture ».



Je la remercie au nom de la patrie reconnaissante et je m’extraie de son gite.



Je retrouve David qui roule une clope (au début je voulais le renommer Pierre, c’aurait été plus drôle).

- Alors ? me dit-il.

Je ne réponds pas.

- J’ai trouvé un truc, il me lance, agrémentant son propos d’un regard appuyé genre mystérieux.

- Et quoi donc ?

- Une main noire dans un fourré.

Je lui dis que la phrase est jolie, il est content.



Nous allons au fourré.

La main est là, seule, immobile, comme une araignée flytoxée.

Ce n’est pas joli à voir.

Une chose est sûre, cet incendie, ce n’est pas un accident, ça, je crois que vous aviez compris et s’il fallait une preuve supplémentaire, la voilà.

Il n’y a plus d’ongles à la main, ce qui veut dire qu’on a essayé de faire avouer quelque chose à son ancienne propriétaire car je reconnais bien là la main de la veuve noire.



Il semble que nos ennemis trafiquants de drogue aient eut la même idée que moi, ce qui, je le reconnais, n’est pas trop difficile et vous en conviendrez.

Se déplacer voir la femme du gars qui vous a compromis et la trucider, c’est d’une banalité à s’endormir



Je remarque cependant une pelle au sol et que la terre des bégonias est remuée de frais…



La maison et le bungalow comme on dit en anglais, la dépendance comme on disait au XIXème siècle, ne nous apporterons pas plus que ça.

Nous repartons à bord de la Jaguar car le cheval fougueux est au garage, c’est l’inconvenant de ce genre de voitures, quatre heures sur la route et deux jours au garage.



Tout ceci m’a donné faim.



Je ne vais pas vous raconter la route, vous avez bien compris que ce n’est pas mon genre, ça fait déjà assez mal au doigt de rouler sa bille, autant aller droit aux putes comme dirait Béru. (Hommage posthume à MONSIEUR Fréderic Dard)

Je vise une guinguette qui fait office d’abreuvoir public au bord de la route.



Notre voiture fait tache au milieu des autres (les vôtres) mais tant pis, l’estomac avant tout.

Nous nous posons dans une salle (après avoir garé la tire est il besoin de le signaler ?) tout ce qu’il y a d’enfumée et de bruyante, surement des rebelles aux lois qui nous interdisent de mourir.

Je n’ouvre pas la porte pour entrer, elle s’ouvre devant moi toute seule.

Nous vivons dans un monde ethnologiquement technologique, le vingt et unième siècle est à nos portes ce que les hommes de pieds étaient aux cochères.



Il y a une télé qui gueule comme ce n’est pas permis.

Contre le mur, un panneau « plat du jour » où un petit malin a rajouté un i entre a et t et u et r, annonce -steak haché frite- frite sans s.

Je souris.



Dans la télé, un mec plein de dents fait gagner des réfrigérateurs et des micro-ondes à cinq petites grosses pomponnées pour l’événement qui marquera un tournant dans leurs vies fades, et la considération appuyée de leurs voisins de palier.



Nous commandons des sandwiches et des demis, ce qui n’est pas l’idéal pour la brioche.



L’émission se termine et l’appareil nous conseille vivement de changer de tampon hygiénique, de frotter les fesses de notre bébé avec tel produit sorti d’une chimisterie célèbre, d’attendre qu’un grand noir sorte tout seul de la bouteille pour nettoyer nos chiottes (relent colonialiste s’il en est).

On nous explique les fuites urinaires ne sont pas une fatalité quand nos sandwiches arrivent, et qu’il existe une bonne crème pour tartiner nos hémorroïdes.

La serveuse nous propose un rab de ketchup ou de mayonnaise industrielle.

Je dénie.

Un marchand de savon déjà cité nous montre qu’il est poétique d’embrasser une aisselle, ceci s’enchainant sur la démonstration du pouvoir absorbant de la bonne vielle serviette hygiénique des familles à usage intime, la serveuse fait tomber ma bière.

Un marchand de poison fait dégouliner une sauce jaune vif dans un sandwich américain au bœuf 100% pur bœuf de France (pattes et cornes comprises).

Constipation passagère ? No prob’ voici la pompe miracle ! Non l’épilation n’est pas un calvaire, au contraire voyez !

Votre organe intime ne se lubrifie pas correctement madame ? Et voila la solution !

Pour finir, brossez-vous les dents et changez de marque de lessive.

Ce soir à vingt et une heure sur notre chaine et seulement sur notre chaine, en exclusivité, « le retour de la septième compagnie ! « On va se marrer !

Re produit pour sauver votre lave-linge d’une crise de calcaire, achetez cette belle voiture grâce au crédit de la banque TEUNYK, tampon, serviette hygiénique, la serveuse me ramène une nouvelle bière, lubrifiant vaginal, champoing qui fait briller les cheveux, verni a ongle parce que ça vaut la peine que tu t’en glues.



Ouf !



Musique sérieuse, redondante, visage crispé et vue des studios en arrière plan.



« Mesdames mesdemoiselles messieurs, bonsoir. La mort à frappé sur l’autoroute des vacances, un chauffeur transportant deux cent cochons à perdu le contrôle de son camion à l’échangeur de Bière-lès-Semur blablabla sécurité blablabla faute humaine blablabla trop d’heures de conduite blablabla des images insoutenables blablabla des images qui parlent d’elles même blablabla éloignez vous enfants ».



Je vous rappelle que nous mangeons.

Moins.

Que je ne mange plus.



A la télé, je vois mon GX pulvérisé par la grosse complice de la torture animale destinée à remplir le citoyen de protéines stressées.

Le GX est compressé façon César.

Gédéon…



David me traverse de ses yeux curieux.

Il à de la sauce au coin de la lèvre.

Si j’étais une femme, je lui enlèverais d’un coup de langue et nous ferions l’amour sous la table.



- Quoi ? il me dit comme un crapaud devant un pneu.



Dois-je éclairer sa lanterne ? Non.

Il semble dorénavant que l’ignorance est une vertu salvatrice.

Pourtant il faudrait que je puisse lui dire les choses car seul, je suis seul.

Que faire ?

Payer les consommations et rentrer à l’hôtel me paraît une sage décision.

Je ne laisse pas de pourboire à la truffe renverseuse de demi, elle me regarde comme une intouchable.

« Apprend donc à travailler ou entre dans l’administration pénitentiaire », je pense, mais je ne lui dit pas, je ne lui fournirais pas la possibilité de nuire plus qu’elle ne le fait déjà.



Il faut que je réfléchisse en pensant pour pouvoir envisager ce que nous.

La voiture.

La conduite est un lieu privilégié pour la réflexion.

Arrivé à l’hôtel, je sais.

Voila mon plan.



Je vais renvoyer Pierre, heu… David, en prison en Espagne ce qui est le meilleur moyen de rencontrer la (mes) lie (la) de l’Europe.



Beurkselonne-Bimbo-Aleçaïras, le nouveau triangle d’or.



Je pense qu’Aleçaïras sera un bon début parce que :

Petit 1. Je ne suis pas assez con pour m’envoyer en tôle.

Petit 2. Il faut que j’assisse de l’extérieur pour attester les infos qu’il va glaner chez les fachos (les fonctionnaires roi du business et racistes à souhaits et les victimes de la société internés) de Bottafuego.



Je dois rencontrer un bon bandit le long de la chaine.

D’une façon ou d’une autre, je dois mettre un doigt au c. à qui de droit.

Désormais, en tant que mort, je suis relativement libre de mes mouvements il me semble.



Voila mon désir.



Faire une grosse commande de fond de commerce Espinache directement dans le pays des assassins, encore mieux, réussir à me faire embaucher comme transporteur pour monsieur X.

- Pierre, je vais t’envoyer en prison

Ceci n’a pas l’air de l’amuser vivement.

- Rassure-toi, c’est une situation temporelle et limitée, c’est l’affaire de peu. Dès que tu auras rencontré le bon poisson, je débarque comme une tornade dans le bureau du juge et je te fais libérer.

- Khaïrem ?

- Oui

Je jure, cela ne me coute rien.



Ceci fait, je le colle le soir même dans un vol Bimbo-Latrine, Latrine-Aleçaïras.

Là bas, il devra acheter deux ou trois kilos de drogue (que l’on trouve à tous les coins de rue) et faire en sorte que les autorités le saisissent.



Connaissant la promptitude des poulets Espinches quand on leur donne du grain à picorer, je ne doute pas que David va se retrouver sous les verrous rapidement.



Quant à mon sort, soyez rassurés, je rentre à l’hôtel et m’endors du sommeil du juste.





Je ne me suis pas trompé.



Dès le lendemain, David m’appelle avec une voix bizarre.

Il m’informe que l’affaire est dans le sac et qu’il est dans la prison de Bottafuego.

Il en profite pour me raconter que ne parlant pas la Esconnard il s’est fait copieusement rossé par les fachos en olive verte et insulté dans la langue de Cervantès.



Il m’explique qu’il s’est pris quelques bonnes baffes dans la gueule et des coups de pieds dans les pieds.



Pour finir, ils l’ont gavé de Valium 10 mg, Seroquel 100 mg, Donix 5 mg, Tranxilium 50 mg, Septrin forte et Licra. D’où sa voix au yaourt.



Lors de sa garde a vosotros il a put bénéficier de la haute gastronomie du territoire, Fanta et Sandwich à la tortilla.



Il me dit qu’il appelle depuis l’ingresso de la prison avec la carte d’un autre parce que les flics lui ont volé son blé, ses belles chaussures et sa montre, je lui dis que c’est ça l’Afrique et de ne pas s’en faire, je lui envoie du pognon illico.



Nous échangeons les coordonnées de la banque des tirants et quelques banalités tirées de « banalité en société » de la comtesse.



Je raccroche.



Je suis épuisé. Il faut que j’aille me détendre.

Je quitte le palace pour aller me couler dans le jacuzzi de la piscine municipale, très bon endroit pour se relaxer sans se mêler aux gens de l’hôtel avec lesquels je n’ai aucune envie de faire connaissance.



Je fais parle au concierge de la grande maison avec vue sur l’océan du désir que j’éprouve qu’il fasse une petite chose pour moi.

Il me reluque bizarre.

Je lui explique que ce n’est pas ce qu’il croit et qu’il a de drôles d’idées.



Non, ce que je veux, c’est qu’il envoie 5000 euros sur le compte de David coincé au bout du monde, à un détroit ou milles kilomètres de la civilisation.



L’homme est disponible et disposé à effectuer la transaction. Je le remercie d’une tape amicale sur l’épaule et la promesse d’une jolie commission dès lors qu’il m’aura fourni la preuve que l’opération a été convenablement réalisée.

L’homme me répond :

- Sur le champ.

Et s’éclipse.



Pendant cet intermède administratif, je vais couler mon corps de rêve dans le bain bouillonnant de la soupière à bulle dont je parlais plus haut.



Là, je vous envoie une scène de sexe hard-core car il en faut et que mon mal étant passé, j’ai le désir de vérifier que mes instruments sont bien en ordre de marche.



Allons y, déboutonnez vous, ça faut la pêne.



Je suis donc dans l’espace caressé par le courant chaud du bain.

J’ai les yeux fermés et je suis détendu comme une algue.



La fille arrive sur l’air de 9 semaines et demie.

Le crooner au whisky et aux folies permises aux freaks happy, balance son rythme et ses mots calés au déhanchement de celle que je suis dans l’obligation de couvrir comme Rocco sa Roquette.



Je suis enchanté par la perspective et déjà, mon gros doigt m’indique l’itinéraire bis pour le septième ciel.



J’ai la désagréable impression que mon jouet arrive au ralenti est-ce pour que je savoure l’instant ou pour gagner deux pages ?



Je dois t’avouer, oh lecteur, que voila plus d’un mois que j’attend plongé dans le jacuzzi, plus précisément au mot algue que le type de l’autre coté du stylo veuille bien rouvrir son cahier et se remettre au travail.



Imaginez mes doigts de pieds au bout d’un mois dans l’eau chaude et ma bite en état d’érection géante…



Il est temps que je sorte de l’eau non ?

Ce que dans l’instant, hop !



Rapidement, je m’essuie.



La fille continue sa venue au ralenti et vous savez pourquoi ?



Et bien je vais vous dire.



L’autre connard à sa table de travail mange des corn flakes avec un yaourt au citron.

Non mais, vous y croyez vous ?

Dans quel monde vit-on ?



Je ne sais pourquoi mais j’ai la sensation que le plouc au Bic c’est fatigué de moi, je ne saurais dire pourquoi, moi qui suis si bon…



Oh !

Que vois-je là bas au fond ?



Deux hommes habillés de noir dans une piscine municipale ?

Lunettes de soleil et bonnets noirs ?

Mais que font-ils ici ?

Une arme ?

Deux ?

Ils me visent moi ?



Merde, ça va encore être ma fête !



Attentez, j’ai encore plein de chose sur lesquelles je n’ai pas craché !



Aïe ! Aïe !

Ils me prennent pour une galette de ball-trap !

Oh mes jambes…

Pourquoi m’abandonnez-vous ?

Je trébuche la tête la première dans le jacuzzi qui se teinte de rose.

Ma force ?

Mon énergie ?



Moi qui doit raconter une histoire qui dit la vérité je…

Aïe ! Aïe !

Combien de balles ?

Huit, neuf…

C’est beaucoup pour un héro.

Je respire de l’eau…

Ah non, je ne respire pas.

Oh…

Dommage…

Moi qui voulais écrire un roman.

Pourquoi cette dernière phrase dans ma tête ?



Toi tu t’arrêteras quand on t’arrêtera….





Fin

Le 09/04/2011





Version dactylographiée

Le 30/09/2011 à Vittoria (Pays Basque)